Vincent Van Gogh : les Mangeurs de pommes de terre
Cette chronique de JP Géné est dédiée à ma petite patate chérie.
Quel beau titre !
Qui était JP Géné ?
16 novembre 2010
JP Géné, traçabilité, l’esprit du Libé des origines, pour le « quatre heures » il y avait toujours du mauvais saucisson, de la Vache qui rit et un verre de piquette mouillé d’eau ICI
« Fin 1974, je suis entré à Libération. J’y suis resté jusqu’en 1995 avec une parenthèse de 1981 à 1985. J’y ai vécu les plus belles années de ma vie de journaliste. Plusieurs se sont essayés à raconter la naissance et le succès de ce journal, privilégiant rapport de force, querelles idéologiques ou rivalités personnelles mais négligeant l’essentiel : Libé c’était le bordel le plus total où tout était possible. »
Mort de J.P. Géné, critique gastronomique du « Monde » depuis 2004 ICI
Le chroniqueur glotte-trotteur était un adversaire acharné de la malbouffe, et un défenseur de la dépénalisation du cannabis.
Par Bruno Philip
Publié le 23 mars 2017
« Ne soyons pas esclaves de nos sens ! », répétait comme un mantra Jean-Paul Généraux – qui se serait offusqué que l’on puisse l’appeler autrement que par son surnom de toujours : Géné. Il n’est pas anodin que cette affirmation énoncée comme une injonction soit l’une des premières qui viennent à l’esprit à l’heure où vient de filer à l’anglaise, entre la poire et le fromage – et sans demander l’addition –, ce chroniqueur gastronomique, par ailleurs singulier représentant de l’espèce bien plus vaste des plumitifs-globes-trotteurs-omnivores.
Affolé par les gémissements de l’intime, Géné aura refusé jusqu’au bout de céder à la tendance de l’apitoiement sur soi. Toujours au nom de sa fameuse allergie à se laisser aller à l’émotion : « les sens », donc. Il vient ainsi de faire une sortie discrète, attendant presque l’ultime moment pour révéler à ses confrères du Monde et à ses amis du deuxième cercle l’implacable avancement d’une maladie sans rémission. C’est dire que, décidément, s’il cédait volontiers à ses « sens », question bonne chère, il n’était pas question pour lui de se laisser circonscrire par le pire des sens : celui de l’impudeur. La suite ICI
Revenons à la « Mata-Hari du tubercule »
JP.Géné présentait Le Dictionnaire littéraire et érotiques des fruits et légumes de Jean-Luc Hennig Albin Michel, 1994
Pour Hennig « La pomme de terre a tous les vices… soit qu’elle est voulu jouer la Mata Hari de la tubercule, soit que décidément elle fut trop moche, trop fade ou trop dangereuse… elle eut toujours le chic pour se faire prendre pour une autre, si bien qu’on l’appela tantôt Petite Truffe (L’Écluse 1588), tantôt Petite Patate ( par confusion avec la patate douce, la Convolvulus Batata de Linné, qui n’a rien à voir. Et il fallut attendre, en France, le milieu du XVIIIe siècle pour qu’enfin on sache à qui l’on avait affaire. La pomme de terre, c’est-à-dire quelque chose d’aussi affreux, mais elle acceptait d’être ce qu’elle était. Et c’est déjà beaucoup. »
Jean-Luc Hennig ne manque pas de secours dans la littérature pour dresser son réquisitoire :
« C’est un manger fade, insipide et fort à charge dans l’estomac, mais il a un certain goût qui plaît à ses amateurs ; que peut-on objecter contre ? » (L’École du jardin potager, 1749)
« On reproche avec raison à la pomme de terre d’être venteuse : mais qu’est-ce que les vents pour les organes vigoureux des paysans et des manœuvres ? » (Venel dans l’Encyclopédie, 1765)
« La pomme de terre est singeuse »
La mauvaise ambiance qui entoure le mot patate ne lui évidemment pas échappé. Femme habillée comme un sac de patate, être dans la purée, « la merde étant ce qu’on pourrait appeler le dernier état du bouilli de pomme de terre ».
Patate bouillie !
Finalement, la pomme de terre trouvera une issue de secours en quittant le bouilli pour se livrer à la friture. « L’immense chance de la frite c’est sa fermeté, car la frite ragaillardit la pomme de terre. Elle la virilise. Estar frito en espagnol signifie précisément être excité sexuellement, c’est avoir la frétillante. Et puis la frite chatouille aussi le palais gourmand : c’est un mot apparenté au friand, à la fricassée, au fricot, au fricandeau ainsi qu’au fric qui fait oublier la triste purée. Bref, la frite a sauvé la pomme de terre de la débâcle du bouilli. »
15 mai 2012
Le succès de la pomme frite doit beaucoup plus à l’huile d’arachide qu’aux belges et aux français : un pot tavernier avec mon cornet! ICI
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