9 juillet 2021
Evelyn Nesbit l’objet des fantasmes de Stanley Ketchel boxeur légendaire ICI
Suite pages 251 à 253
« Il sortit une bouteille d’absinthe et le visage d’Evelyn s’éclaira.
- Oh, Wilson ! Quel amour !
Mizner remplit trois verres fins au quart, sur un petit bar le long du mur. Le parfum évoqua la réglisse à Ketchel. Evelyn prit un des verres et le leva devant la flamme d’une bougie. L’alcool étincela comme une émeraude fondue.
- La fée verte, dit-elle en français.
Le visage impassible de Ketchel trahissait son ignorance de cette expression.
Elle la traduisit pour lui.
- N’est-ce pas un nom charmant pour désigner l’absinthe ? Oscar Wilde disait qu’un verre d’absinthe est aussi poétique qu’un coucher de soleil.
Ketchel songea qu’Oscar Wilde devait être bourré comme un coing pour s’imaginer un coucher de soleil vert, mais il garda cette réflexion pour lui.
Mizner remarqua que personnellement il préférait l’expression « ruine bleue », pour le gin, qui avait parfois été employée dans les éditoriaux des journaux et pas toujours en guise de plaisanterie.
- Mais par respect pour notre charmante hôtesse, je suis prêt à risquer ma santé mentale en cette occasion.
- J’ai toujours admiré l’audace, répondit Evelyn.
Elle reposa son verre. Ketchel observa avec un vif intérêt Mizner qui mettait un morceau de sucre sur une cuillère perforée qu’il tenait au-dessus du verre, puis il décantait doucement de l’eau glacée, quelques gouttes à peine chaque fois, sur le sucre.
Evelyn effleura l’oreille de Ketchel de ses lèvres comme si elle allait lui révéler un grand secret et elle murmura :
- C’est pour atténuer l’amertume.
[…]
Mizner leur servit à chacun un verre plein aux trois quarts. Evelyn leva son verre et admira le liquide opaque.
- Les Français utilisent le mot « louche », dit-elle. Quel mot ravissant pour parler d’indécence. Ça veut dire quelqu’un qui voit double…
Mais d’où viens-tu Pernod ?
« Son histoire remonte à la fin du XVIIIème siècle quand deux sœurs, les demoiselles Henriod, vendent à Couvet (Suisse) un élixir d’absinthe de leur composition.
La formule comporte quatre plantes, absinthe, anis vert, fenouil et hysope, infusées dans de l’eau-de-vie de vin. Sa consommation est alors recommandée par le docteur Ordinaire, un médecin français réfugié après la Révolution française, en Suisse, à Couvet.
Afin de donner à la liqueur l’essor industriel qu’elle mérite, les deux sœurs cèdent leur formule au major Daniel-Henri Dubied, négociant en dentelles, qui fonde, en 1798, une distillerie à Couvet sous la raison sociale Dubied père et fils.
Ignorant tout du métier de la distillation, il s’adjoint les compétences d’Henri-Louis Perrenod (1776-1851, fils d’Abram-Louis Perrenoud dont le nom se transformera en Perrenod).
Fort du succès de cet élixir, ce dernier crée sa propre fabrique, Henri-Louis Perrenod, et s'associe avec un des fils Dubied.
Souhaitant étendre son activité en France et pour éviter les droits de douane, il installe, en 1804, une distillerie à Pontarlier (Doubs) sous le nom de Perrenod fils qui devient Pernod Fils en 1805.
Marié une première fois en 1797, Henri-Louis Perrenod, devenu veuf, se remarie en 1807 avec Emilie Dubied, la fille du major. De sa première union naîtra Edouard Pernod, à l'origine des branches Gempp-Pernod et Legler-Pernod en plus de la distillerie de Couvet confiée par son père en 1829.
Son fils Louis, né de son deuxième mariage, le seconde à celle de Pontarlier. Les territoires sont bien délimités : Edouard 1 exporte aux Amériques quand Henri-Louis vend en France et dans les colonies particulièrement depuis que l'armée française, partie conquérir l'Algérie, emporta dans ses bagages les bouteilles Pernod Fils.
A la mort de Henri-Louis Pernod, le 8 décembre 1851, quatre ans après son fils Louis, Emilie reprend l'affaire, aidée de ses deux petits-fils, Fritz et Louis Alfred qui font faire de la distillerie l'une des premières de France avec une production de 25 000 litres d'absinthe (à 72°) par jour en 1896 contre 16 litres en 1805.
La société se singularise par la création, en 1873, d'un fond de retraite alimenté par une participation aux bénéfices de l'entreprise et par la création d'un système d'assurance contre les accidents et la maladie.
Fritz, décédé en 1880, Louis Alfred reste seul aux commandes, soutenu par la banque Veil-Picard de Besançon à qui il cède la société en 1888.
Avec ce nouvel actionnaire, la société affiche une grande prospérité au point de devenir, au début du XXème siècle l'une des premières marques d'apéritifs du monde. La création de dépôts régionaux dans plusieurs villes de France permet une diffusion plus large sur tout le territoire.
Un grave incendie, déclenché par un orage le 11 août 1901, jour de la fête des pompiers pontissaliens, n'aura pas raison de l'entreprise qui fête son centenaire en 1905.
Au cours du XIXème siècle, l'absinthe devient très vite la reine de l'apéritif.
Le Parlement accuse l'absinthe de tous les maux et, sous prétexte qu'elle est antinationale, en interdit la fabrication et la consommation par le décret-loi, le 16 mars 1915 (prohibée en Suisse dès 1910).
L'usine Pernod Fils, dont l'activité est mono produit,est transformée en hôpital militaire, puis ferme définitivement ses portes en 1917 avant d'être vendue à la chocolaterie Peter, Cailler, Kohler.
Par chance, une autre société, la maison A. Hémard, fondée en 1871 par Ariste Hémard à Montreuil et réputée pour l'Amourette, reprend, à la demande de la société Veil-Picard, la marque Pernod Fils en 1926 (2).
Une société est créée qui a pour nom Les Etablissements A.Hémard et Pernod Fils réunies.
Les apéritifs à base d'anis dont la teneur en alcool peut atteindre 40° étant autorisés depuis 1922, la maison, dirigée depuis 1905 par André Hémard, le fils du fondateur, lance un Anis Pernod à la marque Pernod Fils. Reste que cette marque est déposée depuis 1918 par la société Pernod Père et Fils !
Pernod ? Il s'agit d'un homonyme, celui de Jules-François Pernod. Sa société, Les Etablissements Jules Pernod, fabrique depuis 1860, à Montfavet près d'Avignon, une teinture rouge par distillation des racines de garance, destinée aux pantalons militaires.
Jules-François Pernod change son fusil d'épaule en 1876 en transformant son usine en distillerie d'alcool, puis en fabrique d'absinthe à la marque Jules Pernod en 1882.
L'entreprise devenue Société Pernod Père et Fils en 1916 dépose en 1918 la marque Anis Pernod, puis Pernod et Un Pernod en 1921, monopolisant ainsi le nom Pernod pour tous les anisés qui pourraient être créés ultérieurement.