Selon une tradition bien française, ce scrutin local, régionale-départementale, va en grande partie se jouer sur des enjeux nationaux.
Une seule certitude : un taux record d’abstention.
J’en serai.
Chez moi, le risque RN n’existe pas et, selon les sondages M. Bayou pour EELV, Audrey Pulvar pour le PS et Clémentine Autain pour LFI-PCF – sont dans un mouchoir de poche, aux alentours de 11 % des suffrages. La liste arrivée en tête au premier tour conduira le rassemblement au second. Dans ce cas, et à la condition que Laurent Saint-Martin (LRM) se maintienne et que Jordan Bardella (Rassemblement national) fasse aux alentours de 20 % des suffrages, alors la gauche a une chance (ténue) de gagner.
Pour autant je ne suis pas sûr de me déplacer pour le second tour.
Le match pour départager Pécresse/Bertrand pour la Présidentielle ne m’intéresse pas.
Le seul véritable enjeu c’est le basculement de PACA au profit de Mariani. Je ne comprends pas pourquoi le front républicain ne joue pas à plein.
Plusieurs candidats de gauche aux régionales participent à un tournoi de football amical, à La Roche-sur-Yon, le 15 juin 2021.
Derrière les élections régionales, une bataille pour le leadership à gauche
Si le PS et le PCF visent la sauvegarde de leurs cinq régions, les écologistes entendent profiter du scrutin des 20 et 27 juin pour devenir la force centrale à gauche.
Par Abel Mestre et Sylvia Zappi
Tout faire pour au moins sauver l’existant. A gauche, du Parti socialiste (PS) à La France insoumise (LFI), en passant par Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et le Parti communiste (PCF), on ne se fait guère d’illusions : le cru 2021 des régionales risque de laisser un goût amer. Peu de nouvelles régions sont gagnables, et le PS comme le PCF visent avant tout à sauvegarder les cinq régions déjà gérées par la gauche (Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Bretagne, Centre-Val de Loire, et Bourgogne-Franche-Comté). Mais, dimanche 20 juin au soir, se jouera en filigrane une autre bataille : celle du leadership à gauche.
Les écologistes, en alliance avec LFI, espèrent conquérir les Pays de la Loire grâce à leur recrue (ex-macroniste) Matthieu Orphelin. Ce dernier pourrait battre le transfuge écolo passé, lui, à La République en marche en 2017, François de Rugy. Les ténors verts multiplient donc les marques de soutien à la liste de M. Orphelin. Mardi 15 juin, ils ont même organisé un match de foot entre une « équipe nationale » où l’on retrouvait Julien Bayou, patron d’EELV, Yannick Jadot, candidat putatif à la présidentielle, et Delphine Batho, également probable prétendante à l’Elysée face à une « équipe Pays de la Loire » emmenée par Matthieu Orphelin. Résultat ? Un match nul, 3-3.
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Les écologistes entendent profiter de ce scrutin pour devenir la force centrale à gauche. Parvenir à réaliser un meilleur score que leurs concurrents les placerait en position favorable pour conduire une candidature de rassemblement – par exemple avec les socialistes – pour la présidentielle de 2022. Cela conforterait leur dynamique entamée lors des élections européennes de 2019, confirmée un an plus tard aux municipales où le parti au tournesol a conquis plusieurs grandes villes (Strasbourg, Poitiers, Lyon et Bordeaux). Les Verts sont, en tout cas, très positifs : quoi qu’il se passe les 20 et 27 juin, ils seront en progression. « En 2015, on arrivait à 7 % des suffrages en cumul national. Là, selon les sondages, on est plutôt aux alentours de 15 % », avance Sandra Regol, numéro deux du parti.
Briser le relatif isolement de Mélenchon
Etre incontournable à gauche, c’est aussi l’ambition de LFI. C’est pour cela que les « insoumis » sont revenus à une stratégie traditionnelle, celle des alliances avec d’autres partis, quand ils avaient choisi de soutenir des initiatives citoyennes lors des municipales. Ils estiment ainsi pouvoir être dans le jeu des tractations de l’entre-deux-tours des régionales. Le but étant de briser le relatif isolement que connaît Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle. Montrer que LFI est apte au dialogue pour faire gagner la gauche permettrait à M. Mélenchon de démontrer qu’il peut aussi incarner un rassemblement.
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Du côté de la direction du PS, on ne cache pas son amertume devant la désunion affichée dans presque toutes les régions. Pour Olivier Faure – même si, à ses yeux, les sondeurs surévaluent les estimations de vote en faveur de la droite –, la compétition interne affaiblit la gauche dans un contexte d’abstention prévisible. « Il n’y a pas eu de récit d’une gauche qui veut gagner en s’unissant sur l’essentiel. J’espère que le second tour provoquera un mouvement de rassemblement », remarque le premier secrétaire. Les socialistes ont sans doute sous-estimé le peu d’envie des écologistes et des « insoumis » de se ranger derrière eux. « Les Verts ont souhaité se compter en pensant que la vague verte continuerait mais ils se trompent : il va y avoir une sanction des électeurs de gauche via l’abstention », juge ainsi Pierre Jouvet, secrétaire national aux élections.
L’enjeu pour le PS est donc de ne pas baisser dans le rapport de forces interne à la gauche au premier tour. Les ténors socialistes multiplient les déplacements dans la dernière ligne droite. Mercredi 16 juin, la presque totalité des têtes d’affiche parisiennes s’est ainsi retrouvée au gymnase Japy à Paris pour soutenir Audrey Pulvar. M. Faure s’est rendu le 17 juin dans le Grand-Est, le lendemain en Seine-et-Marne pour soutenir les candidats aux départementales, autre scrutin vital pour le PS. « Avec le contexte de la crise sanitaire, l’effet prime au sortant va être encore plus fort que d’habitude », se rassure Pierre Jouvet.
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Dans cette grande confusion, un scrutin pourrait servir de juge de paix : celui de l’Ile-de-France. Face à la sortante de Valérie Pécresse (ex-Les Républicains), les trois listes de gauche – M. Bayou pour EELV, Audrey Pulvar pour le PS et Clémentine Autain pour LFI-PCF – sont dans un mouchoir de poche, aux alentours de 11 % des suffrages. Si tout se passe comme prévu, la liste arrivée en tête au premier tour conduira le rassemblement au second. Dans ce cas, et à la condition que Laurent Saint-Martin (LRM) se maintienne et que Jordan Bardella (Rassemblement national) fasse aux alentours de 20 % des suffrages, alors la gauche a une chance (ténue) de gagner. Chacun a donc en tête de se démarquer mais sans être (trop) agressif envers ses concurrents, pour ne pas insulter l’avenir. Avec une volonté : faire de ce scénario, s’il est victorieux, un modèle pour la présidentielle de 2022.
En cartes : Plongée dans les enjeux des élections régionales