Romain Bouteille, cofondateur du célèbre Café de la Gare à Paris, notamment avec Coluche, est mort lundi 31 mai à l’âge de 84 ans, a annoncé son épouse mardi.
« Romain s’est éteint hier dans la soirée à l’hôpital de Corbeil-Essonnes. Depuis quelque temps, il avait une insuffisance rénale. C’est une insuffisance respiratoire qui l’a emporté », a déclaré Saïda Churchill, elle-même comédienne et programmatrice culturelle de la ville d’Etampes (Essonne). ICI
Romain Bouteille, le 28 juin 2007.
5 mars 2010
Romain Bouteille un chantre du vin iconoclaste
Avec un patronyme pareil, se faire le chantre du vin, relève de la consubstantialité la plus intime. Coluche, avec qui il a fondé en 1968 le célèbre Café de la Gare, disait de lui « Ce qu'il ne m'a pas appris, je le lui ai piqué »
Un beau commentaire à cette chronique :
Merci Monsieur Berthomeau de nous parler de ce héros qu'est Romain Bouteille !
C'est un bain de jouvence que vous m'offrez. Cet homme a participé à changer le cours de ma vie. Il m'a fait rentrer dans l’âge adulte avec la fantaisie et le recul nécessaires.
Cet homme est tellement grand qu'il ne mérite pas de statue. Il est tellement ambitieux, que l'argent ne l'intéresse pas ! Il lui faut le bonheur !
Cet homme nous a aidés à entrevoir le bonheur dans une société que les chantres de l'ennui d'aujourd'hui n'avaient pas destiné à ça !
Cet homme me fait apprécier la chance de l'avoir connu, dans son antre, le café de la gare, où le prix des places était...tiré à la loterie !
Grace à vous Mr Berthomeau, je suis heureux ce matin d'avoir 55 ans et d'avoir connu Romain bouteille qui, comme la dive du même nom, méritait bien une petite célébration !
Merci encore.
Romain Bouteille, avait commis une Postface, dans son style si particulier, au livre cité par Michel Polac dans l’émission « Les Vignes du Seigneur » publié par Glénat au titre sans équivalent : LE VIN.
« Ce qui est le fléau des sociétés de l’ennui, ce n’est pas le vin. C’est l’ennui. Il faut fêter le vin. Sans dégoût. Avec un grand cynisme. Parce que c’est mal. Parce que le bien est dans les campagnes antialcooliques faite pour les téléspectateurs béats par des imbéciles payés en ligne.
Le vin ne fait pas de l’homme un déchet. Il fait, d’un déchet discret, un déchet indécent dans le paysage publicitaire.
Il y a des déchets alcooliques, non convenables, et des déchets sobres.
Convenables. Entre deux déchets, l’un alcoolique l’autre non, tous deux vendeurs de mèches à bois au Brico-Décor de Brives-Charensac, la différence de santé n’est qu’apparente. Ce sont des martyrs certifiés, donc des lyncheurs éventuels. Surtout le sobre.
L’argument de la santé est rendu terriblement équivoque par cette horreur maladive de la mort du consommateur qui est le cheval de bataille des sociétés de l’ennui.
On ne peut pas se fonder là-dessus pour jeter l’anathème sur un produit capable de fournir aux humains sociaux ce qui leur manque le plus : l’imagination (En leur ôtant, d’ailleurs, cet altruisme indispensable aux grands massacres).
Toutefois, Dieu lui-même n’a pas exactement mis la vérité dans l’alcool (faute de savoir au juste en quoi elle consistait). Du moins, pas la vraie. Il voulait remplacer un type de mensonge par un autre et faire jaillir de la comparaison entre les deux une étincelle de réalisme.
Il devient fou furieux quand un humain se fait gloire de sa sobriété, puis vient pleurnicher sur la dureté de son sort. « J’ai pris la peine, hurle-t-il, de farcir ma nature de toutes sortes d’anesthésiques, hallucinogènes, analgésiques, optimisants, calmants, embellisseurs de situations, pour cigales, lapins, limaces, et ces messieurs-dames décrètent que mes bonnes tisanes ôtent sa dignité à l’ouvrier ! Malfaisants, ce n’est pas le vin de l’ouvrier qui fait ça ! C’est son travail ! Vous confondez les effets de la maladie à ceux du remède !
Ce n’est pas le jus de fruit fermenté qui abrutit, mais les mélanges du genre « pinard plus compétition » ou « cognac plus fierté nationale » ou « vin plus mess » ou « pastis plus lepénisme » etc. !
Pas de mélanges !
Rien de ma nature ne peut ôter leur dignité à des hordes de menteurs commerçants, obéisseurs de carrière, écraseurs de faibles déjà complètement hiérarchisés dans l’âme en épaisses couches sociales, et que j’enverrai tranquillement, pour l’éternité, nettoyer à jeun des kilomètres de tranchées façon 1914 ! »