Notre commentateur en chef, qui vient d’endosser la tunique de critique de cinéma, a de la constance, comme en témoigne ce commentaire sous une chronique du 1er décembre 2018
L’antre du Lapin Blanc mène à tout y compris à l’Ecole Normale supérieure de la rue d’Ulm, j’y étais hier au soir pour 1 colloque Sauvegarde de la biodiversité et démocratie : les enjeux d’une transformation et, à mon grand regret, je n’y ai pas croisé le fantôme d’ « Althusser à rien »
N'a-t-il pas de la gueule notre cher Taulier, le micro à la main ? Si, déjà souvent cité, Frédéric Schiffter observe et conclut que la beauté des femmes éclot à l'automne on peut rétorquer que l'homme n'est pas en reste. Regarder les gueules plus que grisonnantes des Peter O'Toole, Michael Caine, du regretté Jean Rochefort ou encore ce fou de Jean Pierre Marielle mais aussi Claude Rich. Ils ne s’y trompent pas les metteurs en scène qui, comme Patrice Leconte, les réunissent dans Les Grands Ducs ou continuent à leurs trouver des emplois. Faisons mentir Gabriel Garcia Marquez : « Nous sommes vieux. L'ennui c'est qu'au-dedans on ne le sent pas, mais qu'au dehors tout le monde le voit. » ( in Mémoires de mes putains tristes – 2004)
La classe vous dis-je !
Eulala mes chevilles !
Aujourd’hui c’est « Mes funérailles à Berlin »
Pourquoi ?
Parce que Michael Caine est au Panthéon de mes acteurs préférés. Comme on le verra par la suite, ce sont souvent les acteurs qui font l’accroche des films que j’aime. Le cinéma est un spectacle. Alors, intéressons nous à ceux qui « se donnent en spectacle. »
Quelle est l’histoire ?
à Berlin dans les années 1960. Le colonel Stok est, en tant qu’agent important des services soviétiques , responsable de la sécurité du mur de Berlin. Il fait savoir aux Britanniques qu’il veut passer à l'Ouest. Ces derniers sont méfiants. Ils envoient à Berlin l’agent Harry Palmer pour étudier la possibilité d'une opération d'exfiltration. Sur place Palmer ,qui ne croit pas un instant en la sincérité de Stok, va se trouver confronté à la duplicité de ce dernier et à une sombre histoire d’anciens nazis au sein même du service d’espionnage anglais auquel il appartient avec les services secrets israéliens.
Source.
Le film est tiré d’un roman de Len Deighton.
Tout le monde connaît John Le Carré. Len Deighton pourrait être son petit frère. Même domaine d’inspiration : le monde de l’espionnage en général et les services secrets britanniques en particulier. Si Deighton est moins connu c’est qu’il est resté au niveau d’un excellent auteur de romans policiers et/ou d’espionnage alors que l’œuvre de Le Carré rejoint très vite le monde littéraire. Deighton est également l’auteur de « Ipcress, danger immédiat » et « Un cerveau d'un milliard de dollars » avec pour héros Harry Palmer toujours incarné par Michael Caine . Ils ont, cependant, été tournés par des metteurs en scène différents. Dans le dernier on retrouve le colonel Stok interprété par Oskar Homolka acteur autrichien suffisamment truculent pour être souligné.
Réalisation
« Mes funérailles à Berlin » est un film réalisé par Guy Hamilton. Il s’agit d’un bon faiseur, une valeur sur d’Hollywood. Il n’atteint, cependant, pas le niveau des grands metteurs en scène. Ses réalisations les plus marquantes sont des « James Bond » dont l’un des premiers : «Goldfinger » avec Sean Connery bien sur. Mais aussi, pour moi surtout, l’inénarrable Gert Froebe. Je me régale de ses tics d’acteur. Il donne toujours l’impression, avant de prendre la parole, de remonter son pantalon par un mouvement général des épaules coordonné avec ses épaules, ses hanches et son ventre, tout en se rengorgeant en arrière. En outre, bravo pour le choix du comédien assurant la version française des films où il apparaît. Cette digression en dit long sur l’importance ,pour moi, de Guy Hamilton. Quoique le réalisateur de « James Bond » ce n’est déjà pas si mal. On peut souligner l’éclectisme de Hamilton qui réussit aussi bien ses « James Bond » que « Mes funérailles » où Palmer est l’anti Bond
Michael Caine
Quel acteur ! 140 films à son actif et pas des moindres. Il a été choisi par les plus grands metteurs en scène. Je retiens surtout Alfie le dragueur, film anglais qui le confirmera parmi les acteurs avec lequel il va falloir compter et « La Loi du milieu » film sur lequel j’aurais l’occasion de revenir.
Le jeu du « myope de charme » est fascinant. Toujours sur le motif, il donne cependant l’impression d’être ailleurs, de ne pas y croire. D’être celui à qui on ne la fait pas. Hors les moments d’action, il affiche une nonchalance calculée, comme un chat qui ne dort que d’un œil. C’est peut être cette distance qu’il sait prendre par rapport à ses rôles qui lui permet ce jeu si personnel. Il serait du genre de ce nageur avec qui on parle au bord du bassin qui, un moment, enlève son peignoir et dit, il faut y aller. Une fois dans l’eau, on découvre un nageur hors pair. Il m’apparaît toujours plein d’humour, un humour discret mais toujours présent qui lui permet une désinvolture sans pareille.
A partir de quarante ans, on a la gueule qu'on mérite disait Degas. Regardez la séduction de Michael Caine aujourd’hui, fabuleux ! Je me souviens d’une rencontre hilarante entre ces deux « vieux » l’autre était Peter O’Toole. Quelle tronche ! Ils n’ont plus rien à prouver. Ils sont, tout simplement. C’est le sort des plus grands, regarder Sean Connery et chez nous Jean- Pierre Marielle ! Qu’elle séduction, quelle grâce, plus rien à voir avec ce qu’ils étaient jeunes et déjà bien lotis. Tout autre d’aspect mais quelle gueule ! C’est çà « un monstre sacré !»
Pax
Prochainement « Les Leçons de la vie »