Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 mai 2021 1 24 /05 /mai /2021 08:00

Le dossier d’ADN n’éclairait guère ma lanterne, outre la liste des oligarques russes qui ne m’apprenait rien, il se résumait en un simple feuillet dactylographié sur lequel le Garde, à la suite d’un petit topo, auquel je ne compris goutte, de son humour féroce, il me conseillait, sic, de dépiauter l’affaire Lawyer X, avant d’aller respirer le bon air de Zug ! Le jeu de piste de ce bougre d’homme prenait l’allure d’un rébus.

 

L’affaire Lawyer X était partie du Conteneur 1250218 bloqué, le 22 juillet 2007, sur le port de Melbourne par les douanes. Celui-ci contenait une cargaison de métham-phétamines, plus connu sous le nom d’ecstasy, d’une valeur de 300 millions d’euros. Les commanditaires, des calabrais de ‘NDRANGHETA, après avoir cru à un simple retard, se rendent à l‘évidence le conteneur n’a pas été découvert par hasard lors d’un contrôle de routine mais ils ont été balancé.

 

Par qui ?

 

Là est toute la question…

 

Les calabrais sont mis à l’ombre le 8 août 2008, dans les procès qui suivirent la version de la police selon laquelle avertis par Europol de La Haye qu’une énorme cargaison, 4 tonnes 4, de drogue devait arriver à Melbourne mais qu’aucune saisie n’avait été prévue le 22 juillet 2007 fatidique.

 

Le hasard !

 

C’est le préposé des douanes, chargé des formalités de routine, qui selon la police avait eu des soupçons à la suite d’une contradiction sur les documents d’expédition, ce qui l’avait conduit à signaler le conteneur aux agents. Donc, pas d’espions ou d’infiltrés parmi les gangsters, pas de coups de téléphone anonymes, pas de fuites : seulement de vulgaires documents mal remplis. Emballé c’est pesé les commanditaires en prirent un maximum.

 

Mais c’était trop bien ficelé pour être vrai, en 2014, une enquête publiée en mars, par le Herald Sun, révèle qu’un pool secret de policiers aurait recruté, payé et accompagné un informateur au sein du groupe d’avocats chargés de défendre les différents parrains criminels de la ville.

 

Lawyer X a violé le secret professionnel pendant des années, affirme le journal, en fournissant à la police des informations confidentielles sur ses clients.

 

Scandale !

 

Les journalistes ne peuvent révéler le nom de l’avocat X en raison du veto imposé par la police, alors que l’État créé une commission d’enquête.

 

C’est la paranoïa : qui est Lawyer X ?

 

Qu’a-t-il fait exactement ?

 

Combien de personnes connaissent son identité ?

 

L’informateur était-il uniquement piloté par la police ou les juges étaient-ils au courant de cette opération illégale ?

 

À ce jour l’affaire Lawyer X n’est pas encore close et pourrait compromettre la carrière de hauts-fonctionnaires de police, d’hommes politiques et de juges.

 

Mais pourquoi diable ADN, avocat pénaliste de profession, me branchait-il sur une affaire n’ayant aucune ramification dans notre doulce France ?

 

Loin de me tranquilliser, cette absence de lien prenait des odeurs d’exemple pour décalque sur un sujet plus gaulois. La connexion avec Zoug me mettait plus encore la puce à l’oreille.

 

Pourquoi Zug ou Zoug ? À l'exception d'une première tour de 18 étages, dont la silhouette en biseau domine la ville, Zoug - 25 000 habitants -, catholique et de langue allemande, garde un charme d'avant-hier. Avec ses demeures du XIVe siècle, sa Zytturm (tour de l'Horloge), et ses rues étroites et tortueuses donnant sur un lac paisible. Mais en se glissant dans le hall des maisons bourgeoises, sous la plaque des avocats et des notaires s'alignent quelque 200 000 noms d'entreprises du monde entier.

 

« La spécialité de Zoug, c'est moins son lac, son marché aux taureaux et son alcool de cerises que ses privilèges fiscaux aux sociétés holdings. Leur capital n'y est taxé qu'à 0,02 pour mille. « Quant à l'impôt sur les bénéfices, les sociétés ne le payent que sur le chiffre d'affaires réalisé en Suisse. Comme elles gagnent essentiellement leur argent à l'étranger, elles ne payent rien, ou presque, à Zoug », constate Josef Lang. Historien de renom, il n'a curieusement pas trouvé de travail à Zoug, et doit enseigner à Zurich.

 

Glencore, le numéro un mondial des matières premières, qui emploie plus de 50 000 salariés dans le monde, est ainsi domicilié à Baar, une bourgade à côté de Zoug. Apparemment, les managers ne se réunissent pas très souvent au siège social : Baar ne compte qu'un modeste hôtel deux étoiles, donnant sur la gare... Même la Fraternité Saint-Pie X, fondée par monseigneur Marcel Lefebvre, n'est pas restée insensible à ce paradis fiscal. Elle a établi sa « maison généralice » à Menzingen, un autre village du canton de Zoug. Les offrandes peuvent être déposées à la Zuger Kantonalbank (la banque cantonale de Zoug). »

 

Au XIXe siècle, Zoug, canton presque exclusivement agricole, était l’une des régions les plus pauvres de Suisse. En 1860 encore, le canton présentait la dette par tête la plus élevée du pays et un rendement bien en dessous de la moyenne nationale.  C’est grâce à l’initiative d’entrepreneurs que Zoug a progressivement relevé la tête. En 1834, Wolfgang Henggeler construit la première fabrique du canton, une filature de coton à Unteraegeri, et en 1866, l’Américain George Ham Page implante à Cham la première usine de lait condensé en Europe. A la même époque Zoug est relié au réseau de chemins de fer, permettant au canton de se développer.

 

C’est cependant à partir des années 1950 que la région commence véritablement à prendre son envol. En 1956, dix ans après l’adoption d’une nouvelle loi fiscale, l’opérateur financier Philipp Brothers s’installe à Zoug. Un établissement qui est le premier d’une longue série; un taux d’imposition favorable ainsi que la proximité de l’aéroport de Zurich transforment alors Zoug en un centre financier et de courtage.

 

De nos jours, Zoug est le canton le plus riche de Suisse avec un taux de chômage d’à peine 1,9% et un produit intérieur brut que l’institut de recherches conjoncturelles BAK estimait à 117'000 francs par tête à la fin 2010.

 

Situé à 30 minutes du centre des affaires de Zurich et du pôle touristique que représente Lucerne, Zoug est depuis de nombreuses années stable, tant au niveau économique que politique, social et financier. Ses habitants ont en moyenne moins de 40 ans et plus de 10% sont au bénéfice d’un titre universitaire, un record suisse selon l’Office fédéral de la statistique.

 

Ce n’est pas par hasard si, Louis et Ambrose, lorsqu’ils décidèrent, dans les années fric, de se mettre à leur compte, firent de Zoug,  le « siège social » de leur petite entreprise qui ne connut pas la crise mais en profita. Des guillemets à siège social, l’affaire ne reposait sur aucun statut mais sur une enseigne : la galerie d’Art Contemporain de Clotilde Aebischer-Brändli domiciliée à Zoug, dont le chiffre d’affaires se générait essentiellement à Londres, Hong-Kong, Los Angeles. Le jour où, Clotilde Aebischer-Brändli et Louis convolèrent en 1986, un discret mariage civil, blanc comme la neige du Schnebelhorn, ils se firent mitonner par un cabinet de notaires franco-suisse un contrat de mariage aux petits oignons, qui se révéla fort utile en 1990 pour bâtir les fondations de la petite entreprise de Louis&Ambrose, sans objet social affiché, normal puisqu’il s’agissait de faire pour le duo « le sale boulot fait proprement ».Depuis qu’ils s’étaient rangés des voitures, Clotilde-Louis, résidaient 6 mois par an, les beaux jours, à Zoug.

 

Les dés roulaient sur le tapis vert du Craps, Ambrose savait pertinemment qu’il se fourrait dans un fichu guêpier, rien ne l’y obligeait, il pouvait laisser tomber, il ne devait rien à ADN,  du côté de Louis il en était moins sûr, l’injonction du Garde de se rendre à Zug confirmait cette crainte. Reconstitution de ligue dissoute, besoin d’adrénaline, folle envie de se remettre en tandem avec Louis, le poussaient inexorablement vers les emmerdements. Ambrose, prenait à son compte le « Peu me chaut !» que lançait Louis à ceux qui lui criaient casse-cou. Il pianota sur son smartphone « Chouchou, je pars à Zoug ! »

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

P
4 tonnes 4 de coke d'un coup, ça vous fait une sacrée ligne!! Damiano David, le chanteur du groupe Måneskin est un rigolo de comptoir à côté.
Répondre
P
Houlala ! Mais que vont ils donc foutre là bas ! Ca se corse au bord du lac. Comme sur l’Ile de Beauté ca sang la castagne ! Ils vont finir comme le sulfureux marchand d’art Yves Bouvier * inventeur des ports francs pour objets d’art dans des paradis fiscaux et actuellement aux prises avec l'oligarque russe Dmitry Rybolovlev qu’il semble avoir roulé dans la farine avec le « Salvator Mundi »** dont l’attribution à Léonard de Vinci est pour le moins contestée.<br /> Merci de nous indiquer vos préférences, au cas ou Oranges ? Clémentines ? Mandarines ? Il y aurait comme un avenir de prison que cela ne m’étonnerais qu’à moitié.<br /> <br /> * On ne peut que recommander la lecture de sa notice sur Wikipédia. Croustillant ! Ne manquez pas de vous en souvenir quand, après plusieurs heures de queue avant d’entrer dans une exposition vous aurez le nez collé sur le cartel accompagnant l’œuvre qui doit, selon le catalogue, vous conduire à l’extase.<br /> Mais pour ce que j’en dis..<br /> <br /> ** Pour la suite de l’histoire de cette dernière découverte d’ un « Léonard de Vinci ! »,voir toujours Wikipédia ou tapez plus simplement « Salavator Mundi »
Répondre

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Articles Récents