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13 mai 2021 4 13 /05 /mai /2021 08:00

Dangerous Liaisons | Michelle pfeiffer, Liebschaften, Schöne fotos

Avant l'irruption de Marie dans ma vie j'adorais me glisser dans la peau du libertin. Dans ces temps où le péché de chair pour les filles gardait un goût de fruit défendu, conduire hors du sentier balisé l'innocente victime, la séduire, l'amener dans ses filets, procurait des émotions fortes. Faire œuvre de séduction pour un libertin c'est suivre un plan déterminé, avoir un projet. Tout est dans l'avant, la traque, l'attente, la jouissance suprême de voir la caille innocente s'engager sur le chemin de l'abandon. Le libertinage est cérébral, on y manipule le cœur humain, on y est patient, calculateur. Se contrôler, ne pas céder à la passion, éviter l'écueil de l'amour forment l'armature froide du projet libertin. Dans ce jeu cruel, où la victime devient très vite consentante, l'important pour le libertin est de ne pas être conduit à son insu là où il n'a pas prévu d'être. Toute la jouissance vient de ce contrôle sur ses actes, ses sentiments, ses pensées et d'exercer sur l'autre un empire total. Comme dans un jeu d'échecs il faut toujours prévoir le coup d'après. Mais une fois l'acte accompli l'angoisse du vide vous saisit. On n'est plus qu'un animal à sang froid.

 

Comme dans les Liaisons Dangereuses j'avais levée, en mon pays, ma Mme de Tourvel. Femme mariée, aux yeux de biche effarouchés à peine masqués par sa voilette légère de pieuse se rendant à la messe du matin. Jeune, très jeune prisonnière de la couche d'un barbon ventru et moustachu, au portefeuille épais, pour moi ces messes matinales ne pouvaient être que le change donné à sa sèche et impérieuse belle-mère. Il me fallait donc me placer sur son chemin avec une régularité qui attiserait sa curiosité. Ce que je fis sans jamais lui adresser autre chose que des regards appuyés. Après avoir baissé les yeux puis sourit, je pressentis qu'une révolution s'opérait. Elle devait, avant son départ du domicile conjugal, ruser, se donner des frayeurs extrêmes. Restait pour elle à franchir une nouvelle étape : me donner le premier signe de sa soumission. Le printemps à cette vertu que les matins y sont souvent tendres. Ce matin-là, sa trajectoire ordinaire s'incurva et la belle, d'un pas vif, gagnait la place des tilleuls. Dans ma ligne de mire, elle posait le pied sur un banc de pierre dévoilant une jambe galbée d'un bas de soie. Imperméable à sa volupté j'exigeais d'elle plus encore. Ce qu'elle fit. Sous un imperméable mastic, perché sur des hauts talons, elle me présenta avec des yeux implorants son corps harnaché de dessous blanc. Nos amours dans les prés hauts de Bibrou furent catastrophiques, elle attendait, soumise, ma jouissance, alors que c'était la sienne dont je voulais.

 

Marie m'ôta ce carcan de froideur. Moi, le silencieux, le garçon qui tient tout sous contrôle, je me laissais aller à lui confier mes peurs et mes faiblesses. Cet abandon je le devais à l'absolue certitude, que le temps m'aurait démenti, que jamais Marie ne retournerait ces armes contre moi. Nous étions si différents, nos origines étaient aux antipodes, mais notre nous s'érigeait sans question, avec naturel. Elle me donnait la chance de m'aimer moi-même, de me départir de mes hautes murailles. Jamais nous ne faisions de projets. Nous vivions. À chaque moment, seuls ou ensemble, nous inventions notre vie. Tout ce que je te confie semble idyllique, une reconstruction du passé idéalisée, alors que nous eûmes des orages, des divergences mais ce ne furent que des scories dont nous avions besoin de nous débarrasser. J'abordais notre vie à deux avec dans ma besace de jeune homme rien de ce qui encombre les gens de mon âge : tous ces désirs refoulés qui le jour où la flamme décline resurgissent à la surface.   

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commentaires

P
Précision.<br /> Le commentaire concernait la dernière phrase.<br /> "tous ces désirs refoulés qui le jour où la flamme décline resurgissent à la surface." <br /> Pour le libertinage on repassera. Très peu pour cette fleur bleue de mouche du coche avec son coeur d'artichaut
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P
Boudiou que c'est bien dit. Une belle analyse, tellement vraie en laquelle une mouche du coche au cheveux blancs déjà anciens se reconnait.Bravo !
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