Le 16 mars 2020, nous apprenions qu’un vilain virus allait nous confiner pendant quelque temps ; 55 jours exactement. L’ensemble de la population française allait donc devoir apprendre l’art du confinement dans des espaces fort étroits. William Heath Robinson connaissait l’art d’occuper l’espace, et avait visiblement déjà réfléchi à la question. Son œuvre magnifique et superbement ignorée en France venait de tomber dans le domaine public ; l’occasion était trop belle de réparer un oubli incompréhensible avec l’adaptation de How to Live in a Flat, un ouvrage paru en 1936 sur un texte de K.R.G. Browne. C’est un classique en Angleterre, et un beau prétexte pour réunir un petit cercle d’amateurs de l’artiste pour une adaptation originale, à l’ère de la Covid-19. Jean-Luc Coudray, Isabelle Merlet, Philippe Poirier et David Rault ont relevé le défi, et l’ouvrage que vous tenez entre les mains est le résultat de cette fantaisie autour de l’univers unique, au trait incroyablement moderne, de William Heath Robinson.
Michel Lagarde
William Heath Robinson par Julien Prost
lundi 29 décembre 2014
William Heath Robinson est une figure méconnue de l’illustration et de la bande dessinée. Son nom n’est aujourd’hui connu dans les pays anglo-saxons que comme une boutade, une référence à l’absurdité mécanique et à la bidulité ludique...
Et pourtant son apport est immense.
Issu d’une famille d’artistes bien sous tous rapports, le jeune William a du mal à s’insérer dans le moule de la tradition. Il commence à illustrer des textes classiques : Les Contes d’Andersen, Les mille et une nuits, les contes de Shakespeare et même Gargantua et Pantagruel. Le trousseau fondamental de tout aspirant artiste en somme. Ses dessins sont bons, il a réussi à développer son style, sa patte graphique, mais il lui manque quelque chose... Et c’est l’édition pour la jeunesse qui lui donne un second souffle. L’illustration qu’il fait d’un livre comme The Adventure of Uncle Lubin pose les fondements de son imaginaire : des dessins fouillés, représentant des inventions, des machines d’une ridicule et absurde complexité. On se perd avec délectation dans les moindres détails du graphisme, en essayant de démêler les fils et le fonctionnement de ces étranges pataquès.
Il met son humour et sa dérision au service de l’effort de guerre durant la Première Guerre Mondiale, en fournissant de nombreux dessins satiriques, inventant de nouvelles armes secrètes, choisissant de ridiculiser l’ennemi prussien plutôt que de le déshumaniser. C’est durant le conflit que pour la première fois son nom est ainsi détourné pour désigner une machine extrêmement, et inutilement, complexe : en anglais un Heath Robinson est donc une expression difficilement traduisible, mais qui signifie à la fois « usine à gaz » et « bidule ». La gloire par le petit bout de la lorgnette.
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13.10.2016 À 11
Le nom de Heath Robinson a été utilisé pour décrire des engins de fortune absurdement complexes depuis le début du XXe siècle, mais l'homme derrière le nom est en grande partie inconnu. WIRED enquête ICI
Le William Heath Robinson Trust collecte des fonds depuis des années pour tenter de préserver son héritage dans un nouveau musée du nord-ouest de Londres, et grâce à 1,3 million de livres sterling de financement de loterie qui est maintenant devenu possible, rapporte la BBC . En mars 2015, le Trust a sécurisé les peintures et les dessins après avoir reçu des subventions du National Heritage Memorial Fund (NHMF) et du Art Fund, garantissant que les œuvres resteraient ensemble au Royaume-Uni - et maintenant dans leur nouvelle maison à Pinner, à Londres.