Au Bourg-Pailler, nous nous couchions tard, « y’a encore de la lumière chez les Berthomeau », après dîner papa lisait la presse, ma maman cousait, et moi je profitais de ce temps ajouté pour éplucher la page des sports de la Résistance de l’Ouest : j’étais dans ma phase « je veux être radioreporter sportif » ce qui désespérait ma mère, « ce n’est pas un métier », elle voulait que je fasse curé et, comme j’étais bien élevé je ne lui rétorquais pas « que ce n’était pas un métier », en revanche nous n’étions guère du matin ce qui faisait jaser dans le pays où l’on se couchait comme les poules et on se levait avec le soleil…
Mon horloge biologique ne s’est pas calée sur ce rythme : je suis un couche-tard, passé le cap des 22 heures je peux tenir jusqu’au cœur de la nuit, ça m’aidait lors des fameux marathons de négociations à Bruxelles, pour le matin : j’aime, aux beaux jours, me lever comme le soleil, l’hiver, je flemmarde, je fais la grasse matinée, ce que je déteste ce sont les heures de réveil imposées, en revanche si dans la nuit une idée surgit je suis de suite d’attaque, je me rue sur mon clavier et je suis capable d’écrire jusqu’au petit jour, enfin, j’adore faire la sieste, 20 mn chrono sans chrono et de dormir en tout lieu, même en réunion.
Les confinements et maintenant le couvre-feu me font vivre quasiment hors du temps, je n’ai plus d’heures, je me lève, je me couche à pas d’heure, je mange à n’importe quelle heure, il m’arrive de ne pas sortir de chez moi pendant deux ou trois jours, s’il fait beau je niaise sur mon balcon, je me suis même mis au jardinage, le chat trouve ça extra, je vis comme un moine, tout ça pour vous redire que j’ai folle envie de sortir de Paris. Mais c’est interdit au-delà d’un rayon de 10 km et la milice macronienne veille.
Que faire ?
Hier, après avoir évoqué une hypothétique remontée de la Marne tel JPK, baguenaudant sur la Toile, je suis tombé en arrêt : Les Riceys, j’avais trouvé le fil rouge de mon périple, tout se maillait, restait le plus compliqué : sortir en loucedé de Paris, passer au travers des mailles du filet de la police sanitaire.
J’ai alors procédé par élimination, sur ma short-liste des moyens de sortie de Paris j’ai rayé :
- à pied : incompatible avec le temps qui m’est imparti, et la météo évoquée pour remonter la Marne n’est pas idéale pour marcher…
- à cheval : je n’ai pas de cheval.
- en voiture : contrôle possible de plus je ne souhaite pas divaguer en carbonant.
- en Vae : pas assez d’autonomie…
- en RER, ils ne vont pas assez loin et je ne veux pas me retrouver dans une rame serré comme une sardine.
- En train via la gare de Paris-Bercy, j’y suis allé voir, pas un képi en vue, un côté gare provinciale, ç’est jouable…
Mais avec votre serviteur il y a toujours un mais, et ce mais ce sont mes souvenirs de mai 68 où la pénurie d’essence m’avait mis dans l’obligation, pour quitter Nantes, afin d’aller rassurer mes pauvres parents effarés par mon nouveau statut de révolutionnaire, on m’avait vu aux infos régionales un micro à la main dans un amphi enfumé, de me débrouiller en empruntant un véhicule prioritaire, pourvu en essence : une ambulance.
Et si je sortais de Paris en ambulance ?
Mais comment emprunter, plus exactement me faire transporter par, une ambulance lorsqu’on n’est pas malade ?
Tout simplement en activant la filière blanche.
Qu’est-ce la filière blanche ?
Pour faire court et maintenir le mystère : une combine type Pieds Nickelés qui devrait plaire à la mouche du coche.
À demain si vous le voulez bien…