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9 avril 2021 5 09 /04 /avril /2021 06:00

 

Laos. Vientiane, fumerie d'opium. 1975 Jean-Claude Carlier ICI 

Lors du premier confinement la baisse des décibels fut telle qu’au-dessus du boulevard Saint-Jacques, au petit matin, le bitume prenait des airs de campagne, les oiseaux chantaient, les flaveurs ne fleuraient plus l’hydrogène sulfuré chère à Nino Ferrer près de la fontaine.

 

 

Aujourd’hui, en l’acte 3 d’un confinement bancal, Paris bruit à nouveau d’un tintamarre infernal et, le hashtag du jour est  #saccageparis : Hidalgo et ses Verts en prennent plein la gueule à propos de la saleté qui règne dans certaines rues de Paris. Sur le côté crade l’argument est à double tranchant : si Paris est sale c’est en grande partie le fait des parisiens eux-mêmes, les ordures ne tombent pas du ciel, il n’existe aucune génération spontanée en la matière. Là où je partage le courroux des concepteurs du hashtag c’est à propos du mobilier urbain de notre ville capitale : à chier ! De même le balisage des nouvelles pistes cyclables est absolument abominable.

 

 

Saccage Paris (@saccageparis) | Twitter

 

Laissons de côté la politicaillerie pour revenir à l’amour que l’on peut porter à Paris.

 

Culture, production et vente d'opium au Laos | OpenMinded

Sam dans une fumerie d’opium à Ventiane :

 

La solitude le ronge, surtout à Ventiane, où il n’y a rien d’autre à faire que fumer, baiser et écouter des pilotes mexicains d’Air America se vanter de leurs exploits meurtriers pendant qu’ils se font tailler une pipe au White Rose.

 

Puis il me raconte comment il gère cette solitude, qui ne confine plus strictement à ses ambitions littéraires, me confie-t-il, mais englobe tout son mode de vie. Ce qui lui manque le plus au monde, c’est Paris. Depuis que son grand amour l’a éconduit et que le vase a redébordé, Paris est pour lui un territoire interdit à jamais. Il n’y retournera plus, pas après cette déconvenue, impossible. Chaque rue, chaque immeuble, chaque méandre de la Seine hurle son nom, m’explique-t-il, très sérieux mais d’un ton pâteux, dans une envolée littéraire. Ou bien sera-t-il en train de citer une chanson de Maurice Chevalier qui lui serait revenue en mémoire ? Enfin bref, Paris est la ville où il a laissé son âme. Et son cœur, ajoute-t-il après mûre réflexion. Vous m’entendez ? Je vous entends, Sam.

 

CPA Vientiane, Jeune Fille laotienne, Laotisches Fille | 9057994 | Cartes  Postales Anciennes

 

Alors, ce qu’il aime faire quand il a fumé un peu d’opium, poursuit-il, décidant de me confier son grand secret parce que je suis devenu son plus proche aie et la seule personne au monde qui ne se fout pas totalement  de lui, ainsi qu’il le précise par parenthèse, ce qu’il va faire dès qu’il en ressentira le besoin, ce qui pourrait être à tout instant, maintenant qu’il a de nouveau les idées claires, c’est qu’il va aller au White Rose, où on le connaît bien, et il va glisser un billet de vingt dollars à Mme Lulu et s’offrir un appel téléphonique de trois minutes avec le Café de Flore à Paris. Quand le serveur du Flore va décrocher, Sam va demander à parler à Mlle Julie Delassus, un nom inventé, pour autant qu’il le sache, et qu’il n’a pas encore utilisé. Et puis il va écouter le personnel l’appeler entre les tables et jusque sur le boulevard : Mademoiselle Delassus… Mademoiselle Julie Delassus… Au téléphone, s’il vous plaît ! »*

 

* en français dans le texte 

 

Et pendant qu’ils hurleront ce nom, encore et encore jusqu’à ce qu’il se dissipe dans l’éther ou que son temps de communication soit écoulé, peu importe, il écoutera pour vingt dollars de sons de Paris.

 

John Le carré Le tunnel aux pigeons

 

LE TUNNEL AUX pigeons. Histoires de ma vie.John Le CARRE. Seuil CV05 - EUR  9,90 | PicClick FR

 

 

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commentaires

P
Nostalgie quand tu nous tiens ! On voit cela dans certains films sur la deuxième guerre mondiale avec les camps de prisonnier. Carette, la larme à l’œil mais toujours avec sa faconde et sa gouaille habituelle évoquant Pantruche et Menilmuche (La Grande Illusion ? Le Caporal épinglé ?)<br /> Mais nous sommes ici et maintenant et avec les confinements honteux ou non, plus de sons de Paris. Aujourd’hui quand on n’entend nos zélhites ce sont plutôt les cons de Paris qu’on entend. Facile je sais. Mais par les temps qui courent je ne vois aucune raison de me priver de plaisirs minuscules.<br /> Il y a peut être une manière plus élégante de le dire. Cela ne diminuera pas pour autant la vérité de cette affirmation. Il faut les entendre se contredire les uns les autres, se contredire eux même (et de ressortir l’excuse éculée – comment peuvent il encore y croire – on m’a mal compris…la phrase est sortie de son contexte… - Mais a quoi servent leur communicants et/ou les cabinets de conseils engagés à prix d’or. Ce qui prouve que malgré leurs Grandes Ecoles, ENA et autres, ils n’en ont pas plus d’assurance ou de certitude)<br /> Bancal, il l’est ce confinement honteux (veux tu te taire, sacripant, ce n’est pas un confinement. Le président l’a dit.) Comment peut il croire qu’en changeant les mots on arrange tout. C’était les méthodes soviétiques ou similaires ça.<br /> Mais comment veut on que cela s’arrange avec un gars dont le slogan est, le « en même temps » ? Je sais que sa jeunesse fut quelque peu confuse et qu’il a été, très jeune confronté à cet « en même temps » à l’âge ou on apprend aux enfants de ne pas faire deux choses en même temps car dans ce cas, on fera deux choses mal au lieu d’en faire une bien.<br /> On perd sur les deux tableaux à vouloir et préserver l’économie et éradiquer le virus.<br /> Et tant pis si, « en même temps » les français meurent du virus ou du retard à être soignés pour déprogrammation<br /> Outre ce défaut élémentaire devenu règle de son action on peut sans beaucoup se tromper affirmer que si rien ne bouge, dans l’hôpital notamment et que les promesses d’augmenter les lits de réanimation et de former du personnel (28 octobre 2020) c’est que cet homme de mains des caïds qui ont financé sa prise pouvoir, sait qu’il a une tâche à accomplir, détruire les système français de soins, de retraite, de chômage etc. etc. Il n’est donc pas question d’investissement ni en matériel ni en formation et embauche de personnel. Embusqué, il n’attend qu’une chose une fois la pandémie réduite, reprendre le train des réformes laissé en plan. Ré- élisez le bonhomme et vous verrez que la grande tâche du prochain quinquennat sera la privatisation de l’hôpital public avec comme attaque : « Vous avez vu la gabegie, les disfonctionnement affolant lors de la Covid 19 et « Le pognon de dingue » que cela coûte !<br /> En attendant avec son ridicule et inefficace « conseil de défense » on ne sait à quoi il joue.<br /> Pour ma part, il ferait mieux de lire notre bon La Fontaine * car, sans le savoir, c’est à cela qu’il joue. Mais La Fontaine ne connaissait pas M. Macron si non, la chute de la fable en eut été changée.<br /> <br /> Mais pour ce que j’en dis…<br /> <br /> * J'ai lu dans quelque endroit qu'un Meunier et son Fils<br /> L'un vieillard, l'autre enfant, non pas des plus petits,<br /> Mais garçon de quinze ans, si j'ai bonne mémoire,<br /> Allaient vendre leur Âne un certain jour de foire.<br /> Afin qu'il fût plus frais et de meilleur débit (9),<br /> On lui lia les pieds, on vous le suspendit ;<br /> Puis cet homme et son fils le portent comme un lustre ;<br /> Pauvres gens, idiots, couple ignorant et rustre.<br /> Le premier qui les vit de rire s'éclata (10).<br /> " Quelle farce (11), dit-il, vont jouer ces gens-là ?<br /> Le plus âne des trois n'est pas celui qu'on pense. "<br /> Le Meunier, à ces mots, connaît son ignorance.<br /> Il met sur pied sa bête, et la fait détaler.<br /> L'Âne, qui goûtait fort l'autre façon d'aller,<br /> Se plaint en son patois. Le Meunier n'en a cure;<br /> Il fait monter son Fils, il suit : et, d'aventure<br /> Passent trois bons marchands. Cet objet (12) leur déplut.<br /> Le plus vieux au garçon s'écria tant qu'il put :<br /> " Oh là oh, descendez, que l'on ne vous le dise (13),<br /> Jeune homme qui menez laquais à barbe grise ;<br /> C'était à vous de suivre, au vieillard de monter.<br /> - Messieurs, dit le Meunier, il vous faut contenter. "<br /> L'enfant met pied à terre, et puis le vieillard monte,<br /> Quand, trois filles passant, l'une dit : " C'est grand honte<br /> Qu'il faille voir ainsi clocher (14) ce jeune fils,<br /> Tandis que ce nigaud, comme un évêque assis,<br /> Fait le veau (15) sur son Âne et pense être bien sage.<br /> - Il n'est, dit le Meunier, plus de veaux à mon âge.<br /> Passez votre chemin, la fille, et m'en croyez. "<br /> Après maints quolibets coup sur coup renvoyés,<br /> L'Homme crut avoir tort et mit son fils en croupe.<br /> Au bout de trente pas, une troisième troupe<br /> Trouve encore à gloser (16). L'un dit : " Ces gens sont fous!<br /> Le Baudet n'en peut plus, il mourra sous leurs coups.<br /> Hé quoi, charger ainsi cette pauvre bourrique !<br /> N'ont-ils point de pitié de leur vieux domestique ?<br /> Sans doute qu'à la foire ils vont vendre sa peau.<br /> - Parbleu, dit le Meunier, est bien fou du cerveau<br /> Qui prétend contenter tout le monde et son père.<br /> Essayons toutefois, si par quelque manière<br /> Nous en viendrons à bout. " Ils descendent tous deux.<br /> L'Âne, se prélassant (17), marche seul devant eux.<br /> Un quidam (18) les rencontre, et dit : " Est-ce la mode<br /> Que Baudet aille à l'aise et Meunier s'incommode ?<br /> Qui de l'âne ou du maître est fait pour se lasser ?<br /> Je conseille à ces gens de le faire enchâsser (19).<br /> Ils usent leurs souliers et conservent leur Âne.<br /> Nicolas au rebours, car quand il va voir Jeanne,<br /> Il monte sur sa bête ; et la chanson le dit. (20)<br /> Beau trio de Baudets! " Le Meunier repartit :<br /> " Je suis Âne, il est vrai, j'en conviens, je l'avoue ;<br /> Mais que dorénavant on me blâme, on me loue ;<br /> Qu'on dise quelque chose ou qu'on ne dise rien,<br /> J'en veux faire à ma tête. " Il le fit, et fit bien.
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