“ Pétrifiée face à l’ennemi, notre vigne est une cible immobile pour ses pathogènes, et nous compensons en traitant ”<br /> “ la vigne change trop lentement et seule l’évolution de nos traitement peuvent suppléer au retard pris par la vigne dans l’adaptation aux pathogènes ” <br /> “ nous compensons avec des gestes agricoles ou des pesticides qui opèrent l’adaptation aux parasites que la vigne en gère plus ”<br /> “ … en nous empêchant de penser à d’autres solutions ”<br /> Marc André Selosse<br /> <br /> Je suis étonné que Marc André Selosse, pour qui j’ai une immense admiration, traverse le débat de l’adaptation au changement en occultant le problème des sols. <br /> <br /> - “ La croissance, le développement et la santé de la plante résultent en effet, non seulement de traits végétaux, mais également de ceux des organismes associés. Il a même été proposé que la plante puisse être considérée comme un holobionte comprenant la plante per se plus son microbiote associé ”<br /> et plus loin :<br /> “ (…) la construction de pratiques agricoles reposant sur des mécanismes biologiques (…) est considérée comme une approche robuste susceptible de remplir les objectifs d’une agriculture doublement verte (…) ces processus biologiques qui améliorent la nutrition minérale des plantes, leur résistance à des stress d’origine biotiques et/ou abiotique sont largement dépendants (…) de l’établissement et du fonctionnement de la symbiose mycorhizienne. ” <br /> source : Les sols et la vie souterraine (Jean-François Briat & Dominique Job, coordinateurs) <br /> <br /> Je m’appuie sur cette science disponible qui vient juste conforter mon expérience.<br /> La culture de la vigne en Europe, pour ce que j’en connais, s’adosse à un corpus de pratiques agronomiques extrêmement (pauv)… euh simplifiées. <br /> Tirer des conclusions ultimes dans ces conditions est pour le moins … rapide. <br /> Certes de nouveaux cépages apparaîtrons, cela est certain, et ouvre des voies nouvelles. <br /> Mais il ne faudra pas oublier que les conditions qui président à l’extrême sensibilité des cépages actuels perdurera si les conditions agronomiques qui accompagnent leur installation n’évoluent pas. <br /> La résilience est un concept vague qui ne conviendra pas à toutes les situations. D’ailleurs résilience à quoi ? Sécheresse ? Gel ? Mildiou ? Oïdium ? Black rot ? Calcaire ? Eudémis ? Tout ensemble ?<br /> Les nouveaux cépages ne résoudront pas tout, ils ne répondront pas aux questions qui sont mal posées aujourd’hui.<br /> Nos grands parents ont connus les vagues d’hybrides censées reconstituer le vignoble après le phylloxéra. Le choix alors était immense, les commentaires à ce sujet ne manquent pas, j’en tire un qui me paraît correspondre à l’idée de l’époque :<br /> <br /> “  Tel hybride donne ici des résultats satisfaisants, qui deviendra mauvais en changeant de climat, ou simplement parce que, dans le premier cas, il était planté en terrain sec, dans le second en terrain frais ou réciproquement ” source Revue de Viticulture 26 février 1920.<br /> <br /> Le socle de pratique qui entoure l’agroécologie n’a pas encore donné tous les résultats que les vignerons pourraient en attendre. Pourquoi faut-il qu’au moment où l’on commence à comprendre en quoi le microbiote du sol façonne nos AOC nous regardions ailleurs ?<br /> <br /> Philippe Pouchin