Mort de Napoléon, 1829, peinture de Charles de Steuben (1788-1856) réalisée à la demande d'Hortense de Beauharnais. Arenenberg, Napoleonmuseum
L’année Napoléon commence sur les chapeaux de roues et les controverses vont déjà bon train ICI
Le bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte soulève déjà polémiques et divisions. Rétablissement de l'esclavage et guerre en abondance entachent l'héritage du personnage historique préféré des français.
Que célébrer et comment le 5 mai 2021 ?
Et, dans ma petite Ford d'intérieur, une petite musique s'insinue et ne me quitte plus : Jean-Paul Kauffmann&Napoléon Bonaparte...
- 2016 lors de la publication d’« Outre-terre » Julie Clarini dans le Monde notait :
À l’époque, pourtant, son affection pour Napoléon ne s’est pas encore déclarée. Cela viendra plus tard, à l’occasion d’un voyage à Sainte-Hélène et du livre subséquent, La Chambre noire de Longwood (La Table ronde, 1997). Le 17/12/2020
- Jean-Paul Kauffmann : « Napoléon est le Petit Poucet de l'Europe »
ENTRETIEN. L'écrivain Jean-Paul Kauffmann a raconté deux lieux napoléoniens. Il avoue s'être fait posséder par l'homme d'Eylau et de Sainte-Hélène.
Comme me le dit Raphaëlle, du haut de ses 6 ans, lorsqu'elle sollicite une histoire, une partie de dames, un tour à vélo : j'aimerais...
Oui, j'aimerais que J.P.K...
Pour l'heure, je lui dédie cette chronique qui ne me doit presque rien puisque je puise mes sources dans l’article d’Antoine Flandrin publié dans Le Monde du 10 mars.
25 mars 1802
La paix d'Amiens ICI
Le 25 mars 1802, à Amiens, l'Angleterre, la Hollande, l'Espagne et la France signent un traité de paix qui met un point final à la deuxième coalition européenne contre la France. C'est un triomphe pour le Premier Consul Napoléon Bonaparte qui a pris le pouvoir en France 30 mois plus tôt.
L’exposition « Napoléon » à Paris écorne le mythe Bonaparte en présentant deux actes officiels sur l’esclavage
A travers deux documents originaux de 1802, présentés pour la première fois, la grande exposition sur Napoléon reviendra sur le rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe et son maintien dans les colonies par la France, qui l’avait pourtant aboli en 1794.
Par Antoine Flandrin
C’est un texte court : une « minute d’arrêté » de quelques lignes, rédigée à la plume. Bonaparte n’y emploie pas un ton autoritaire, comme il le fera plus tard dans ses messages impériaux. Dans cet arrêté du 16 juillet 1802, le premier consul se contente de charger son ministre de la marine et des colonies, Denis Decrès, de rétablir les lois qui étaient en vigueur en Guadeloupe en 1789. Autrement dit, il lui ordonne de rétablir l’esclavage dans l’archipel. Cette page sombre de l’histoire coloniale de la France sera présentée, pour la première fois au public, à l’occasion de la grande exposition sur Napoléon qui doit se tenir à La Villette, du 14 avril au 19 septembre.
Une page d’autant plus sombre qu’elle effaçait les effets du décret d’abolition de l’esclavage du 4 février 1794. Cinq ans après le début de la Révolution française, alors que la Guadeloupe était aux mains des troupes anglaises, Victor Hugues fut envoyé par la Convention pour mettre fin à l’esclavage. « En juin 1794, il propose aux esclaves de l’île de s’affranchir en rejoignant le corps expéditionnaire français. Blancs, Noirs et métis se battent ensemble pour reconquérir l’île aux esclavagistes anglais. L’idéal républicain devient une réalité jusqu’au rétablissement de l’esclavage en 1802 », explique l’historien du droit Jean-François Niort.
Anomalies juridiques
Longtemps, cet arrêté fut cité par les historiens, mais sa trace avait été perdue. Au terme d’une recherche entre Paris, Aix-en-Provence et Basse-Terre, trois chercheurs – Jean-François Niort, Jérémy Richard et Frédéric Charlin – l’ont retrouvé, aux Archives nationales, en 2007.
A la suite de cette découverte, ils ont décelé plusieurs anomalies juridiques.
- La première : le mot « esclavage » n’apparaît pas dans l’arrêté. Alors consul à vie, Bonaparte emploie cette précaution pour ne pas renforcer l’opposition au durcissement du régime et ne pas susciter de rébellion dans les colonies.
- Seconde anomalie : cet arrêté n’a pas été publié au Bulletin des lois de la République – comme il aurait dû l’être –, car Bonaparte tient à ce que cette mesure reste secrète.
- « Enfin, le premier consul n’a pas la compétence pour prendre cette décision, parce que la constitution qu’il a lui-même mise en place en 1799 prévoit que les colonies doivent être régies par des lois et non par des arrêtés », note Jean-François Niort.
Un texte fondé sur une légalité pour le moins contestable, donc.
Ses motivations sont d’ordre idéologique, économique et géopolitique. « Imprégné de préjugés racistes et manipulé par le lobby esclavagiste, Bonaparte pense que la Guadeloupe est à feu et à sang – ce qui est faux – et que la restauration de l’ordre passe par le rétablissement de l’esclavage. Il est aussi convaincu que l’esclavage dans les colonies assurera la prospérité de la France », analyse Jean-François Niort.
Un autre document signé par Bonaparte sera présenté lors de l’exposition : le décret-loi du 20 mai 1802, qui maintient l’esclavage là où il n’avait pas été aboli (en Martinique, à l’île Maurice, à La Réunion…). Avec ces deux mesures, des centaines de milliers de personnes furent ainsi maintenues dans l’esclavage jusqu’à son abolition, en 1848. L’exposition reviendra sur les répercussions mondiales de la politique coloniale de Napoléon. Les coorganisateurs, la Réunion des musées nationaux et la Grande Halle de La Villette, épaulés par la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, entendent ainsi contrebalancer le récit de l’épopée napoléonienne.