En regardant la photo : les 2 bâtiments jumeaux encadrant la statue de ND de la forêt en arrière-plan du château, celui de gauche abritait les élèves de l'école, il est aujourd'hui détruit il menaçait ruine, et celui de droite le scolasticat des frères de saint Gabriel. On aperçoit d'ailleurs des ensoutanés à droite...
Ayant repoussé les désirs du clan des femmes et du curé-doyen : me voir entamer le parcours au petit séminaire pour devenir curé, au nom de mon amour précoce pour les filles, un beau jour j’annonçai que je ne souhaitais pas aller au collège aux Sables d’Olonne mais, à l’école d’agriculture ND de la forêt, et ce au motif, qui fit sourire mon père, de devenir gentleman-farmer. Comme mes désirs étaient des ordres ma mère obtempéra.
Ainsi, à 11 ans, je partis, à 500 mètres du Bourg-Pailler, comme interne à l’école d’agriculture ND de la forêt. Je revenais à la maison, une fois par mois le dimanche. Des fenêtres du dortoir j’apercevais le toit du Bourg-Pailler. Nous cumulions un enseignement général avec un enseignement agricole et 3 heures de travaux pratiques tous les jours sauf les samedis-dimanches. Lorsque je suis entré à cette école il n’existait aucun diplôme agricole officiel, celui-ci vint avec Edgar Pisani qui créa le BTA. Le frère supérieur décréta, sans consultation de nos parents, que : les meilleurs passeraient le baccalauréat et les autres, je vous fais grâce du qualificatif, se coltineraient le BTA. Cette manip était possible car, flanqué à notre école, il y avait un scolasticat des frères du Bienheureux Grignon de Montfort, dit de Saint-Gabriel la maison mère. J’étais entré directement en 5e et, lorsque la décision fut prise je terminais ma 4e, le frère supérieur nous fit sauter directement en seconde et, ainsi, après la 1er nous fûmes présentés au dernier examen probatoire (dit 1er partie de bac) en compagnie d’une escouade de scolastiques qui avaient troqué pour l’occasion leur soutane pour des costards ringards. Nous fûmes tous reçus et priés d’aller passer le baccalauréat ailleurs. Ainsi, je me retrouvai à l’Institut Amiral Merveilleux du Vigneau aux Sables d’Olonne.
J’ai donc effectué mes études secondaires à la vitesse d’un TGV : 6 ans, je me retrouvais bachelier juste avant mes 17 ans. Je n’ai jamais regretté ce choix car il a décidé de mon avenir, en effet, l’aumônier de l’école : l’abbé Blanchet qui voulait faire de moi, comme son neveu Michel Albert, un énarque m’a permis de jeter aux orties mes oripeaux de gentleman-farmer, de m’inscrire en section Philosophie puis à la Fac de Droit où mai 68 envoya l’ENA aux oubliettes.
Dans la présentation qui suit, très orientée car elle l’œuvre de la congrégation, 3 frères sont cités : le frère Buton le fondateur qui m’enseigna la géologie, le frère Guibert qui tenait la ferme qui m’a donné le goût des animaux, et le frère Bécot, prof d’histoire, royaliste et homme du vin, des hybrides, qui a semé les premières graines qui me mèneront aux vins nu.
J’ai donc fait mes études au grand air, à la fois soumis à une discipline de fer mais aussi à une forme de liberté que nous nous inventions, ce furent des années sereines et heureuses qui m’ont permis de me forger une colonne vertébrale et de faire les choix que j’ai fait.
Même si nous allions souvent à la messe les principes fondateurs de « donner aux jeunes gens une éducation morale et religieuse et d'apprendre aux fils d’agriculteurs à tirer plus de profits de leurs terres par la mise en œuvre de meilleurs procédés en culture et élevage » ne nous bridaient pas trop.
L’école était une référence qui avait fait dire à Jean Yole que l'école était « le lieu de pèlerinage agricole vendéen ».
Entre 1940 et 1960 l'école connaît un rayonnement national : augmentation des effectifs (102 élèves en 1948), visite de ministres de l'agriculture, modernisation des installations. C'est à partir de 1960 que l'école connaîtra de grands changements. Cette année-là, une association de parents d’élèves est créée avec pour but la gestion et la définition des orientations de l’établissement. En septembre 1966, l'établissement est transféré à la Roche sur Yon et devient, en janvier 1970, « l'Ecole Secondaire d'Agriculture ». En 1974, elle prend le nom « d'Ecole d'Agriculture des Etablières », les Etablières étant le lieu-dit de son installation aux portes de la Roche sur Yon. Avec les années 70 vient l'ouverture des premières sections de BTS, le départ des frères qui laissent place aux laïcs (1978)
J’y ai enseigné en préparant ma thèse de doctorat.
En 1922, répondant au don généreux de Mme Érieau, en lien avec le syndicat des agriculteurs de Vendée, s'ouvre à La Mothe-Achard, une école d'agriculture.
En Vendée, à mi-chemin entre La Roche-sur-Yon et Les Sables-d'Olonne, un peu avant La Mothe-Achard, se dresse un château Renaissance, entre un étang et une haute futaie qui a donné son nom au vaste domaine environnant (80 hectares), la Forêt. Il appartient à Madame veuve Érieau, d'Aizenay. Son fils unique lui avait demandé d'affecter le domaine à une bonne œuvre s'il ne revenait pas de la guerre de 1914. Il fut effectivement tué et Mme Érieau offrit sa propriété à Saint-Gabriel.
À la même époque, le syndicat des agriculteurs de la Vendée, qui projette la création d'une école d'agriculture, s'adresse à Saint-Gabriel et laisse entendre que le domaine de la Forêt lui conviendrait bien. Il fallut beaucoup de temps pour faire comprendre à Mme Érieau que cette école permettrait d'abriter à son ombre, à l'insu des pouvoirs publics dont le sectarisme était toujours virulent, un scolasticat qui serait l'œuvre religieuse à laquelle elle tenait.
Ainsi naquirent presque ensemble, à partir de 1922, deux œuvres qui devaient coexister en bonne entente pendant 43 ans. En 1923, la société immobilière et agricole, propriétaire légale du domaine de la Forêt, fait construire, avec l'appui financier du syndicat des agriculteurs de Vendée, un important bâtiment scolaire qui ouvre ses portes en octobre 1924.
L'école d'agriculture se développe grâce à son directeur-fondateur, le frère Henri Buton. Il y passera 64 ans et s'identifiera avec elle. Pour atteindre tout le monde paysan vendéen, il organise des cours agricoles par correspondance et des journées du blé et de la vigne. Il crée la première station météorologique de France. Plus tard, pendant les deux décennies d'épanouissement de l'école (1940-1960) où les élèves viennent de tout l'ouest de la France, le Frère Buton et son équipe (dont le frère Bécot, œnologue remarquable, et le frère Guibert, cheville ouvrière de tous les travaux d'aménagement) publient des plaquettes dont l'une L'exploitation familiale agricole, chance de la France (1953) est récompensée par le ministère de l'Agriculture.
Frère Henri Buton (1891-2002) fut de ceux qui fondèrent l'école d'agriculture de La Mothe-Achard. Durant plus de quatre décennies, il dispensa ses cours aux futurs agriculteurs et participera au renouvellement des techniques de la profession.
Il rédigea aussi plusieurs livres d'agronomie, importants pour l'enseignement agricole de l'époque.
Mais saviez-vous qu'Henri Buton était né à Maché ? Qu'il était un fils de marchand de bétail ? Il quitta Maché pour poursuivre ses études à Saint-Gabriel, Saint-Laurent-sur-Sèvre, où il décida de devenir frère de Saint-Gabriel.
Parallèlement à son activité d'enseignant, il constitua une remarquable collection de minéraux, fonda la première station météorologique de Vendée au sein de son école, s'adonna avec passion aux recherches d'histoire locale.
Après cette très longue vie de recherches et d'écrits, il mourut à l'âge canonique de 111 ans.