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12 mars 2021 5 12 /03 /mars /2021 06:00

Vue depuis l’avenue Pierre-Mendès-France. Laurent Thion/Ecliptique pour «Le Monde»

Pendant la Covid 19 les journalistes s’ennuient, ils ne peuvent aller à Orly voir décoller les avions, y’a plus d’avions, ni traîner dans les bars, surtout ceux à vins, ni se régaler dans les restos food, ils sont fermés, alors ils errent comme des âmes en peine à la recherche du sujet saignant, clivant, qui les fera remarquer par leur rédac-chef.

 

Et soudain, entre les derniers pavés de Paris, émerge, grâce aux génies de la technocratie, une petite pousse, les commerces essentiels en cas de confinement, les librairies ont rejoint peloton, les cavistes eux y étaient déjà. Alors ils se ruent, tels des morts de faim, crachent vite fait bien fait sur le gaz un article, la frêle pousse s’avère être du chiendent.

 

J’ai glané 3 articles dans Le Figaro, Le Parisien et Télérama.

 

Dans les deux premiers les journalistes ont puisé à une source syndicale : Nathalie Viet, déléguée générale du syndicat des cavistes professionnels (SCP), la boutique du bon père Yves Legrand d’Issy-les-Moulineaux dont font partis, horreur-malheur, les cavistes franchisés (Nicolas, Nysa, Le Repaire de Bacchus, Les Domaines qui montent…)

 

Celui de Télérama, lui, est militant, les deux compères sont des redresseurs de torts – c’est l’ADN de Télérama, la morale des curés à fait place à une bien-pensance genre insoumis – ils trient le bon grain de l’ivraie, même que dans le bon ils pointent ceux des cavistes qui se vouent corps et âme à la satisfaction des licheurs du vin nu. N’empêche qu’ils ont un côté Bettane/Desseauvien : ils font la promo des copines et des copains, tancent les moutons noirs qui margent comme des vulgaires prédateurs, saignent aux quatre veines les vignerons.

 

Qu’en savent-ils ?

 

Rien !

 

Rien que des rumeurs qui courent dans le Mondovino cher à l’abominable Pousson, des approximations chères à leur copain, qui se prend pour le gourou des vins nus, Antonin Iommi-Amunategui. Ont-ils analysés les comptes des cavistes indépendants pour étayer leurs insinuations malveillantes ? La réponse est non ! Bien installés dans leur statut de salarié ils sont exigeants vis-vis-à-vis d’une population qui ne roule pas sur l’or, ils ignorent le pouvoir des agents, les allocations qui alourdissent les stocks, leur désir de vins nu abordables en prix montre qu’ils se contrefichent de ce qui va vraiment dans la poche du vigneron. Tous  des moines à leur service : cavistes, vignerons, l’important c’est tout pour leur gueule. C’est le degré zéro du journalisme.

 

Ça me fout en rogne de lire dans :
Vin nature : nos dix cavistes essentiels à Paris ICI

 

« Alors que les cavistes parisiens appliquent bien souvent des coefficients multiplicateurs de 2,5 ou 3 (sur le prix hors taxe des bouteilles achetées chez les vignerons), Agnès ne dépasse jamais le « fois 2 ». C’est peut-être un détail technique pour vous mais pour nous qui visitons pas mal de cavistes, ça veut dire beaucoup. Ça veut dire d’abord qu’Agnès respecte le travail et les efforts des vignerons pour sortir des vins accessibles et qu’elle refuse la surenchère de certains collègues, toujours prompts à justifier leurs tarifs exorbitants à cause des loyers parisiens... Réputée pour payer ses fournisseurs à la commande (et pas après avoir revendu leurs bouteilles, comme le veut une certaine tradition...), Agnès est de fait a-do-rée par les vignerons. Et bien sûr par sa fidèle clientèle, dont elle connaît les goûts et les prénoms. Bref, Agnès, c’est le bon accueil, le bon prix et le bon conseil. »

 

Ma pomme, qui visite, autant de cavistes que les duettistes moralisateurs, j’ai acheté du vin Au bon vingt lorsque j’allais m’approvisionner en légumes à Veni Verdi, j’ai pris la peine de comparer ses prix avec d’autres cavistes où je m’approvisionne, et j’ai constaté que ces derniers se situaient sur la même ligne. Et pourtant les loyers de Paris Centre sont plus lourds que dans le 20e ou à Ivry chez l’ami Paco qui fait un superbe boulot de caviste. Quant aux délais de paiement les salariés de Télérama déconnent à plein tube, il y a des délais légaux que pratiquent la grande majorité des cavistes, certes il y a comme dans toute profession, chez les restaurateurs aussi, des mauvais payeurs, ils sont connus des vignerons.

*18 juillet 2015 « Rien ne m’arrête, même pas le cagnard qui tape, je passe la Seine pour me rendre sur les hauteurs du 20e où les jardinières des toits de Veni Verdi ont planté leur étal chez Agnès Barraco la tenancière d’Au bon Vingt 52, rue de Bagnolet.

 

Ça grimpe, fait chaud !

 

Je suis venu acheter un pot de miel des abeilles du 20e et 2 rosés pas faciles à trouver ceux du domaine de la Paonnerie du côté d’Ancenis. » ICI

 

De plus, je me gondole grave avec le titre car ces 10 cavistes ne proposent pas que des vins nu stricto sensu, les vins bio ou biodynamique ne sont pas forcément des vins nature, alors de grâce arrêtez de nous faire chier avec une militance à 2 balles de bien lotis.

 

Je suis vieux, j’ai du pognon, dans mon budget les vin nu, les livres, l’alimentation de proximité occupent une large place, je suis donc un « grand souteneur » des cavistes indépendants, des libraires du même cru, des producteurs agricoles respectueux de la nature, alors je n’ai nul besoin des nouveaux Bettane&Desseauve pour me fourguer leur camelote morale.

 

De plus, leur bel hebdo se gave de publicité en provenance des négociants champenois, bordelais ou autres qui ont les moyens de se les payer, alors à camp les actes conforment aux belles paroles ?

 

Suis abonné à Télérama depuis une éternité, j’avoue que c’est de ma part une forme de masochisme, ils me font chier ces nouveaux curés du groupe Le Monde (je suis aussi abonné au Monde et au Courrier International logé dans le même immeuble et dont les actionnaires sont bien évidents la crème des gens chers à Mélenchon : Pigasse et Niel.

  

 

Au Bon Vingt (Paris XXème), le 18 février 2021.Au Bon Vingt (Paris XXème), le 18 février 2021. Arthur Crestani pour Télérama Sortir

«Les ventes ont explosé » : à Paris, la pandémie profite aux cavistes ICI

 

Jérémie Couston, Jean-Baptiste Roch

Publié le 03/03/21

 

Avec les bars et les restaurants fermés, les cavistes ont tiré leur épingle du jeu en bénéficiant du statut de commerce essentiel. Portrait d’une profession à part qui se donne pour mission de vendre de la convivialité.

 

« Pendant le premier confinement, on a tous grossi ! » observe, amusée, Élodie Cadiou, la tenancière d’Et si Bacchus était une Femme (Paris, 5e). Si son constat ne s’appuie sur aucune autre méthode statistique qu’un tendre coup d’œil à la silhouette de ses clients, après des mois de réclusion et de petits plats faits maison, la caviste ne remet pas en cause le french paradox, ce concept anglo-saxon un peu fumeux qui pointe la contradiction apparente entre un régime français riche en gras et en alcool et la relative bonne santé de la population. Comme tous ses collègues, Élodie Cadiou a bénéficié d’un autre paradoxe hexagonal : le fait que le vin et les cavistes aient été définis comme un bien et un commerce essentiels, au contraire des fleuristes, libraires, cinémas ou artistes de la Comédie-Française…

 

Le confinement ? Une aubaine...

 

Rares sont les Français à trouver satisfaction dans les confinements et couvre-feux à répétition. Mais durant cette sinistre période, le plébiscite en faveur des commerces de proximité à Paris et dans sa banlieue a permis à certains de tirer leur épingle du jeu. Pour beaucoup de cavistes, et surtout les indépendants, la fermeture de la plupart des magasins a agi comme un accélérateur de notoriété. « On cherche l’origine du virus sur un marché chinois, mais ne le répétez pas : il a été inventé par les cavistes ! » plaisante Agnès Baracco, l’heureuse propriétaire d’Au Bon Vingt, qui abreuve depuis dix ans les habitants du 20e arrondissement en quilles de joie à prix modérés. « Le confinement m’a offert une visibilité que je n’aurais jamais eue autrement », raconte Sandrina Saymard, qui a ouvert Aux Libres Buveurs, près du canal de l’Ourcq (19e), il y a à peine deux ans. Même constat d’aubaine chez Sophie Nézet, à la tête du Ravitailleur (12e), fondé moins d’un an avant le premier confinement : « Avec les grèves de décembre 2019, les manifs, j’ai connu des débuts très difficiles. Mais à partir du 13 mars 2020, les ventes ont littéralement explosé. » Une embellie constatée par une majorité de cavistes parisiens, à la différence de leurs confrères d’autres régions, plus rurales et moins peuplées, « où la casse est bien plus répandue », rappelle-t-on du côté du Syndicat des cavistes professionnels.

 

La récente ruée chez les cavistes de quartier est d’autant plus remarquable que, depuis des lustres, le vin s’écoule surtout dans la grande distribution et à bas prix. En France, ce beau pays où le « repas gastronomique » est considéré depuis 2010 comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité, huit bouteilles sur dix sont vendues en supermarché et les deux tiers ne dépassent pas les 3 euros. Un tarif introuvable à la cave du coin, bien évidemment, et incompatible avec une agriculture durable. Mais la limitation des déplacements due aux confinements et aux couvre-feux a logiquement favorisé les petites enseignes : la moitié des 5 800 cavistes hexagonaux sont implantés dans les centres-ville, et sur le bon millier que compte la région parisienne, 500 sont situés intra-muros. La partie était pourtant loin d’être gagnée. Contrairement aux idées reçues, la consommation d’alcool en France décroît inexorablement depuis les années 1960. Et au niveau mondial, en 2020, la baisse a avoisiné les 8 %. Mais le vin reste un produit à part. « Avec le confinement, la vie des Français s’est ralentie : on a réappris à vivre en famille, à mieux manger, à mieux boire », estime Élodie Cadiou.

 

Ne dites plus Cubi, dites BIB, c’est plus chic

 

Le stress des visioconférences enchaînées du matin au soir, le désœuvrement des travailleurs indépendants ou des intermittents soudain privés de commandes ou de cachets, la gestion des enfants et du conjoint à la maison au quotidien : les motifs pour lever le coude ne manquaient pas au printemps dernier. « Les gens voulaient des bouteilles pour les apéros Zoom, puis pour les apéros tout court avec les voisins, se souvient Sandrina Saymard. Tout le monde s’est remis à la cuisine, et grâce à la convivialité du repas, le vin a fait l’objet d’une nouvelle curiosité. » La virée chez le boulanger, le caviste ou le boucher est devenue un rituel pour échanger, sociabiliser ; souvent la seule sortie de la journée autorisée, avec attestation dûment remplie. Alexis Zaouk, qui a ouvert en juin 2019 La Cave d’Alex, à Nanterre, n’a guère vendu de bouteilles de son « remède miracle contre la dépression » (la Chartreuse !) : « J’avais plutôt des clients qui cherchaient des vins légers et digestes pour le déjeuner, afin de ne pas s’endormir devant leur écran à la réu de 14 heures. Tous éprouvaient le besoin de parler. »

 

« Le vin est souvent meilleur quand on connaît le nom du vigneron qui l’a mis en bouteille et celui du caviste qui nous l’a vendu. »

 

Avec les vins « glouglou » (faciles à boire et pas trop chers), l’autre grand gagnant du coronavirus est le BIB, ou Bag-in-Box, appellation moderne du bon vieux Cubi, avec son petit robinet et son goût de reviens-y. Vincent Baverel, créateur de Let it BIB, le premier site de vente en ligne consacré exclusivement au vin en BIB, confirme la tendance et le changement de mentalité : « Plus écolo, plus économique, plus pratique, le BIB a moins mauvaise presse qu’à une époque. Ma clientèle est encore essentiellement parisienne, mais elle se diversifie avec le temps. J’ai aussi bien des jeunes de 25 ans qui sortent de la sempiternelle vodka que des petites dames de 70 ans. »

 

 

Privé de voyages, de sorties, de restos et de bars, le Français a eu plus d’argent pour ses besoins « essentiels ». Bruno Legembre, de La Vinothèque de Saint-Denis, le seul caviste indépendant dans cette ville de 110 000 habitants, a bien profité de la crise, en plus de la pression immobilière qui a fait refluer les familles parisiennes dans sa commune de Seine-Saint-Denis. « Le client qui achetait d’habitude une bouteille à 10 € repartait plus volontiers avec trois bouteilles à 15 € et parfois avec un carton. » La prise de conscience des enjeux environnementaux et la remise en question de la société de surconsommation qui ont émergé pendant le confinement ont incité les néophytes à pousser la porte de leur caviste. « Le vin est souvent meilleur quand on connaît le nom du vigneron qui l’a mis en bouteille et celui du caviste qui nous l’a vendu », explique Antonin Iommi-Amunategui, auteur et éditeur d’un des rares livres sur le sujet (Cavistes. 100 prescripteurs de vins d’auteurs, éd. Nouriturfu, 2019).

 

 

Un appétit de découvertes que satisfait avec joie Sophie Nézet : « C’est notre travail de commerçants de proximité de susciter et de répondre à la curiosité. On est loin du supermarché, où, n’ayant pas les connaissances nécessaires pour s’y retrouver dans les vins, le client est perdu. » Et pour faire face à une demande et à une situation exceptionnelles, les cavistes se sont vite adaptés. Lors du premier confinement, Agnès Baracco a ressorti son vieux bicloune pour livrer les clients confinés qui passaient commande par un coup de fil ou par un SMS. « Pas un chat dans la rue, météo au beau fixe : les conditions étaient idéales pour faire du vélo dans Paris, se souvient la caviste reconvertie dans la livraison à domicile. Il y avait l’angoissée qui demandait de laisser le carton au pied de l’immeuble et balançait un chèque par la fenêtre, le soignant qui descendait avec une paire de masques en cadeau, à une époque où ils étaient introuvables. » Le Nanterrien Alexis Zaouk a, lui, transformé sa page Internet en site commercial et livrait lui-même en voiture dans les communes alentour (Rueil, Colombes, Suresnes, Chatou…).

 

Des rendez-vous tous les quarts d’heure

 

À la différence des cavistes franchisés (Nicolas, Nysa, Le Repaire de Bacchus, Les Domaines qui montent…), les indépendants, souvent gérés par une seule personne, ont pu modifier leurs horaires et réagir avec plus de souplesse. Institution de la banlieue est, La Cave d’Ivry a connu deux semaines de fermeture au printemps dernier, avant de se réinventer. Fournisseur régulier de bon nombre de théâtres et de restaurants parisiens qui lui ont confié l’élaboration de leur carte des vins, son patron, Paco Mora, a dû trouver d’autres débouchés pour maintenir son activité. Comme ailleurs, les clients ont répondu présents dès le début du confinement, faisant parfois la queue deux heures avant de pouvoir entrer dans la boutique un par un. « Très vite, explique le caviste, j’ai mis en place un système de rendez-vous tous les quarts d’heure, comme chez le médecin, pour éviter l’attente. Et je faisais des livraisons gratuites dans toute l’Île-de-France. L’A86 était déserte, je mettais vingt-cinq minutes au lieu des deux heures habituelles. » Mais pour Élodie, Agnès, Sandrina, Vincent, Paco et les autres, dont la vie repose sur les rencontres, les dégustations, le partage et les joyeux débordements que le vin parfois procure, le plus important n’est pas le chiffre d’affaires en hausse. Tous disent leur impatience de revoir, un jour, sous les yeux qui brillent, la possibilité d’un sourire.

 

Malgré la crise, les cavistes se maintiennent en bonne forme

 

Empêchés de se rendre au restaurant ou dans des bars, les Français se sont tournés vers ces professionnels de proximité qui connaissent en moyenne une hausse de leur chiffre d’affaires.

Par Coline Vazquez

 

En 2020, plus de huit cavistes sur dix ont dit avoir augmenté leur chiffre d’affaires de l’ordre de 10 à 20 %. Pixabay

 

 

À défaut de pouvoir boire un verre de vin ou un cocktail en terrasse, les Français se tournent vers leurs cavistes pour déguster de bons crus. La profession a en effet été mise en lumière par la crise sanitaire qui maintient fermés bars et restaurants.

 

 « Il y a une tendance générale qui s’est accélérée avec la crise qui consiste à se reconnecter à son environnement proche. Les cavistes ont donc plutôt consolidé leur rôle en soignant la relation humaine avec leurs clients », explique au Figaro Nathalie Viet, déléguée générale du syndicat des cavistes professionnels (SCP). Un phénomène qui se traduit par une hausse moyenne de leur chiffre d’affaires sur l’année 2020. Selon une enquête de la Confédération générale de l’alimentation en détail (CGAD), sur les commerces alimentaires spécialisés de proximité, plus de huit cavistes sur dix ont dit avoir augmenté leur chiffre d’affaires de l’ordre de 10 à 20 % contre un peu moins d’un commerce sur deux pour le reste des établissements de proximité interrogés par l’enquête. « Il y a une vraie bonne santé des cavistes sur la fin de l’année ce qui est logique puisque c’est une période de fête », analyse Nathalie Viet. Ces bons résultats se poursuivent en 2021 puisqu’en janvier un peu plus de sept cavistes sur dix connaissaient une activité stable ou en hausse par rapport à l’année précédente.

 

Les cavistes de province en difficulté

 

La déléguée générale du syndicat des cavistes tient toutefois à nuancer cette bonne forme générale soulignant des « situations disparates ». Selon elle, si les grandes villes comme Paris ont bénéficié d’un report de la consommation des bars et restaurants et du besoin de retrouver du lien social par le commerce de proximité, les cavistes de provinces sont, eux, plus en difficulté. « Ils ont souffert de l’impossibilité des rassemblements entre amis ou familiaux » qui s’est moins ressentie dans les grandes villes. « Le caviste est un commerce de province et très réparti sur le territoire. Ceux de la capitale ne représentent que 20 % des 5800 points de vente », rappelle Nathalie Viet. Les professionnels situés dans les zones touristiques ont eux aussi accusé le coup.

 

En ce qui concerne 2021, le syndicat des cavistes professionnels veut rester optimiste. Même si bars et restaurants rouvrent leurs portes, le secteur compte sur « la fidélisation de ces clients qui ont découvert les cavistes ». D’autant que même si les Français voudront sortir de chez eux et consommer dans ces établissements, « certains ont pu goûter ces derniers mois de très bonnes bouteilles qu’ils n’osaient pas s’offrir au restaurant et qui sont à des tarifs plus abordables chez nous », ajoute Nathalie Viet. Sans compter que bon nombre de cavistes avaient pour clients bars et restaurants et attendent donc leur réouverture avec impatience.

 

Quant à la filière viticole, elle a été lourdement touchée par la crise mais aussi par les taxes douanières imposées par Donald Trump sur plusieurs pays européens, dont les vins français. Mais elle vient d’enregistrer une première victoire. Début mars, l’administration Bien a décidé de suspendre pour quatre mois la surtaxe imposée par son prédécesseur

 

Confinement, couvre-feu... Avec les restrictions, les cavistes connaissent un très bon cru

Les vendeurs de vins, champagnes et spiritueux connaissent, depuis la mise en place des restrictions de déplacement, une croissance à deux chiffres. Ils profitent de la fermeture des bars ou restaurants et du retour en force des commerces de proximité

Par Elie Julien 

Le 10 mars 2021 

 

«On se demande d’où ça sort! Chaque jour on a des surprises, c’est inespéré. Les gens boivent mieux.» Comme l’explique Baptiste Léger, caviste chez Nicolas dans le XVIIIe arrondissement de Paris depuis novembre 2014, le secteur a connu «une explosion du marché depuis décembre 2020». Sur ces dernières semaines, le groupe Nicolas, qui rassemble 500 magasins dans toute la France, dont 320 en région parisienne, observe une hausse des ventes de vins, spiritueux et champagnes de 20 à 25 %.

 

Selon la direction du groupe qui fêtera son bicentenaire l’an prochain, il y a des décennies que l’entreprise n’avait pas connu un tel début d’année. La secrétaire générale des 5800 cavistes professionnels, Nathalie Viet, confirme une hausse nationale de 10 à 20%.

 

Chez Baptiste, la hausse de fréquentation est de 15% en février et 19% en janvier (par rapport à l’an dernier). «Maintenant, on a du monde toute la semaine. Même le week-end, cela augmente avec 150 à 200 ventes le samedi», apprécie le caviste. Outre la fréquentation, le panier moyen a lui aussi grimpé: «on est passé de 20 euros à 25-27 euros», assure Baptiste. Un regain d’activité qui s’explique par plusieurs facteurs.

Bars et restaurants remplacées par des soirées à domicile

 

Au premier rang des causes de cette hausse, on retrouve bien entendu la fermeture des bars et restaurants. Un report mécanique dont auraient davantage bénéficié les cavistes que la grande distribution. Selon la Fédération du Commerce et de la Distribution, en janvier, les ventes de vins ont augmenté de 9,5% par rapport à décembre 2020, un mois favorable aux vins. Sur un an, la hausse «n’est que» de 2%. «Cette dernière se tourne elle aussi vers nous pour commander», dévoile Christopher Hermelin, directeur communication et marketing chez Nicolas.

 

Mais la vraie hausse tient plutôt aux rassemblements organisés à domicile, souvent au grand dam du gouvernement et des recommandations à limiter les repas et apéritifs collectifs. Les cavistes sont les premiers témoins de ces organisations de soirées, en hausse alors que certaines régions du pays entament leur vingtième semaine de restrictions (confinement et couvre-feu) consécutives.

 

«Lorsque l’on a une commande de livraison de 24 bouteilles un vendredi soir, notre client ne nous cache pas qu’il organise une fête à neuf ou dix, admet Baptiste. Mais ils ne faut pas les blâmer. La plupart du temps, ce sont des soirées à six maximum», assure le confident de nombreux parisiens. Dans sa rue, un petit cheminement entre sa fromagère voisine et lui révèle le succès des raclettes et autres fondues. «Des plats que l’on partage rarement à deux», s’amuse Baptiste.

 

Mais outre ces rassemblements, qui remplacent les repas ou verres entre amis au bar après le travail, les fameux «after-work», le caviste observe un autre phénomène. «J’ai des commandes pour des repas d’affaires à domicile. Ces clients, qui ont un bon budget, prennent un repas à emporter dans un restaurant et viennent chercher du vin ici. Ils se rendent compte que l’on fait moins de marge que les restaurants, donc ils achètent même des très bons vins». Les livraisons et commandes sur Internet ont aussi connu une hausse de 20%, comme dans de nombreux secteurs.

 

Licenciée en août à cause du Covid, Pauline Minier, 25 ans, ne pouvait rêver meilleur départ pour sa société Caviste en Ligne. Lancée il y a trois mois, elle a vu le nombre de livraisons de ses vins bio à Paris croître exponentiellement avec jusqu’à sept livraisons par jour le week-end.

Télétravail et isolement

 

La mise en place d’un service de conseil et commande par téléphone, lancé pendant le premier confinement par le groupe Nicolas, a connu un réel succès. «Beaucoup de personnes sont isolées depuis des mois. Le contact humain des cavistes est clairement recherché. Sans oublier que certains ont peur, sanitairement, de sortir de chez eux», observe Christopher Hermelin, la patron de la communication.

 

Une tendance accélérée par le confinement et le couvre-feu. Un aspect sociétal que veut rappeler Nathalie Viet. «Ces achats ne se limitent pas a un produit. Le vin, ce n’est pas que de l’alcool. C’est aussi du goût, qui rassure dans notre société, qui fait du bien au moral et à l’estomac lorsque l’on est en perte de sens», fait-elle remarquer. Le vin comme valeur refuge, en somme.

 

Le télétravail, parfois difficile pour certains, a aussi été l’occasion de prendre des initiatives absente lors de repas en entreprise ou avec les collègues. «Beaucoup de Français ont besoin et envie de se faire plaisir. Il n’est pas rare que nos clients nous confient boire un verre en déjeunant le midi chez eux, ce qu’ils ne faisaient pas avant », assure Christopher Hermelin.

 

C’est le cas d’Aby, une pétillante habitante du XVIIIe arrondissement de Paris. «Cela m’arrive, reconnait la trentenaire. Je vais de plus en plus chez le caviste depuis un an, mais cela reste majoritairement pour des soirées chez des amis. Mon caviste connait mes goûts et ça compte». Elle achète ainsi deux bouteilles à 10-15 euros par semaine. «Au supermarché, on ne sait pas ce qu’on achète. On fait souvent en fonction du prix en se disant que c’est gage de qualité», raconte celle qui travaille en immobilier d’entreprise.

La filière vin reste en grande difficulté

 

Si cette cliente fidèle continuera à soutenir son commerce de proximité, l’avenir est toutefois brumeux pour le secteur. Qu’en sera-t-il à la réouverture des bars et restaurants? «Pas d’euphorie» confie-t-on chez Nicolas, qui, comme la représentante de la filière, ne s’attend pas à une année de croissance en 2020.

 

«Peut-être que nos prix, nos conseils, la qualité de nos produits vont faire rester les nouveaux clients, souvent des jeunes. Sinon, ils reprendront leurs habitudes...», n’ose pas se mouiller Baptiste. «Les clients séduits par la proximité vont rester. Mais les cavistes ont souffert de l’annulation de mariages, de la chute du tourisme, la fermeture des restaurants routiers...», tempère Nathalie Viet, du syndicat des cavistes.

 

D’ailleurs, la hausse de ces ventes chez les cavistes ne se ressent du côté des producteurs. Selon le Comité national des interprofessions du vin (Cniv), la seule fermeture des restaurants et bars en 2020 a généré 1,5 milliard d’euros de perte. Ce à quoi il faut ajouter la taxe Trump - que vient de supprimer Joe Biden- et qui a coûté 400 millions d’euros à la filière l’an dernier. Sans oublier le quasi-arrêt des exports... FranceAgriMer calcule une perte d’un milliard d’euros (-11% en volume) après cinq années consécutives de croissance.

 

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commentaires

P
Boudiou ! Ca c’est de la chronique, documentée, argumentée, pleine de fougue et de passion.<br /> Un article de fond comme on disait « de mon temps ».<br /> Le sujet le mérite, tant on voit le n’importe quoi s’emparer de sujet en vogue, pour faire la bouse ou faire du fric. En exemple, le célèbre jambon espagnol Pata Negra. Ce que l’on trouve, comme soi disant tel, est incompatible avec la surface l’aire de production ouvrant droit à l’appellation. Mais dans le cochon tout est bon pour faire du fric.<br /> Bravo aussi au Taulier pour sa fidélité. Ce n’est pas la première fois qu’il évoque l’urticaire que peut lui causer la lecture de ce magasine. Pour ma part, j’ai jeté l’éponge depuis longtemps pour les mêmes reproches que lui adresse le Taulier. Idem aussi pour le « L’Obs » rebaptisé ainsi sans doute pour faire d’jeune. « De mon temps » c’était « Le Nouvel Observateur ». Très en vogue chez ceux qu’on appel aujourd’hui les Bobos sa lecture donnait l’impression qu’il fallait être du sérail pour comprendre ce qu’avançaient ces rois de l’entre soi. Je n’y étais fidèle qu’en raison de la chronique (déjà) de Bernard Frank *. C’est dire que je les ai abandonnés sans peine quand Frank les a quittés pour Le Monde. C’est pour le même reproche de spécialiste de l’entre soi que j’ai abandonné Libération des grandes années. Mais la vraie raison c’est que je n’ai jamais réussi leurs mots croisés.<br /> <br /> So long’<br /> <br /> * On ne peut que recommander aux jeunes qui savent lâcher leurs smerdphones par ce qu’ils aiment la littérature de faire connaissance avec un des plus grands écrivains du XXème siècle.<br /> Son intelligence et son humour vous réjouira.
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