« Encore un que les boches n’auront pas ! »
« Combien de fois ai-je entendu ça ? » dans la bouche du pépé Louis après qu’il eut sifflé un godet en compagnie de ceux qui, comme lui, s’étaient tapés leurs jeunes années (certains osent parler de génération sacrifiée pour nos pioupious du Covid 19) dans les tranchées de ce qui devait être la Der des der, la boucherie de 14/18.
« Un vin comme celui-là, ça monte pas à la tête, ça caresser le cerveau. […] Et c'est toujours ça que les Boches n'auront pas... » Les pieds-bleus, Claude Ponti.
Bruno Frappat, dans la Croix, évoquant un livre de Ludovic Halévy (1834-1908) s’était rendu célèbre par les livrets d’opérette écrits, notamment, avec son acolyte Henri Meilhac (1831-1897) pour le compositeur Jacques Offenbach. ICI
Celle-ci aurait pu légitimement être appelée la «Première Guerre». Mais elle n’aura pas eu ce douteux privilège. La guerre de 1870-1871 n’a laissé que peu de traces dans nos mémoires, éclipsée qu’elle fut par la suite des temps et des calamités : par sa conclusion terrible, la Commune ; par la guerre de 1914-1918, dite la Première, ou la Grande, ou… la Der des der ; par la «Seconde», enfin, dont il reste de nombreux survivants. Pourtant elle fut comme une répétition générale, une anticipation atroce.
Pourtant aussi, dans de nombreuses familles françaises, surtout à l’est et au nord du pays, les anciens, nos grands-parents, nés juste après, en parlaient encore avec des tremblements d’émotion, dans les années cinquante. Et lorsqu’ils évoquaient les combats et la boucherie de 14-18, souvent ils appelaient les Allemands les «Prussiens», utilisaient des expressions comme celle-ci, vengeresse et entendue si souvent après qu’une soupe a été avalée : «Encore une que les Prussiens n’auront pas.»
Chez nous, c’était moins subtil, et même que l’appellation BOCHES est gravée dans le premier pont en béton armé construit en Vendée, enjambant le fond du lit de l’Yon long de 20 mètres pour 2,50 m de large. Inauguré en 1907, construit par une entreprise allemande qui exploitait la mine des Thermelières peu avant la grande guerre, il fut surnommé « Pont des Boches ». ICI
Les wagonnets chargés de minerai de fer descendaient par gravité jusqu’à l’Yon. Au pont, des chevaux les remontaient jusqu’à la gare de marchandises de Beaupuy, où le minerai partait pour le port des Sables-d’Olonne. « Le procédé, n’a pas quinze ans quand une des premières réalisations européennes, [le Pont], est lancée face à La Berthelière. Les piles en pierre, l’absence de culées et la pose du tablier sur des roulettes de dilatation en font un ouvrage patrimonial qui mériterait quelques égards à la veille de son centenaire. »
Au début du XXe siècle, les terres où coulait l’Yon, étaient partagées entre La Ferrière et Dompierre. Et le pont était considéré comme étant sur le territoire de La Ferrière. Un pont oublié…
Faut-il classer le pont des Boches ?
Faut-il changer le nom du pont ?
On le sait, le nom de pont des Boches ne fait pas l’unanimité. Certains le considèrent comme péjoratif envers les Allemands. La Ferrière est jumelée depuis 1997 avec Wandlitz, une commune au nord de Berlin. Jean-Luc Soulard, un habitant de La Ferrière, a interpellé la mairie à ce sujet dans un courrier, voyant arriver le 25e anniversaire de l’association l’Aflech qui s’occupe du jumelage. « Je pense que le temps est venu de ne plus utiliser le vocable de boche et d’utiliser le terme le pont de la mine » écrit-il. « Cette période d’anniversaire pourrait être une excellente opportunité pour le faire. Ainsi, nous donnerions un message fort de solidarité et de respect pour nos contemporains de Wandlitz. »
Et chacun d’envisager une solution plus politiquement correcte en supprimant l’appellation de « pont des Boches », au profit de celle de pont de la Mine, « dit des Boches ».