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21 mars 2021 7 21 /03 /mars /2021 06:00

 

Je lis aussi Corse-Matin, Oghje in Corsica

 

Suis aussi devenu un spécialiste de la ‘Ndrangheta.

 

Alors lorsque je tombe sur ce titre :

 

 

Cette Corse à l'accent calabrais ICI

Par: Christophe Laurent

Publié le: 06 mars 2021

 

J’exerce mon droit à la paresse, et ne venez pas me chanter le Tango corse !

 

Ils ont traversé l'Italie pour rejoindre Bastia au cours du XXe siècle. Fuyant la misère, le fascisme ou le banditisme, ils ont apporté leurs bras à la Corse, que ce soit dans l'agriculture ou le bâtiment. Discrètes et travailleuses, presque 100 ans plus tard, ces familles ont créé une vraie richesse.

 

Grand peuple migrateur, grand peuple de voyageurs, les Italiens ont essaimé dans tout le globe depuis des siècles. La Corse et l'Italie ont tissé ainsi une histoire commune qui n'est plus à démontrer.

 

Depuis la République de Gênes jusqu'aux années du fascisme, ils ont été des dizaines de milliers à trouver dans l'île, un toit, un travail, parfois l'amour. En Calabre, dans cette pointe de la botte, l'histoire a bouleversé un peuple aux traditions - et à la langue - remontant jusqu'aux marins grecs !

 

Propriété du royaume de Sicile, terre de Charles Quint, conquise par les armées napoléoniennes qui affrontèrent la population locale soutenue par les Anglais, la Calabre a énormément souffert de l'unification de l'Italie (1859-1870), voyant petit à petit s'éloigner toutes ses usines.

 

L'industrie déménagée, ne restaient que l'agriculture et le tourisme. Pas de quoi nourrir les presque deux millions d'habitants répartis sur ces cinq provinces. Sans surprise, cette région est devenue la plus pauvre d'Italie.

 

En Corse, c'est dans la région bastiaise que se sont installées les familles fraîchement débarquées tout au long du XXe siècle.

 

« Il y a eu deux vagues principales d'émigration, détaille Ange Rovere, historien mais également petit-fils de migrants calabrais. D'abord dans les années 30, puis à la sortie de la guerre. Et cela a toujours été une question de famine ou de fuite face au fascisme. Sans oublier le banditisme car la répression des criminels a fait plus de morts que les guerres italiennes ! Lorsqu'ils sont arrivés, ils ont eu deux lieux d'implantation. Dans le quartier des Capanelle de Bastia il s'agissait surtout d'ouvriers du bâtiment et de dockers. D'ailleurs le Bureau central de main-d'œuvre du port de Bastia est passé CGT dans les années cinquante sous leur influence. Deuxième adresse, légèrement plus au sud, à Casatorra, commune de Biguglia, pour tous ceux qui étaient agriculteurs. Ce quartier, on l'a d'ailleurs longtemps appelé La petite Calabre. »

« Ils ne connaissaient pas les dimanches, les jours fériés »

Le grand-père d'Ange Rovere, comme d'autres de ses compatriotes, avait d'abord tenté l'aventure argentine, mais pour une raison ou une autre, la greffe n'a pas pris. Retour en Europe. En Corse.

 

Mais pourquoi la Corse ?

 

« Il y avait des compagnies officielles et spécialisées pour organiser les voyages de la main-d'œuvre, poursuit l'historien. Les migrations italiennes en Corse ont existé dès le XVIIe siècle, pour du travail saisonnier, avec des populations venant de Toscane, d'Emilie-Romagne, ceux que l'on appelait les Lucchesi. Quant à savoir pourquoi les Calabrais en Corse sont si nombreux en provenance du village de Cittanova (lire par ailleurs), c'est ce que l'on appelle désormais le phénomène de Barcelonnette, ce village des Hautes-Alpes qui s'est retrouvé surreprésenté au Mexique : une famille installée en a appelé une autre, qui en a appelé une autre et ainsi de suite. »

 

Bien sûr la question du racisme s'est posée. Les nouveaux arrivants n'ont pas échappé aux insultes, au mépris. Sans faire de généralité, cela a existé. Et leur statut d'immigrés, finalement, a basculé sur les Maghrébins, dans les années 80.

 

Discrets et solidaires, avec un sens aigu de la famille, les Calabrais vont suer sang et eau pour assurer la pérennité de leur famille. Les témoignages qui suivent font état d'hommes et de femmes qui se tuaient littéralement à la tâche.

 

« Des travailleurs comme on n'en fait plus, assure encore Ange Rovere. Ils avaient ce besoin de réussir, ne connaissant ni dimanche, ni jours fériés. Ils ont gagné de l'argent tout à fait honnêtement. Et de mémoire, un seul a réinvesti chez lui en Calabre pour y retourner vivre. Tous les autres ont fait souche. »

 

Ainsi se sont installées et ont prospéré les Aiello, Avenoso, Multari, Rizzo, Furfaro, Rao, Chiappalone, Yenco, Demasi, Spinelli et d'autres. Des familles parfaitement intégrées dans le paysage bastiais et corse. Intégrées au point que l'on oublie parfois cette histoire, leur histoire, encore toute fraîche. Et tellement riche.

 

  • Annonciade Rovere : " j'ai commencé à piocher à 15 ans "

Toujours coquette, regard rieur et bienveillant, Annonciade Rovere, née Multari, refuse de dire son âge. Mais elle concède qu'elle avait quinze ans quand elle est arrivée en Corse avec ses parents et ses sept frères et sœurs, à l'hiver 1952. " Tout le monde fuyait Cittanova après la guerre : il n'y avait plus rien à y faire, rappelle-t-elle moitié en corse, moitié en français. Une grosse partie des Calabrais allait jusque dans le Nord de la France, se faire embaucher dans les mines. Nous, nous avons pris tout de suite la route de Patrimonio, pour travailler dans les vignes. A 15 ans, je piochais déjà. Et le soir, mon père nous faisait l'école. Je me souviens que le professeur Gilormini nous avait pris sous sa protection au village. C'est lui qui nous a fait nos premiers cadeaux de Noël. Et dès que l'on avait besoin de quelque chose, si nous avions besoin d'un docteur, il était là. C'était mon deuxième père."

 

Et c'est dans les vignes qu'elle va rencontrer son futur mari, lui aussi Calabrais. Employé de la famille De Bernardi, Joseph travaillait avec son mulet quand un jour, celui-ci lui a échappé. En le cherchant du côté du lieu-dit Mulini Biancu, il a trouvé une femme. Sa femme. Lui maçon, elle ouvrière agricole, ils vont s'échiner au chantier et dans les champs pour l'avenir de leurs trois enfants, Louis, Francis et Marie. En 1978, à force d'économies, Annonciade décide d'acheter un petit bout de terrain, au rond-point de Patrimonio.

 

" Mon mari m'a d'abord fait une cabane et je vendais là les fruits et légumes que j'allais chercher avec mon fourgon dès 3 heures du matin sur le marché de Bastia. Et sur le marché il n'y avait presque que des Calabrais, les Rao, les Fonti... Je vendais ma propre huile d'olive, mon savon aussi, et puis mes confitures. Tout était fait maison. Nous avions des poules, des lapins, on faisait notre charcuterie, nos gâteaux. C'était aussi une question d'économies. Petit à petit, la cabane est devenue une construction en dur. Et à côté, en 1981, nous avons inauguré le tout premier restaurant de Patrimonio. Les fondations, nous les avons faites à la main, mon mari et moi. "

 

Le père d'Annonciade est retourné en Calabre plusieurs fois pour rendre visite à sa mère. Elle, à de très rares reprises, pour les vacances. Mais c'est fini. " Désormais les tantes sont mortes ", glisse-t-elle simplement. Outre un accent incroyable, que lui reste-t-il de la Calabre ?

 

Cette envie de réussir. " À l'épicerie je travaillais jusqu'à quinze heures par jour. Et j'ai adoré ça. J'avais le commerce dans le sang, le goût des gens. " Ceux qui se sont arrêtés durant près de trente ans dans cette caverne d'Ali Baba se souviennent du petit pot de confiture, de la petite bouteille de muscat qu'Annonciade offrait et glissait dans les sachets de provisions. " Si vous prenez avec une main il faut aussi savoir un peu donner avec l'autre. C'est ma règle. "

 

Rescapée de plusieurs pépins de santé, ce roc profite aujourd'hui pleinement de ses enfants et de ses petits-enfants. Avec, toujours, ce sourire qui ne l'a jamais quitté.

 

La suite ICI

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