Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 mars 2021 4 11 /03 /mars /2021 06:00

 

Barrage de paysans à Vincelles dans l’Yonne 20 mai 1956

On parle de 1,5% de la population active, il n’y a jamais aussi peu eu d’agriculteurs. Et ils sont très divers : petits commerçants, patron de petites entreprises et grosses entreprises. Les écarts n’ont jamais été aussi grands dans cette population. 

François Purseigle

 

Nous sommes dans un marché où il n’y a aucune protection commerciale entre les pays européens. Ce système nous permet d’exporter beaucoup de spiritueux et de lait par exemple mais nous sommes déficitaires de fruits et légumes importés du sud. La France pourrait potentiellement nourrir les Français mais pas avec la diversité d’aliments qu’on nous propose aujourd’hui.

Vincent Chatellier

 

Manifestation à Bourges dans le Cher juillet 1961

 

LE 26/02/2021

L’agriculture française peut-elle gagner la bataille de la souveraineté ? Avec Vincent Chatellier et François Purseigle

 

Dans le cadre de mon droit à la paresse, je donne la parole à Vincent Chatellier et François Purseigle

 

  • Vincent Chatellier ICI

INRAE, SMART-LERECO (NANTES)

Ingénieur de Recherche

Tél : +33 (0)2 40 67 51 72

vincent.chatellier@inrae.fr

 

  • François Purseigle ICI 

 

https://www.entraid.com//wp-content/uploads/2015/11/Photo-Frederic-Maligne-9-620x447.jpg

Professeur des universités

E-Mail : francois.purseigle@ensat.fr

Téléphone : 05 34 32 39 57 - 06 13 66 04 43

Fax : 05 34 32 39 01

Département d'enseignement : Sciences économiques, sociales et de gestion

Laboratoire de recherche : UMR INRA / Toulouse INP-ENSAT AGIR Chercheur associé au Centre de recherches politique de Sciences Po Paris

Site web: https://www.francoispurseigle .info Twitter @FPurseigle

 

Repas à la ferme en 1959

 

La pandémie de Covid-19 nous presse à adopter des modèles agricoles plus soutenables et conduit le gouvernement à plaider en faveur de la souveraineté alimentaire, un concept jusque-là en vogue dans le mouvement altermondialiste.

 

Pandémie oblige, pas de Salon de l’agriculture cette année. Pourtant, l’agriculture, elle passionne ces temps-ci. Le gouvernement s’est rallié au principe de « souveraineté alimentaire » et la société civile elle, exige une agriculture soutenable. De jolis principes, dont les paysans rappellent qu’ils sont la clé de voûte. Et ils souffrent, les agriculteurs, les maraîchers et les éleveurs…

 

Pourquoi ? 

 

Cette situation inédite s’arrime à une tendance profonde dans la société, toujours plus exigeante dans sa consommation.

 

Alors peut-on imaginer un cercle vertueux qui marierait préservation de l’environnement et bonne santé publique ?

 

Oui, répondent ceux qui sont au centre de l’équation ; agriculteurs, maraîchers et éleveurs… et qui s’étonnent de devoir supporter seuls les efforts d’un virage global. Pour eux, pas de mystère : le soutien à leur profession endommagée est le point de départ.

 

L'agriculture française en temps de crise

 

On a vu des Français se tourner vers des circuits courts, de proximité lorsqu’ils en avaient la possibilité. Un nombre d’agriculteurs ont su s’adapter, mettre en oeuvre des dispositifs d'alimentation. 

François Purseigle

 

L’année 2020 a été marquée par un courant d’importation équivalant à 2019. Elles n’ont baissé que de 2 ou 3% l’année dernière et les exportations ont à peine baissé. Donc en dépit de la fermeture des échanges commerciaux, il y a quand même eu un mouvement d’importation. Il ne faut pas surestimer les mouvements de circuits courts qui existent de plus en plus mais il faut les remettre dans leur contexte. 

Vincent Chatellier

 

Nous sommes dans un marché où il n’y a aucune protection commerciale entre les pays européens. Ce système nous permet d’exporter beaucoup de spiritueux et de lait par exemple mais nous sommes déficitaires de fruits et légumes importés du sud. La France pourrait potentiellement nourrir les Français mais pas avec la diversité d’aliments qu’on nous propose aujourd’hui. 

Vincent Chatellier

 

Les agriculteurs face à la crise

 

Les agricultures françaises n’ont pas changé en un an. Ce sont des agricultures diverses et éclatées, ou le recours au travail familial est plus difficile. Pour les circuits courts et la proximité il faut plus de salariés et ce n’est pas simple. La crise révèle les fragilités de l’organisation autour de la production agricole, dans ses dynamiques mais aussi ses problèmes liés à un recours difficile à la main d’oeuvre dont les agriculteurs sont dépendants, comme les travailleurs saisonniers. 

François Purseigle

 

Les agriculteurs ont montré qu’ils ont une forte capacité d’adaptation au marché, au prix et aux mécanismes de la PAC. Mais l’agriculture est un secteur où la transition se fait dans la durée. La rigidité des cycles de production conduit naturellement à ce que les transitions doivent s’organiser dans la durée. L’agriculture réagit sur une dizaine d’années, c’est pourquoi dans la politique agricole les objectifs sont fixés sur 5 à 7 ans. 

Vincent Chatellier

 

Les exploitations familiales disparaissent, même si elles répondent à la demande de circuits courts, car elles sont en difficultés pour trouver des bras mais aussi des repreneurs. Si on veut que ces petites et moyennes exploitations s’adaptent et basculent il faut leur donner les moyens. L’idée que ces exploitations soient résilientes n’est pas forcément vraie car cette agilité repose sur des formes de travail disparues. 

Vincent Chatellier

 

L'hétérogénéité du monde paysan

 

Le revenu des exploitants repose essentiellement sur celui du conjoint ou de la conjointe. Ces revenus sont le fruit de bricolage. Les agriculteurs s’en sortent parfois, essentiellement en louant leur terre. On a du mal à voir comment se construit un revenu. On parle de 1,5% de la population active, il n’y a jamais aussi peu eu d’agriculteurs. Et ils sont très divers : petits commerçants, patron de petites entreprises et grosses entreprises. Les écarts n’ont jamais été aussi grands dans cette population. 

François Purseigle

 

Sur la question de la mesure de l’hétérogénéité de l’agriculture française, on a produit pour le ministère de l’agriculture un rapport où on a essayé de décortiquer la manière de mesurer les revenus en agriculture et rendre compte de cette existence d’hétérogénéité. 

Vincent Chatellier

 

70 000 euros par an pour les 10% meilleurs et 8 000 euros pour les 10% moins bons. Les revenus n’ont pas assez augmentés au regard de la production qu’ils développent. Le revenu au prorata du chiffre d’affaires est décroissant. Globalement il y a une détérioration du niveau de revenu.

 Vincent Chatellier

 

Où sont les jeunes agriculteurs ?

 

1 million d’hectares sont libérés chaque année, 500 000 partent à l’installation de nouveaux exploitants, 400 000 à la concentration, l’agrandissement et 100 000 à l’urbanisation. Derrière le marché foncier des logiques se jouent et il est de plus en plus difficile d’obtenir des terres. Il y a des familles agricoles qui jouent contre l’agriculture familiale : pour des raisons patrimoniales, ils privilégient l’installation d’un tiers plutôt que l’installation d’un jeune. 

François Purseigle

 

On a besoin de réguler et de trouver un moyen de continuer à produire sur des terres où on ne trouve pas jeunes agricultures. Il y a des jeunes qui se projettent différemment dans l’agriculture, ils ont du mal à se projeter dans les structures déjà en place, parce qu’ils ont une autre expérience ou sont issus d’un autre milieu socio-professionnel. Il y a une inadéquation entre les projets des pères et des fils, des cédants et des reprenants. […] 1/3 des agriculteurs en âge de partir à la retraite n’ont pas de repreneurs pour l’exploitation. 

François Purseigle

 

Désespoir paysan

 

Des agriculteurs sont en situation d‘anomies, c’est-à-dire qu’ils n’arrivent pas à déterminer leur rôle dans la société. Ils ne savent plus qui ils sont et cette incertitude marque toute la filière. 

François Purseigle

 

Dans toutes les populations il y a une fraction qui vit un désespoir. Chez les paysans le désespoir est lié au fait que les agriculteurs vivent d’aides directes alors qu’ils veulent vivre de leur métier. Ils ont le sentiment de faire des efforts pour mieux intégrer des dimensions sociétales et ils constatent que les critiques à leur égard sont très dures et très décalées des réalités. Enfin, l’amélioration des revenus en agriculture passe trop par une augmentation des volumes et les agriculteurs aimeraient dégager davantage de revenus sur la qualité. Mais ce désespoir n’est pas généralisé. 

Vincent Chatellier

 

 

 

Grand entretien

« IL Y A URGENCE À VOIR DES JEUNES S’INSTALLER » ICI

François Purseigle, sociologue Cécile Gazo, sociologue

Partager cet article
Repost0

commentaires

P
Passez vite au commentaire suivant. Inutile de s’attarder sur celui ci tant ce genre de chronique est désespérante . Nous constatons tous de sérieux dysfonctionnements dans nos vies quotidiennes. Des gens sérieux, sans esprit polémique les dénoncent ou pour le moins les signalent. Des réponses sont apportées, toujours avec le même sérieux. Rien n’est fait, rien de rien. Où sont les zèlythes ? Elles jouent à la pétanque ? <br /> Deux exemples : les « féminicides » et violences conjugales. Le suicide des agriculteurs qui, saisons, après saisons reviennent comme les « marronniers !<br /> <br /> « Je ne supporte pas la stupidité de ce système qui tolère les statistiques sur la mortalité infantile. »<br /> Leonard WOOLF
Répondre

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Archives

Articles Récents