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24 mars 2021 3 24 /03 /mars /2021 06:00

 

 

Le gouvernement algérien déplore la non-reconnaissance des « crimes coloniaux » de l’État français.

 

Trois semaines après la remise du rapport Stora sur les relations entre la France et son ancienne colonie, Alger a réagi pour la première fois et dit regretter l’absence d’excuses et de reconnaissance. Loin d’apaiser les relations, cela semble les crisper, relève la presse algérienne. ICI 

 

Les plaies sont encore vives, pour avoir vécu 2 ans en Algérie, à Constantine, j’ai pu en mesurer la profondeur et leur réalité. La colonisation fut brutale et sans pitié, quand à la guerre, elle fut tout aussi sauvage et sanguinaire.

 

Ce qui est relaté dans le roman de Didier Daeninckx : Le Banquet des Affamés, n’a rien d’anecdotique, c’est un véritable viol de la mémoire.

 

Livre: Le Banquet des Affamés, Didier Daeninckx, Gallimard, Blanche,  9782070137879 - Leslibraires.fr

Page 22-23-24

 

Le capitaine qui régnait sur cette horde (ndlr la 1er compagnie des fusiliers de discipline) s’appelait Chabras, et ne valait guère mieux. Il s’était illustré en pacifiant une grande partie du massif voisin de l’Ouarsenis avec des troupes de cette qualité. On racontait qu’il n’assaillait pas que les vivants, que les cimetières aussi l’intéressaient, étant lié par son épouse à des industriels de Marseille (avec succursale à Orléansville) qui arrondissaient grâce au « noir animal » leur fortune assise sur la production sucrière. On sait assez peu qu’avant de se poser en blanc sur les tables raffinées le sucre n’est qu’une mélasse peu engageante dont la teinte varie du marron au verdâtre. Plusieurs procédés permettent de faire perdre à cette substance la couleur des origines. L’une des principales applications du noir animal consiste justement dans sa propriété remarquable à décolorer les liquides. Il se présente sous la forme d’une poudre que l’’on pourrait confondre avec la suie. En fait, on l’obtient en chauffant  des os à haute température, à l’abri de l’air, ce qui explique qu’on l’appelle aussi couramment « charbon animal ». La demande de sucre ne cessant de croître, le commerce des squelettes nés des abattoirs s’est développé dans de telles proportions que l’offre ne satisfaisait plus l’industrie. On a essayé de creuser d’autres mines… Il faudrait disposer de temps et remonter la filière pour trouver l’identité de celui qui eut l’idée d’aller ramasser, dans les cimetières d’Algérie, les ossements ancestraux afin d’opérer, par l’abondance de la matière, une détente sur le prix de la poudre à décolorer le sirop de sucre. On a vu des centaines d’ânes, autant de chameaux razziés dans toutes ces provinces, ployant sous le poids de paniers emplis d’ossements, prendre la piste d’Orléansville où des étuves transformaient des généalogies entières en promesses de douceur. Vous prendrez combien de sucre dans votre chocolat, comtesse ? Trois… Le père, la mère et, tenez, la grand-tante pour faire bonne mesure ! L’empirisme ayant sa part dans les avancées scientifiques, on s’aperçut que les os longilignes offraient le meilleur rendement, que e crâne et les vertèbres donnaient de l’onctuosité aux gélatines ou fournissaient l’azote nécessaire aux terres qui portaient les futures moissons. On doit nous envier, chez les cannibales d’Océanie, d’absorber ce qu’ils délaissent.

 

ALGERIE-TIARET-lt-Vue-animee-de-LA-CASERNE-DE-LA-LEGION

 

Un commerce peu « catholique »

 

Les os des cadavres algériens, au service de l'industrie coloniale! -  Babzman

 

Les ossements humains, exhumés par la charrue coloniale ou par le matériel des ponts et chaussées, vont également servir pour un commerce sordide. Ils auraient été expédiés à Marseille, pour être utilisés dans la fabrication du sucre.

 

L’historien Moulay Belhamissi fait état des navires chargés d’ossements provenant des cimetières musulmans en partance pour Marseille : « Pour du noir animal nécessaire à la fabrication du sucre, les ossements récupérés des cimetières musulmans sont expédiés à Marseille. A l’époque, on réfuta les faits malgré les témoignages. Mais l’arrivée dans le port phocéen, en mars 1833, d’un navire français La Bonne Joséphine », dissipa les derniers doutes. Des os et des crânes humains y furent déchargés.

 

Le docteur Ségaud témoigne à son tour dans le journal Le Sémaphore, le 2 mars 1833 : « J’ai appris par la voix publique, que parmi les os qui servent à la fabrication du charbon animal, il s’en trouve qui appartiennent à l’espèce humaine. À bord de la bombarde, « la bonne Joséphine » venant d’Alger et chargée d’Os, j’ai reconnu plusieurs os faisant partie de la charpente humaine. J’y ai vu des crânes, des cubitus, et des fémurs de la classe adulte récemment déterrés et n’étant pas entièrement privés des parties charnues ».

 

Informé de ce commerce des restes humains, l’Emir Abdelkader fit parvenir partout dans le pays des recommandations interdisant impérativement aux Algériens de consommer le sucre blanc, une consommation qui pourrait, en toute évidence, assimilée à une forme d’anthropophagie. « De troublantes assertions ont couru au sujet de l’utilisation des restes humains. »

 

« A la suite de ces révélations, prises très au sérieux par les autorités politiques de la métropole au point que l’affaire devint rapidement nationale, le ministère de la guerre ordonna à l’intendant civil de la province d’Alger de mener une enquête pour déterminer les origines de ce commerce et pour le faire immédiatement cesser ». (Coloniser-Exterminer - p.169)

 

La « Métropole » informée de l’utilisation des ossements provenant des cimetières musulmans ne semblait pas approuver ce commerce indécent ; mais comme à l’accoutumée, on n’est pas à un scandale près et les promoteurs de l’industrie utilisatrice d’ossements humains ne seront jamais inquiétés…!

 

Les départements français d'Algérie

Département d'Orléansville

 

Le département fut créé par décret du 28 juin 1956. Il comprenait alors 4 arrondissements.

 

Dès le décret du 20 mai 1957, et toujours sous le nom de département d'Orléansville, il se divisait en 6 arrondissements, au lieu de 4.

 

Il a porté aussi le nom de département du Cheliff. En 1958, il comptait 637.000 habitants.

 

Le premier préfet fut Raymond Chevrier, nommé le 6 décembre 1956. Mais les événements du 13 mai 1958 provoquèrent un changement. Convoqué par le général Salan, auquel ont été confiés par le gouvernement Pflimlin les pouvoirs civils et militaires pour le maintien de l’ordre en Algérie, Raymond Chevrier se rend à Alger le 18 mai 1958. Avant d’avoir été reçu par le général Salan, il est arrêté, assigné à résidence à Aïn Taya, puis remis à la disposition du ministre de l’Intérieur. De toute manière, ce sont des généraux qui furent chargés en juin 1958 d'exercer les pouvoirs civils dans les départements algériens : c'est le général Gracieux qui les exerce le 24 juin 1958 et donc succède au préfet Chevrier, puis le général du Passage en 1959, commandant la 9e division d'infanterie.

 

Le préfet Louis Verger fut nommé le 10 mars 1960. Il resta jusqu'au 20 décembre 1960, et devint alors directeur du cabinet civil et militaire du délégué général du gouvernement en Algérie. Enfin, le préfet Mohand Sadek OURABAH fut le dernier titulaire du poste, du 21 décembre 1960 à juin 1962.

L’historien Benjamin Stora (photo d’illustration).

Rapports entre la France et l’Algérie : Benjamin Stora répond aux critiques dans une tribune ICI

 

L’auteur du rapport faisant des propositions pour organiser la réconciliation entre Alger et Paris a publié une tribune dans un quotidien algérien ce matin pour répondre aux critiques et défendre sa méthode.

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commentaires

T
Sacré passé !!! et certain osent parler de l'aspect positif de la colonisation ... les cons ça osent tout il parait.<br /> Sacré passé ... mais à vrai dire le présent n'est pas mieux
Répondre

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