Vin & Cie, en bonne compagnie et en toute liberté ...
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Bonne journée à tous, ceux qui ne font que passer comme ceux qui me lisent depuis l'origine de ce blog.
J’adore les petits livres, ceux que l’on peut glisser dans la poche de son pardessus afin de pouvoir les extraire à tout moment et en tout lieu pour lire.
Comme je suis reclus, lire est une thérapie indispensable, alors je suis à l’affut de tout ce qui se publie. Ainsi dans un article du Monde Séverin Mouyengo ou le « salopard de la Sape » par Joan Tilouine, publié le 17 janvier 2021, je découvre Ma vie dans la Sape, de Séverin Mouyengo, ed. Librairie Petite Egypte, 192 p., 17 €.
Alors, lors d’un raid à la Librairie Gallimard boulevard Raspail, je tends mon post-it sur lequel j’ai griffonné titre auteur et éditeur à l’un des gentils libraires qui s’empresse de pianoter sur son clavier d’ordinateur. Il cherche, en vain, mais il persiste pour découvrir que cet opus n’est disponible qu’à Librairie de la Petite Egypte qui l’a édité. Gentiment il transcrit l‘adresse : 25 rue des Petits Carreaux dans le 2ième arrondissement.
J’y fonce muni du parcours tracé par mon GPS pour découvrir à mon arrivée que cette librairie est à l’embouchure de la rue du Nil où je vais m’approvisionner en nourritures terrestres à Terroirs d’Avenir. Souvent je m’étais dit que je pousserais la porte de cette librairie mais chargé comme un âne corse j’y renonçais.
Ceci dit j’ignorais où se situait la rue des Petits Carreaux alors que je m’y engouffrais régulièrement, force de l’habitude du trajet, pour la librairie Petite Egypte ICI j’ai une excuse son enseigne ci-dessous n’indique pas son patronyme.
Séverin Mouyengo a voué cinquante années de sa vie à la mode.
Né à Pointe-Noire, fils d’une vendeuse de poisson salé et d’un fonctionnaire, il grandit à Bacongo, quartier populaire de Brazzaville. Il y observe intrigué les défilés des membres de la Société des ambianceurs et des personnes élégantes. Initié à 15 ans, sa vie se raconte dès lors en vêtements : ses aventures amoureuses en costume gris anthracite de chez Balmain, sa scolarité « lourdement habillé », mais aussi ses tentatives depuis Pointe-Noire pour rejoindre Paris, la capitale de la mode, comme clandestin dans les cales de navires, habillé en col roulé, chaussures « clochard » et pantalon de laine vierge. Quand il fait son entrée dans l’administration des Eaux et forêts, c’est en gabardine jaune impérial. Dancings-bars et avenues de Brazzaville, Pointe-Noire et Dolisie deviennent podiums de mode et scènes de théâtre.
Mais saper n’est pas un long fleuve tranquille. Les milices de jeunesse du Parti congolais du travail traquent les sapeurs. Et quand en 1998 la guerre civile gagne les faubourgs de Brazzaville, Séverin est contraint de fuir en enterrant sa garde-robe. Il la retrouve huit mois plus tard dévorée par les insectes et les moisissures.
Séverin la reconstitue avec patience et organise ses albums photos. De là le désir d’écrire ses mémoires et de dépeindre le spectacle de la sape et ses coulisses.
Extraits :
Page 141-142
… C’est un fait très important que je voudrais signaler ici, le seul l’unique « Congo » dont la quasi-totalité des jeunes Japonaises et Japonais avait la connaissance était le Congo-Kinshasa… Le Congo-Brazzaville était méconnu d’une grande partie de la population japonaise. Pour toutes ces conférences de presse, débats télévisés et radiodiffusés, je mettais l’accent très particulier sur l’existence de deux « Congo », le Congo-Brazzaville colonisé par les Français et le Congo-Kinshasa colonisé par les belges. Ces deux pays, côte à côte avec leurs capitales Brazzaville et Kinshasa, les plus rapprochées du monde, séparées seulement par le large fleuve Congo, le plus profond de la planète, avec 250 mètres de fond. Ce petit cours d’histoire valait la peine d’être fait.
NDLR. Le titre de la chronique est donc parfaitement justifié Tintin au Congo c’était le Congo-Belge.
Page 86-87-88
Je dois vous dire que c’est dans ce night-club que j’ai eu pour la première fois l’occasion de causer et de danser avec une demoiselle blanche. C’était un jour de grande joie pour moi car, en aucune fois dans ma vie, je n’y avais pensé, ni rêvé que cela devait arriver un jour […] L’emplacement des chaises faisait que j’étais assis côte à côte du côté droit avec leur fille d’environ dix-sept ans. Tout le temps qu’on était là, je ne lui ai jamais adressé la parole et elle non plus. Je ne saurais dire si c’était par manque de courage ou par crainte de ses parents. Mais curieusement, à ma très grande surprise, quand le discothécaire balança la chanson « When a man love a woman », l’un des morceaux les plus connus de ce genre musical du chanteur soul américain Percy Sledge, après avoir chuchoté à l’oreille de son père, elle se retourna vers moi pour me demander si je pouvais bien aller danser avec elle. « Avec plaisir mademoiselle », lui dis-je. Aussitôt elle me saisit par la main droite et nous nous dirigeâmes sur la piste. C’était la première fois que j’allais danser avec une demoiselle mundele aux longs cheveux gris comme une sirène, et quelle danse ? Pas la rumba, mais leur dans à eux : le slow fox, dont je n’avais pas encore la maitrise. Ce n’était pas si facile que ça pour moi. Quand nous nous sommes retrouvés sur la piste, je ne savais pas par où commencer. Quelle position prendre, comment la tenir, et quel pied je devais engager en premier. Je tremblais déjà de tous mes membres comme une feuille de manioc, et je transpirais de tout mon corps comme un kangourou, pourtant la salle était climatisée. Les cinq premières minutes furent pour moi un calvaire, je n’arrivais pas à m’adapter à ses pas de danse, je déraillais à tout moment. Quand elle partait à gauche, je partais à droite, quand elle reculait d’un pas, je reculais aussi d’un pas, comme je le faisais souvent pour la rumba avec Marcelline « Mida » au dancing-bar Les 7-7 de Dany. Lorsque nous tournions sur nous-mêmes, mes jambes s’accrochaient et je perdais l’équilibre. Ce désaccord avait attiré l’attention des couples qui dansaient autour de nous, de qui d’ailleurs j’imitais avec un pied hésitant quelques phases de rotation. Elle commença à me dire à l’oreille, quelques minutes après que je m’étais adapté et que j’avais retrouvé l’équilibre, ces mots doux et câlins : « J’aime follement cette chanson et toi tu m’as plu énormément de par ton accoutrement, tu es très mignon. J’ai profitai de cette danse, poursuivit-elle, pour te l’avouer sincèrement. Je réponds au nom d’Annick Cériselle, j’ai seize ans d’âge. Et toi ? », dit-elle. « Mon nom est Mouyengo, le prénom c’est Séverin, j’ai dix-huit ans, aussi je suis très enchanté de faire ta connaissance », lui répondis-je. Et par la suite, c’était bien parti jusqu’à la fin de la chanson où nous avons rejoint nos places. Nous avons regagné la piste pour une deuxième fois avec la chanson de son choix : « Celui que j’aime » de Nana Mouskouri, et cette fois-ci, ayant assimilé la leçon, je me suis bien agrippé à elle comme une sangsue, nous étions bien collés l’un contre l’autre, jusqu’à sentir les battements de son cœur et la chaleur de son corps. Les fois suivantes ça marchait très bien, nous avons pris l’habitude tous les deux de ne pas danser avec quelqu’un d’autre à chaque fois qu’on se retrouvait là-bas en l’absence de ses parents, et très souvent sur rendez-vous. Nous sommes restés en amitié en entretenant plusieurs années durant une correspondance après son départ en France.
[…]
Vraiment un évènement, car au Congo-Brazzaville, il était rarissime de voir danser une fille mundele avec un nègre… Il y avait là comme une barrière, un tabou que j’avais brisé… j’étais jusqu’à preuve du contraire le seul garçon qu’ils avaient vi danser avec une nana mundele, ils n’en ont plus vue d’autres depuis.
Séverin Mouyengo et Lamam dans la parcelle de Lamam, quartier Château d’Eau, Makélékélé, Brazzaville, septembre 2018, photographie Manuel Charpy
Séverin Mouyengo ou le « salopard de la Sape » ICI
L’élégant Congolais retrace dans un livre l’histoire de ce mouvement vestimentaire longtemps combattu par les gouvernements. Il raconte également un Congo tourmenté, saigné par la colonisation, puis pillé par les réseaux de la Françafrique.
Séverin Mouyengo déambule dans les faubourgs de Brazzaville comme on défile. A 65 ans, il soigne toujours sa démarche, fière et parfois sautillante ; se faufile avec aisance entre les voitures, les motos et les badauds émerveillés ou rieurs. Une gestuelle de dandy agrémente sa composition vestimentaire m’as-tu-vu : costume griffé aux couleurs vives, chapeau en feutre vissé sur la tête, souliers brillants de préférence J.M. Weston, une canne à pommeau ou une pipe éteinte en guise d’accessoires. C’est sa manière à lui de se distinguer, de faire rêver, de provoquer aussi. Le « plaisir de paraître », telle est l’addiction de ce fonctionnaire à la retraite, figure de la Société des ambianceurs et des personnes élégantes (Sape).
Une « religion du tissu »
Cette coterie réunit des adorateurs d’étoffes raffinées qui s’habillent comme des aristocrates excentriques. « Un sapeur, c’est quelqu’un qui, avec peu de moyens, surprend celui qui le regarde », explique M. Mouyengo depuis sa modeste maison de Madibou, dans le 8e arrondissement de la capitale congolaise. Pour les membres de cette société aussi sélect que ritualisée, il est impératif de se montrer toujours « bien alluré », de soigner le « réglage » de sa tenue. Pas question de porter des « ntunga », ces vêtements confectionnés par des tailleurs de quartier. Il y a des fautes de goût à ne pas commettre. Non, mieux vaut se ruiner en piochant dans les collections de grands créateurs européens et japonais, et parfois même les porter avec les étiquettes affichant ostensiblement les prix en euros.
Pour un sapeur, s’habiller est un art. Cette « religion du tissu » ressemble à une folie sage et rebelle à la fois qui projette dans un univers de flamboyants ultra-matérialistes. Sur les rives du fleuve Congo se réinventent sans cesse des codes d’une élégance par des obsédés du style qui rêvent plus que tout d’exister socialement et qui ont fini par créer un mouvement de contre-culture, de frime et de résistance. « Par la sape, j’ai récupéré tout ce que j’avais perdu. Par elle, je trouve tout ce que je ne pensais pas avoir (...) C’est à elle que je dois toute mon existence et ma considération sociale », écrit M.Mouyengo dans son livre, Ma vie dans la Sape.
Séverin Mouyengo, en juillet 1973, à Pointe Noire. Collection personnelle de Séverin Mouyengo
La Sape comme mouvement de lutte
Cet ouvrage soigneusement édité par la librairie parisienne Petite Egypte exhume les mémoires d’un gamin rêveur né à Pointe-Noire et grandi dans les quartiers populaires de Brazzaville. « Le salopard de la Sape », son surnom, son « grade », comme il dit fièrement, raconte aussi un Congo tourmenté, saigné par la colonisation, puis pillé par les réseaux de la Françafrique et, jusqu’à ce jour, abusé par un clan au pouvoir qui s’accapare les richesses pétrolières et les rêves de sa jeunesse. Parfois réduite à tort à un folklore superficiel, la Sape incarne aussi, depuis sa genèse, une forme de contestation pacifique et esthétique.
D’abord contre la brutalité et l’humiliation coloniale dont l’administration surveille dés 1920 les habits des « indigènes », ridiculise les tenues vestimentaires « à l’européenne » de chefs traditionnels. Tout en s’inquiétant de voir certains Congolais s’habiller très élégamment, précise l’historien de la mode Manuel Charpy. « Les sapeurs s’habillent à la fois avec et contre tout cet imaginaire raciste et colonial », constate le chercheur au CNRS qui a édité les mémoires de M. Mouyengo.
« Le Sapeur, tout comme l’écrivain de la négritude, a la conviction de s’attaquer, lui aussi, au colon ». Alain Mabanckou, écrivain.
Pour l’écrivain franco-congolais Alain Mabanckou, « la Sape est, dans une certaine mesure, l’antithèse de la beauté traditionelle africaine, celle du tissu local, de l’élégance des ancêtres ». Il poursuit sa réflexion dans la préface du beau-livre du photographe espagnol, Héctor Mediavilla, sobrement intitulé S.A.P.E (ed. Intervalles, 2013, 160 p.) : « le Sapeur, tout comme l’écrivain de la négritude, a cependant la conviction de s’attaquer, lui aussi, au colon : par les habits que celui-ci a fabriqués, ces habits qu’il ne sait pas porter et que lui, le Sapeur, sait mettre en valeur. L’élégance est de ce fait “negre”. »
Une clientèle pointue
Si les indépendances des années 1960 augurent aussi une libération des corps et des tenues, la Sape subit dans la décennie suivante une nouvelle forme d’autoritarisme mêlant un marxisme tropical et une politique de décolonisation culturelle. Au Zaïre voisin, Mobutu Sese Seko va tout simplement interdire le port du costume assimilé au colon. Au début des années 1970, il impose l’abacost (contraction de « à bas le costume »). Ce veston le plus souvent dépourvu de col et à manches courtes est aussi porté par les apparatchiks de Brazzaville.
Pas vraiment au goût de M. Mouyengo qui préfère « étudier » les styles de Claude François, Jacques Dutronc, Antoine et autres dans le magazine Salut les Copains. Marginalisée, méprisée et un temps proscrite, la Sape entre alors dans une sorte de semi-clandestinité. « Saper n’est pas un délit, pourtant nous ne bénéficions que d’un jugement défavorable du côté des responsables du pays, qui nous traitaient d’impérialistes, se souvient le « salopard de la Sape ». Nous n’étions pas des délinquants, mais plutôt des snobs. »
« Des responsables du pays nous traitaient d’impérialistes. Nous n’étions pas des délinquants, mais plutôt des snobs. » Séverin Mouyengo.
A Kinshasa, le chanteur Papa Wemba, le « roi de la rumba » également « prince de la Sape », chante les louanges de ces élégants, leur rend hommage et popularise le mouvement. A Paris et à Bruxelles, des membres de la diaspora, des étudiants boursiers et des « aventuriers », surnom donné à ceux qui tentent leur chance comme immigrés en Europe, lui donnent un nouveau souffle et l’internationalisent. Ils s’appellent Djo Balard, Bachelor...
Ils mettent à mal l’image de l’immigré, acheminent des vêtements au pays, répondent aux commandes exigeantes des sapeurs restés au bord du fleuve Congo. Des grandes maisons s’intéressent à ces dandys érudits en matière de mode et consommateurs frénétiques. Daniel Hechter, J.M. Weston et d’autres recrutent des sapeurs pour gérer cette clientèle si pointue.
Avec le créateur japonais Kansai Yamamoto
Au pays, la guerre civile éclate en 1993. Elle reprend ensuite en octobre 1997 durant cinq mois et enfin en décembre 1998. Cette dernière doit durer trois jours selon les soldats qui font évacuer les habitants de Brazzaville pour écraser les miliciens ennemis. Craignant les pillards, M. Mouyengo enfouit dans un trou creusé dans sa parcelle son trésor de sapeur : 203 costumes de grandes griffes, 30 de marques moins onéreuses, 302 chemises, 25 paires de souliers dont six de J.M. Weston, des bretelles, des lavallières « en nombre incalculable », des bijoux et des montres... Sauf que la guerre dure plus d’une année, tue des milliers de personnes dont cinq membres de sa famille. Les insectes et la pluie ont pulvérisé son butin. Il repart à zéro, reconstitue une garde robe avec l’argent qu’il n’a pas. Pas de quoi l’inquiéter. Il a le temps d’une vie pour cela.
Tokyo, avril 2016. Séverin Mouyengo parade aux côtés de son nouvel ami, le célèbre et exubérant créateur de mode Kansai Yamamoto. C’est son quatrième séjour dans la capitale japonaise où il a été invité par des artistes pour présenter la Sape. L’édition japonaise du magazine GQ saisit le moment et s’intéresse à ce duo délirant et fusionnel. « C’est au-delà des mots et en un clin d’oeil, je suis devenu si proche de lui », dit M. Yamamoto qui fait de M. Mouyengo son « conseiller » très spécial. « Il me consultait pour l’agencement des couleurs et des tissus », se souvient le Congolais.
Kansai Yamamoto s’est éteint en juillet 2020 et Séverin Mouyengo ne bouge plus vraiment de Brazzaville qu’il arpente, toujours tiré à quatre épingles. La Sape n’y est plus combattue depuis longtemps mais valorisée par le gouvernement. Des ministres ont été initiés ; des grandes marques, telles que Guinness, sollicitent les sapeurs pour des publicités ; des artistes comme Maitre Gims s’en inspirent et chantent leur élégance. Le samedi soir, le sexagénaire défile toujours dans le quartier populaire de Bacongo. Il retrouve jeunes et vieux sapeurs au bar « De Guy » pour se montrer et contempler. Il continue d’écrire et de vivre son histoire de la Sape.
Aux Congos, la Sape, c’est bien plus que se faire beau. La Société des ambianceurs et des personnes élégantes, c’est promouvoir un art de vivre et de voir le monde. C’est aussi un acte politique, alors que ce mouvement est né au début duXXe siècle contre les puissances coloniales.
Entre 2017 et 2019, je me suis rendu à Brazzaville, au Congo, et à Kinshasa, en République démocratique du Congo, pour rencontrer des familles entières desapeurs*, desapeuses*et de mini-sapes*en formation.
J’avais pour objectif de mettre en lumière le rôle que joue laSape* dans la lutte qu’elles mènent contre leur situation difficile, le contraste saisissant qui existe entre l’élégance de leur tenue et la dureté de leur environnement. Les Congos sont parmi les pays les plus pauvres du monde et les membres de la Société des ambianceurs et personnes élégantes – la Sape – offrent donc un spectacle extraordinaire.
Chaussettes de soie et pipes ornées
Les Congolais sont connus pour se soucier de leur apparence, mais la Sape porte l’art de bien paraître encore plus loin.Papa Wemba, le chanteur de rumba congolaise célèbrepour son élégance qui a popularisé le looksapeur[mort sur scène en 2016], confiait que son inspiration venait de ses parents, qui étaient“toujours bien mis, toujours très chics”dans les années 1960.
Les familles desapeurssont traitées comme des célébrités. Elles apportent espoir et joie de vivre à une population ravagée par des années de violence et de conflit. Il peut sembler frivole de dépenser de l’argent pour des pipes finement ornées et des chaussettes de soie dans un pays comme laRDC, où plus de 70 % de la population vit dans la pauvreté, mais la Sape fait davantage que permettre aux gens d’oublier leurs problèmes : elle est devenue une forme subtile de militantisme social, un moyen de prendre sa revanche sur le pouvoir et de se rebeller contre la situation économique.
Élément vital du patrimoine
Le mouvement remonte aux années 1920. Les jeunes hommes congolais commencèrent à porter et imiter les vêtements français et belges pour lutter contre la supériorité coloniale. Les boys rejetèrent les vêtements usagés de leurs maîtres et se mirent à consommer par provocation, à dépenser leur maigre salaire mensuel pour acquérir les dernières modes extravagantes de Paris.
Après l’indépendance en 1960, Kinshasa et Brazzaville devinrent des centres où se réunissait une nouvelle élite africaine francophone. Nombre de Congolais allaient à Paris et Londres et en revenaient avec des vêtements de marque. Pour reprendre les termes de Papa Wemba,
L’homme blanc a inventé les habits mais c’est nous les Congolais qui en avons fait un art.”
Malgré des campagnes visant à interdire lessapeursdans l’espace public dans les années 1980, la Sape connaît une résurgence depuis quelques années. Lessapeursde tous âges se réunissent pour danser, discuter et décider de qui est le mieux habillé. Et ils jouissent d’un grand respect – ils sont considérés comme un élément vital et stimulant du patrimoine culturel congolais.
Dans ces pays déchirés par le colonialisme, la corruption, la guerre civile et la pauvreté, les ambitions vestimentaires – et la courtoisie de gentleman – dessapeurspeuvent permettre d’apaiser les luttes internes.“Je ne vois pas comment quelqu’un de la Sape pourrait être violent ou se battre. La paix est très importante pour nous”,déclare Séverin, 62 ans, dont le père était aussisapeur
.
Un art qui se décline aussi au féminin
La vraiesapologie*, c’est plus que des étiquettes de luxe : le véritable art dusapeurréside dans sa capacité à se constituer une élégance unique, propre à sa personnalité.
Même si la tradition se transmet habituellement par les hommes, les femmes se mettent, elles aussi, aux vêtements de marque et à devenirsapeuses. Elles défient ainsi la société patriarcale, inversent la dynamique du pouvoir et reviennent aux origines de la Sape. La Sape est un mouvement en constante évolution. Les jeunes défavorisés utilisent la mode pour accompagner l’évolution de leur pays vers un avenir plus cosmopolite et chargé de plus d’espoir.
* En français dans le texte
[Cet article, publié parCNN, est un extrait du livre du photographe Tariq Zaidi,Sapeurs. Ladies and Gentlemen of the Congo, publié en septembre 2020 aux éditions Collector’s, non traduit]TARIQZAIDI
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