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5 mars 2021 5 05 /03 /mars /2021 06:00

 

La viande, rouge, blanche, rosée, est sur la sellette des Verts.

 

Dans le même temps, le Salon de l’agriculture, créé en 1964, sous l'impulsion d'Edgar Pisani, ministre de l'Agriculture dans les gouvernements de Michel Debré (1961-62) et Georges Pompidou (1962-1966) ses vaches, ses cochons, ses couvées et autres animaux à poils et à plumes… qui font l’émerveillement des enfants des villes, n’ouvrira pas les portes de sa 58e édition.

 

 

L’expression galvaudée : la plus grande ferme de France, n’est qu’une image d’Épinal loin de la réalité, une vitrine où l’on expose la face bucolique du terroir, un foirail post-moderne pour urbains désenchantés, le dernier salon où les politiques se pavanent  pour soigner leur image de présidentiables.

 

Paradoxe : ces animaux domestiqués offerts aux regards émerveillés de nos bambins ne sont élevés que pour être tués, découpés, transformés, pour être mangés.

 

Les mêmes, lorsqu’ils sont gamers  vont s’exclamer :  

 

« C’est une tuerie ! »

 

Au fait, d’où vient-elle cette tuerie-là ?

 

« Rappelez-vous : autrefois, on disait «c’est trop fort», puis on en vint à s’exclamer «’tain ça déchire», avant de gueuler «ça tue !»

 

De là vient l’expression «un truc de la mort qui tue», qui exprime joyeusement que… c’est vraiment épatant. La tuerie désigne le massacre que l’on commet sur les avatars numériques et celui qui explose le cholestérol ; mais aussi le plaisir que l’on prend à (se) faire du mal. Le mal qui fait du bien, en somme. »

 

Ainsi s’exprimait Didier Pourquery dans une chronique de Libé écrite le 20 DÉCEMBRE 2008, soit une éternité

ICI 

 

 

7 juin 2015

« Cette soirée au Lapin Blanc, ce ragù de Jancou, ce rosé des Riceys d’Olivier Horiot : « Une vrai tuerie ! » ICI 

 

Pour ne rien vous cacher je ne l’aime pas cette expression car elle évoque pour une image d’enfance : celle des tueries particulières de mon enfance évoqué dans cette chronique du 12 novembre 2013 « Je me souviens des « tueries particulières » celle de la Mothe-Achard tout particulièrement. » ICI 

 

 

 « Le terme de « tuerie » ou « tuerie particulière » fut d’abord utilisé pour désigner le lieu où chaque boucher abattait ses propres animaux : dans la cour ou la remise attenante à sa boucherie, parfois même directement sur le trottoir, devant la boutique. Le mot abattoir est apparu dans le langage professionnel et administratif lorsque des locaux spécialisés ont été imposés dans les grandes villes, et d'abord à Paris, pour y mettre à mort les animaux de boucherie. »

 

Les chasseurs-cueilleurs sont apparues pendant le Paléolithique ; l'Homme était un chasseur-cueilleur en Europe jusqu'à il y a 7.500 ans environ, au Néolithique, période au cours de laquelle l'agriculture s'est développée. Pendant 2.000 ans environ, chasseurs-cueilleurs et agriculteurs ont cohabité en Europe, puis les premiers ont disparu.

 

Quand l'homme en a-t-il eu assez de courir après sa nourriture ?

 

Pendant des millions d'années, les hommes s'en sont remis à la providence et à la générosité de la nature. Partout où ils le peuvent, ils collectent des dizaines de variétés de plantes comestibles et chassent les animaux sauvages qui les entourent. Puis, lors des beaux jours, après la dernière glaciation, il y a plus de 11.000 ans de cela, ils décident de construire des villages plus solides. Ils utilisent le mortier, la boue séchée et les roches pour bâtir leurs maisons. Ils se sédentarisent. Alors commence la lente révolution néolithique, fondement de notre civilisation.

 

Les plus anciens témoignages archéologiques de la première grande révolution de l'humanité se situent sur les contreforts des Monts Taurus en Anatolie, au sud de la Turquie actuelle.

 

Après le dernier pic glaciaire, très vif, les régions du Proche et du Moyen-Orient bénéficient d'un climat tempéré chaud et humide. Tout autour du désert de Syrie s'étend une région qui forme un arc qui va de l'Egypte au sud, remonte vers la Turquie, le long des rives orientales de la Méditerranée, puis continue vers l'est et le sud jusqu'à la plaine de Mésopotamie traversée par le Tigre et l'Euphrate. C'est le fabuleux Croissant fertile.

 

[…]

 

Les premiers animaux domestiqués

 

Quelques millénaires plus tard, les habitants de ce même site continuent de chasser les gazelles de Perse. Mais cette fois, l'ordinaire s'installe pour la consommation des plantes. L'alimentation végétale est dominée par deux sortes de blé et d'orge, du seigle, des lentilles et des pois chiches. Les femmes et les hommes continuent de moudre. Puis, vers 7.500 av. J.C., deux nouveaux venus sont invités à l'économie de substance : le mouton et la chèvre. Ce sont les premiers animaux domestiqués.

 

En fait, le premier animal domestiqué est le loup. Le plus ancien témoignage provient de la tombe d'une vieille femme, trouvée à Aïn Mallaha, en Israël, et datée de 10.000 av. J.C. C'est le squelette d'un louveteau ou d'un chiot âgé de 3 à 5 mois, enseveli avec sa compagne. Pour les archéologues, il est difficile de préciser le passage d'un animal sauvage à un animal domestique. En ces périodes entre chien et loup, on peut affirmer qu'un animal est domestiqué lorsque, par exemple, les jeunes sont tués pour leur viande ainsi que les mâles vers l'âge de deux ans, alors que les femelles ne sont mangées qu'à un âge avancé. C'est le cas aussi lorsque des modifications importantes affectent la morphologie, comme la transformation des cornes en forme de cimeterre des chèvres sauvages en cornes torsadées des chèvres domestiquées.

La suite ICI 

 

Ces animaux domestiqués furent en ces temps-là sacrifiés sous les châtaigniers par ceux mêmes qui les avaient élevés… ou dans des petites tueries particulières par les bouchers.

 

Et puis, ceux des villes venus de la campagne voulurent aussi manger des viandes mortes, alors sur les foires et les marchands les animaux furent achetés aux éleveurs pour être transportés sur pieds jusque dans les villes aux portes desquelles ils furent sacrifiés.

 

Sacrifiés dans des abattoirs, ceux de La Villette à Paris, ceux de Chicago aux États-Unis

 

Et puis, la chaîne du froid aidant, les abattoirs ont migré au plus près des animaux, eux-mêmes concentrés dans des élevages hors-sol, premier maillon de la chaîne industrielle. Ces abattoirs, eux aussi ce sont concentrés entre les mains de groupes industriels.

 

Et puis, face au gigantisme, ces usines à tuer, en dépit de ce dit la loi sur l’abattage des animaux,  la France des 265 abattoirs de boucherie (bovins, ovins, caprins, porcins, équins) et 699 abattoirs de volailles et lagomorphes (lapins lièvres…). Tous sont soumis à la loi et doivent respecter des règles spécifiques. ICI, certains éleveurs veulent en revenir à l’abattage à la ferme.

 

Siegrief Giedon dans son livre La Mécanisation au pouvoir, Mechanization takes command, ICI  1948, écrit :

 

« Les grandes plaines à l’ouest du Mississippi, où un homme à cheval domine d’immenses étendues d’herbage et où les troupeaux grandissent presque tout seuls, appellent implicitement l’abattage à la chaîne. Au contraire avec la petite ferme, où chaque vache porte un nom et reçoit des soins individuels au moment du vêlage, des méthodes artisanales s’imposent. »

 

Objection votre honneur, rêve de bobo, tout ça c’est pour nourrir au meilleur prix le grand nombre !

 

En êtes-vous aussi sûr, cette viande, surtout la rouge, n’est-elle pas le sous-produit de vaches laitière réformées puis moulinées pour faire des steaks hachés ? Et tous ces plats cuisinés avec des bouts de poulet venus d’ailleurs ! Ne parlons surtout pas de nos pauvres cochons…

 

Tout ça pour vous dire que :

 

  • Je mange de la viande, des viandes… et que je souhaite que les animaux sacrifiés le soient au plus près de ceux qui les ont élevé. Au Bourg-Pailler, c’est la mémé Marie qui tuaient les poulets, les lapins, on tuait une fois l’an le cochon, nous mangions peu de viande rouge, même si ma chère mère, pour que je pousse me cuisinait du foie de veau et des steaks de poulain.

 

  • Dans ma carrière j’ai visité des abattoirs de porc : Fleury&Michon à Pouzauges, ma thèse de doctorat  de droit sur le cochon ; j’ai visité des abattoirs de bovins : la SOCOPA, de volailles : Doux, Tilly, Bourgoin… donc je sais.

 

 

À l’abattoir, le récit de Stéphane Geffroy, qui travaillait depuis 25 ans à l’abattoir de Liffré, petit bourg de 4 000 habitants près de Rennes. Son établissement de 200 personnes faisait partie d’un groupe industriel qui possède également une unité de 1 000 personnes à Vitré et une autre, de 400 employés, à Trémorel. Geffroy ne précisait pas dans son livre l’identité de ce groupe. Il s’agit de SVA Jean Rozé du groupe Intermarché (Liffré. L’ancien abattoir SVA bientôt démoli ICI 

 

Sur un ton et simple et direct, ouvert et presque naïf, le narrateur révèle la monstruosité d’une vie passée dans un univers éloigné de l’image d’Épinal qu’on peut avoir de la Bretagne. Stéphane Geffroy est affecté à la tuerie, l’un des trois grands ateliers dans un abattoir (avec la triperie et le désossage), où « la bête entre vivante d’un côté, et elle en ressort sous forme de deux demi-carcasses prêtes à être découpées de l’autre ».

 

La tuerie est sans doute le plus difficile des ateliers, à cause du bruit, de la cadence rapide du travail et des températures extrêmes en hiver et l’été. Pour ne pas parler des odeurs, celles des peaux fraîchement arrachées, et celles des graisses qu’on coupe. Et enfin, le sang qui gicle tout au long de la chaîne, qui continue à éclabousser malgré la tentative d’en recueillir autant que possible au début du processus.

 

Les ouvriers rentrent dans un « corps-à-corps avec la bête dépecée », utilisant des couteaux pour la majeure partie du travail, employant de temps à autre des scies électriques ou des pinces pneumatiques. Stéphane Geffroy décrit un « travail de combattant », auquel il applique tout son corps pendant deux ou trois heures d’affilée, les poignets, les bras, le dos, les épaules et les genoux, restant toujours debout.

 

À la tuerie, comme à la triperie ou au désossage, il n’y a aucune ouverture sur l’extérieur. De plus, Geffroy et ses collègues opèrent dans un espace très réduit, la chaîne nécessitant un rapprochement des opérations. À chaque poste, on a une minute quinze pour effectuer le boulot, après quoi une sonnette indique que la chaîne va avancer. Geffroy compare ces conditions à un vieux film « du genre Charlot ». En effet, on y trouve quelque chose d’anachronique, comme si l’abattoir de Liffré sortait directement du XIXe siècle, du Chicago décrit par Jacques Damade.

 

Et pourtant…

LES ABATTOIRS AU CINÉMA : LA MORT ET LA DÉLICATESSE ICI

 

09.12.15 – par Camille Brunel

 

Dans ma tête un rond-point, de Hassen Ferhani (2015) – 100’

La Parka, de Gabriel Serra Arguello (2013) – 29’

Le Sang des Bêtes, de Georges Franju (1949) – 21’

White God, de Kornel Mundruczo (2014) – 119’

Hellboy 2, de Guillermo del Toro (2008) – 120’

Massacre à la tronçonneuse, de Tobe Hooper (1974) – 84’

 

Au Festival de Turin, qui s’est achevé le 28 novembre dernier, le grand prix du documentaire fut remis à Dans ma tête un rond point, d’Hassen Ferhani – déjà lauréat du grand prix de la compétition française du dernier FID de Marseille. Cette co-production franco-algérienne dresse le portrait d’un groupe de jeunes employés dans un abattoir d’Alger. Ainsi le jury turinois choisit-il de le récompenser « pour la précision, la méticulosité et la pertinence de ses choix, qui transforment un lieu de dur labeur et de mort en une série de tableaux vivants pleins de délicatesse, d’ironie et de chaleur humaine. » Transformer la mort en délicatesse : sacrée prouesse, en effet. Du point de vue de l’animal, qui nous intéresse, la chose n’a cependant rien que de très habituel, voire d’un peu lassant.

 

La transformation de la violence des abattoirs en douceur commerciale est au fondement de la publicité qui, depuis des années, vend saucissons, entrefilets et boulettes comme autant de mignardises. Au cinéma en revanche, l’abattoir est le lieu où la vue se brouille. Qu’est-ce qu’on regarde au juste ? Souvent les images y sont les plus obscènes possibles – agonies, entrailles, flaques de sang. Y apporter la caméra n’offre dès lors que deux alternatives : se prêter à un exercice d’hyper-révélation, montrant ce que l’œil ne veut pas voir, ou d’hyper-mystification, métamorphosant le massacre à la chaîne en « chaleur humaine ».

 

 

Culture
Un livre peut-il changer le monde? ICI

Upton Sinclair a modifié une partie du fonctionnement de la société grâce à un seul roman. C’est exceptionnel. Pourtant, il en gardera un regret éternel.

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commentaires

D
Bonjour, merci pour cet article, bien documenté. Je porte a votre connaissance, l'initiative prise par une eleveuse de Bourgogne, en Auxois, de créer un abattoir mobile, pour l'abattage à la ferme. <br /> Cf Emilie Jeanin, boeuf éthique <br /> Bien a vous
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