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5 février 2021 5 05 /02 /février /2021 06:00

 

 

 

Qui se souvient de António de Oliveira Salazar le «moine-dictateur» du Portugal ?

 

Tout le long du XXème siècle, le monde a connu une multitude de dictateurs avec des profils similaires : harangueurs de foules, orateurs d’un certain talent, hommes à poigne avec le soutien de l’armée ou de milices fidèles,…

 

L’Espagne sous Franco en est un bon exemple. Et pourtant, son voisin ibérique, le Portugal, semble faire bande à part. Salazar a réussi à accéder au pouvoir de façon très technocratique, comme ministre des Finances, nommé par une dictature militaire qui entendait « nettoyer les écuries d’Augias ».

 

 

Perçu comme modeste et profondément pieux, o professor fut bien souvent autoritaire et impitoyable envers ses adversaires. Et tout au long de son règne de près de quarante ans, malgré les conflits mondiaux ou encore les guerres coloniales de « l’empire », Salazar a réussi à faire durer son Estado Novo sans pour autant susciter de nostalgie particulière dans le Portugal démocratique depuis la Révolution des œillets le 25 avril 1974.

 

  • En quoi le Salazarisme diffère des autres régimes conservateurs et fascistes ?

 

Question compliquée. Les principaux facteurs de différenciation tiennent à la fois à la singularité de la nature du régime et à la nature même du personnage, celui qui incarne le régime, António de Oliveira Salazar (1889-1970). Il s’agit d’un personnage atypique par son parcours personnel. C’est un universitaire, professeur d’économie politique à l’université de Coimbra, qui devient chef du gouvernement et dictateur, parcours peu courant dans l’Europe de l’entre-deux-guerres. Ce n’est pas un militaire et il n’a jamais porté l’uniforme.

 

 

 

Salazar n’est pas non plus un grand orateur en public ou un leader charismatique. Pourtant c’est un personnage à la fois habile, retors, implacable qui va conquérir le pouvoir, sans « marche sur Rome » ni élection, de façon technocratique comme « magicien des Finances » et en tissant sa toile petit à petit, avec pour seul soutien, au départ, une petite formation politique, le Centre catholique.

 

 

Sur le régime lui-même et son ADN : Il s’agit d’un nationalisme non-expansionniste, non francobelliqueux. Le but n’est pas de s’agrandir ou de conquérir mais de préserver les colonies (Goa en Inde, vastes territoires en Afrique, notamment Angola et Mozambique). C’est un « nationalisme d’empire » avec une forte instrumentalisation de l’histoire.

 

 

La matrice est ultra conservatrice et catholique, très répressive avec une justice et une police politique consacrant l’arbitraire et l’absence de libertés publiques. Salazar ne se reconnaît pas non plus dans ce que Philippe Burrin nomme « le champ magnétique du fascisme ». Il essaye même de s’en démarquer à sa manière. Salazar ne se reconnaît pas dans les figures du Duce, du Führer ou du Caudillo.

 

 

La suite ICI 

 

La PIDE surveillait tout et pouvait soupçonner quelqu’un qui n’allait plus à la messe, suffisant à en faire un suspect. C’était une police implacable de la pensée et du quotidien.

 

 

 

La Polícia internacional e de defesa do estado en français : Police internationale et de défense de l'État, plus connue comme PIDE, était la police politique de l'État portugais pendant l'Estado Novo sous António de Oliveira Salazar.

 

« Trop exposés, les bars à fado du quartier de l’Alfama n’étaient pas des lieux de rendez-vous pour les opposants ; ils préféraient des lieux de réunion discrets et en changeaient souvent pour éviter d’attirer l’attention du voisinage. C’est la période où les violences du régime s’expriment pour la première fois. Même s’il y avait déjà à Lisbonne tous les ingrédients du bonheur et de la douceur de vivre, je voulais montrer la difficulté même d’exister. Il n’y a pas de « dictature douce », c’est une vue de l’esprit.

 

Parce que vous pissez contre arbre, parce que votre tête ne revient pas aux miliciens, ils sont libres de vous passer à tabac. Il y a des informateurs partout, de la délation à tous les étages. Aujourd’hui encore, beaucoup de Portugais qui ont vécu à cette époque parlent en se masquant la bouche pour qu’on ne puisse pas lire sur leurs lèvres. Il y a une dizaine d’années encore, sur un plateau télé j’avais noté que le grand écrivain portugais António Lobo Antunes avait gardé cette habitude.

 

Nicolas Barral, auteur et dessinateur de Sur un air de fado, plongée dans le Portugal de Salazar. 

BD : “Sur un air de fado”, quand la dictature donnait le ton au Portugal ICI

Propos recueillis par Stéphane Jarno

Publié le 17/01/21

 

C’est en partant d’une observation précise de la société portugaise, qu’il connaît bien, que Nicolas Barral a réalisé son premier album en tant qu’auteur et dessinateur. Une plongée humaniste dans le Portugal fasciste, dans un sépia propre à la remémoration.

 

Lisbonne, 1968.

 

Entamée trente-cinq ans plus tôt, la dictature de Salazar s’essouffle, mais la « révolution des œillets » n’aura lieu que six ans plus tard. Comme beaucoup de Portugais, le Dr Fernando Pais a la conscience en berne et préfère regarder ailleurs. Mais le destin est mutin et prend parfois les traits d’un gamin des rues…

 

Avec Sur un air de fado, Nicolas Barral signe son premier album en tant qu’auteur et dessinateur. Avec ses personnages complexes et attachants, sa narration maîtrisée de bout en bout, ce « coup d’essai » s’inscrit dans la lignée des meilleures fictions historiques à hauteur d’homme, du type Les Phalanges de l’Ordre noir, de Christin et Bilal.

 

« J’ai voulu montrer ce que c’est de vivre sous une dictature, comment la plupart des gens s’en accommodent. »

 

« Traiter de l’engagement sous une dictature »

 

Il se trouve que j’ai épousé une Portugaise et donc Lisbonne et la culture portugaise étaient dans le trousseau de mariage. Et dans ce trousseau de mariage il y avait un certain nombre d’auteurs dont Antonio Lobo Antunes et Antonio Tabucchi, auteur italien lusophone, qui a fait paraitre en 1994 'Pereira prétend',  que j’ai lu au moment de sa parution, qui racontait l’histoire d’un personnage falot sous la dictature qui vit sans beaucoup s’impliquer, retranché dans ses amours perdus. Un jour, il est amené à se prononcer, à prendre position. Cette thématique m’intéressait beaucoup. Parce qu’elle me renvoyait à moi-même et à l'attitude que je pourrais ou ne pourrais pas avoir si mon pays, la France en l’occurrence, tombait en dictature. C’est une problématique qui s’était posée sous l’Occupation.

 

Même si vous n’êtes pas amateur de BD achetez Sur un air de fado, de Nicolas Barral, éd. Dargaud, paru le 22 janvier.

 

Sur un air de fado, page 42, de Nicolas Barral.

 

Sur un air de fado, page 135, de Nicolas Barral.

Cet album, je l’ai porté longtemps, c’est le premier que j’écris et que je dessine. Auparavant, j’ai travaillé avec beaucoup de scénaristes, dont l’excellent Tonino Benaquista ; j’ai adapté aussi des Nestor Burma – passer après Tardi n’a rien d’évident. La première mouture date de 2005, et puis au fil du temps, de mes connaissances et sans doute de mon âge, elle s’est enrichie, affinée, les personnages sont devenus plus complexes et l’histoire moins manichéenne. Lorsqu’on n’a pas de compte à rendre à un scénariste, on peut modifier l’album jusqu’au dernier moment, intégrer de nouveaux éléments. Le scénario ne précède pas toujours le dessin. Certains personnages souvent prennent vie : initialement ils devaient être muets ou secondaires, et puis ils vous entraînent, vous donnent envie de les développer, les faire parler.

 

Emigrés surveillés

La PIDE et les Portugais en France

 

Víctor Pereira

 

En filigrane apparaît une représentation du migrant portugais en France : celle d’un révolutionnaire potentiel, transportant avec lui - consciemment ou non - les germes de la Révolution et de la subversion. Outre le fait que la migration soit intrinsèquement une rupture avec l’ordre établi et que les migrants s’initient, en France, à la démocratie et découvrent une société moins inégalitaire et moins hiérarchisée, les élites salazaristes craignent une politisation des migrants par le PCP ou d’autres partis d’opposition. La France, et en particulier Paris, sont considérés par les élites salazaristes comme une base arrière du communisme inter-national où des militants apatrides et antipatriotes tentent de convertir les travailleurs portugais. Le déracinement, les conditions misérables dans lesquelles vivent des migrants coupés de leurs campagnes, de leurs familles et de l’encadrement traditionnel censé les protéger de la propagande subversive, favorisent la tâche de ces trublions

 

Or, à en croire les journaux d’extrême-gauche (français ou portugais), la PIDE était omniprésente. Politique-Hebdo, par exemple, dans son numéro du 20 juillet 1972 révélait que “3 000 agents et indicateurs de la police portugaise opèrent en France. Ils sont infiltrés partout : dans les usines, les universités, les services publics. A la suite de la répression particulièrement dure qui a sévi au Portugal au cours des derniers mois, plusieurs cas de perquisitions ont été signalés à Paris au domicile de Portugais. Les policiers français sont parfois accompagnés de leurs confrères portugais ; de même les militants portugais arrêtés lors de manifestations sont questionnés en présence d’agents de la Direction Générale de Sûreté, DGS portugaise. Dans certains cas, la famille de ces militants reçoit la visite de la DGS au Portugal quelques heures après leur arrestation en France. Par ailleurs, des renforts auraient été demandés par la police française à la DGS pour faire face à l’agitation grandissante qui se développe dans les milieux émigrés portugais.

 

ICI 

 

 

 

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commentaires

P
Sale hasard pour les Portugais que ce régime dictatorial
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