J’ai vécu toute ma jeunesse au Bourg-Pailler au milieu des animaux de la petite ferme du pépé Louis, gardant ses normandes, allant les chercher au pré, les vêlant, y’avait aussi toute la basse-cour de la mémé Marie, ma chèvre grisette, c’étaient des animaux en liberté, élevés à l’ancienne, que nous respections.
Dans ma vie professionnelle j’ai visité de grands élevages dit hors-sol de volailles et de porcs, les animaux n’y étaient plus des animaux domestiques mais des « machines » entassées pour engraisser, pondre, vite fait bien fait sur le gaz, ce n’était plus de l’élevage mais de l’industrie au service des intégrateurs, ce n’était plus des éleveurs mais des façonniers indifférents.
Depuis quelque temps des associations, vidéos à l’appui, dénoncent les conditions de vie des animaux, la FNSEA les accuse d’intrusion, les défenseurs d’une agriculture et d’un élevage compétitifs ricanent, traitent ces cœurs sensibles de bobos vivant bien au chaud, loin des réalités économiques, de la concurrence et de la nécessaire indépendance alimentaire.
Désolé, tout comme le slogan de Bettane, aujourd’hui ravalé, les bio-cons, brocarder ceux des consommateurs qui exigent que le bien-être des animaux d’élevage soit une priorité est une idiotie, un contre-sens économique, en plus de l’éthique, ce respect des animaux, par ceux qui les élèvent, est de la valeur ajoutée. Les producteurs d’œufs l’ont compris en adoptant de plus en plus l’élevage en plein air.
Attention, il ne s’agit pas de mettre tous les éleveurs dans le même sac mais tout simplement de faire évoluer, changer des pratiques inadmissibles.
Pour ma part c’est une préoccupation ancienne :
3 janvier 2008
Être Bête ICI
Quelle est la différence entre l'homme et les animaux ? Philosophes, psychologues, sociologues, anthropologues, juristes se sont attelés sans relâche à cette question. Quel sens peuvent lui donner ceux qui vivent quotidiennement avec des vaches et des cochons dans des pratiques créatrices de liens ? Qu'en pensent des éleveurs ? On découvre, à les écouter, des réponses inattendues. Les animaux avec lesquels ils travaillent sont intelligents, sensibles ; ils savent ce qu'ils veulent et ils devinent ce qu'on attend d'eux. Nous disposons d'une primatologie pour les singes, d'une éthologie pour les dauphins, les ours, les loups, les éléphants, les oiseaux..., mais nous ignorons encore presque tout des vaches et des cochons. Il existe pourtant, du côté des éleveurs, une réserve impressionnante de savoir à leur propos, un savoir qui diffère de celui des scientifiques et qui s'enracine dans le "vivre ensemble".
La question de la différence entre l'homme et les animaux ?
Drôle de question !
COMMENT LE BIEN-ÊTRE ANIMAL EST DEVENU UN ENJEU ÉCONOMIQUE POUR L’AGROALIMENTAIRE ICI
Face à la pression des consommateurs et des associations, les entreprises cherchent à améliorer les conditions d'élevage, de transport ou encore d'abattage des animaux. Plusieurs expérimentations sur la castration des porcs ou le pâturage des vaches, liant éleveurs, distributeurs et chercheurs ont été menées pour trouver un équilibre entre bien-être animal et viabilité économique. Une quête de longue haleine alors que les consommateurs, toujours plus sensibles à la maltraitance animale, ne sont pas prêts à payer plus.
« Conditions d’élevage déplorables », « tromperie du consommateur », « ramassage de dizaines de porcelets morts ». La nouvelle vidéo de L214 dans un élevage de porc a créé une onde de choc chez Herta. La marque fait désormais l’objet d’un boycott de la part des supermarchés britanniques Waitrose qui ont suspendu la vente de saucisses au porc Herta dans « l’attente d’une enquête ». De son côté la marque du groupe Nestlé a arrêté provisoirement l’approvisionnement en provenance de la ferme épinglée et rappelle « son engagement en faveur du bien-être animal ». Ce cas fait partie d’une longue liste d’interpellation des marques de la part d’associations ou de consommateurs.
« Chez Fleury Michon, une réclamation sur trois portait sur ce sujet », se souvient David Garbous, longtemps à la tête du marketing de la marque avant de lancer Transformation Positive, l’année dernière, une entreprise d’accompagnement centrée sur la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). « Il y a clairement une évolution et une prise de conscience sur la maltraitance animale », constate le spécialiste.
La filière œuf est souvent montrée en exemple.
Des expérimentations en cours
Désormais, ce sont plus de la moitié des poules pondeuses (53%) qui sont élevées en plein air. La filière a deux ans d’avance sur la première étape fixée par la loi qui devrait lui permettre d’atteindre l’objectif final de 100 % d’œufs hors cage en 2025. Mais les investissements ont été lourds, et parfois trop tardifs. En témoignent les mauvais résultats du groupe Mâtines, (qui appartient au groupe agricole Avril) numéro un des poules en cage qui accumule les pertes depuis six ans pour n’avoir pas su anticiper cette nouvelle tendance. « Pour les marques, c’est une opportunité à ne pas manquer mais cela a un coût », souligne David Garbous.
C’est justement ce sur quoi travaille le Laboratoire d’innovation territorial Ouest territoires d’élevage (LIT Ouest). L’association réunie notamment l’Institut national de recherche agronomique (INRAE), des éleveurs, des entreprises de la grande distribution, des ONG ou encore des startups…
« Le consommateur n’est pas prêt à payer dix fois plus cher sa tranche de jambon », avance Hervé Guyomard, directeur de recherche à l’INRAE. Le LIT Ouest permet justement de lancer des expérimentations en évaluant le coût et l’impact sur le bien-être des animaux. « On travaille sur la castration des porcs, l’amélioration des conditions de transports, les techniques d’étourdissement avant abattage ou encore le pâturage », explique le chercheur. « L’enjeu est de parvenir à définir des plans de progrès techniques tout en étant économiquement viable. C’est une épreuve de longue haleine », admet Hervé Guyomard.
La révolution du bien-être animal n’aura pas lieu
Il suffit de se promener dans les rayons des supermarchés pour constater les différences de prix. Les œufs bio de Poulehouse par exemple, cette marque qui n’envoie pas les poules pondeuses à l’abattoir à leurs 18 mois contrairement à toutes les autres, coûtent quasiment 6 euros la demi-douzaine. Entre les jambons bios, sans antibiotique, ou conventionnels, les prix peuvent varier du simple au double. Le risque est de ne permettre qu'à une faible partie de la population d'avoir accès à ces produits.
« Il y a de toutes façons une polarisation du marché qui s’est accentuée avec la crise du Covid-19 », remarque Matteo Neri, spécialiste de l’agroalimentaire au cabinet Xerfi. « Il y a ceux qui perdent du pouvoir d’achat et pour qui l’impératif est économique. Et ceux, plus marginaux, qui réclament d’avantage d’engagements de la part des marques », explique-t-il. Difficile pour les entreprises de répondre à ce paradoxe. Mais, dans ce rapport de force, malgré une forte croissance des marchés de niche comme le bio ou le végétarien, c’est le mass market qui cartonne le plus. « La révolution du bien-être animal n’aura pas lieu », prédit Matteo Neri.
Marina Fabre, @fabre_marina