Avec le couvre-feu fixé à 18 heures, même si ça ne change pas grand-chose pour moi, sauf qu’à 20 heures ça me permettait de dîner vite fait bien fait au 7 et de repartir dare-dare à vélo, faut meubler ses soirées.
Alors, j’ai décidé de me pencher sur le fonctionnement du lecteur de DVD et, ô surprise j’ai décrypté le maniement de la télécommande ad hoc.
Ensuite, je me suis plongé dans l’imposante bibliothèque de DVD, trié, sélectionné et me suis gavé de films.
Au fil de ces chroniques je vous en entretiendrai…
Dimanche soir dernier j’ai décidé de revoir HOURS
Télérama aime beaucoup
Critique par Louis Guichard
| Genre : ciné-livre.
Virginia Woolf écrit son Mrs Dalloway. Laura, mère au foyer à Los Angeles dans les années 1950, le lit dans sa cuisine. Clarissa, New-Yorkaise d'aujourd'hui, le vit peu ou prou. Toutes trois partagent cette maladie très littéraire : ne pas savoir adhérer à la réalité. Virginia entend des voix, ne supporte pas plus la campagne que Londres. Laura ne sait pas ce qu'elle fait dans ce pavillon cosy avec son petit garçon dans ses jupes. Clarissa hésite entre colère et désespoir en préparant une fête pour son ami-amant d'autrefois, malade du sida.
Adapté du roman éponyme de Michael Cunningham, The Hours raconte trois émancipations féminines vis-à-vis d'un ordre masculin, fût-il enfantin ou homosexuel, et fût-ce par la mort. Mais le sujet de ce film hollywoodien étonnamment ténébreux est aussi le sacrifice des uns pour le sauvetage des autres. Le goût des chimères, le désir d'ailleurs ou d'avant, et leur transmission à un enfant. Comment des vies se placent mystérieusement sous le signe d'une histoire. Et comment un fils finit par accomplir lui-même, des décennies après, le désir de suicide de sa mère...
Stephen Daldry (Billy Elliot) passe de Streep à Kidman (Oscar 2003) et de Kidman à Moore sans déperdition d'intensité. Pour peu qu'on soit d'humeur à ça, on connaîtra la volupté d'un suspense mental et d'un crescendo lyrique non-stop, en plus de trois merveilleux numéros d'actrices. — Louis Guichard
« 3 époques, 3 femmes incroyables, 3 actrices magnifiques. Le meilleur rôle de Kidman (méconnaissable) à ce jour. »
Les Inrocks détestent beaucoup
THE HOURS
01/01/03
Amélie Dubois
Un monument de fatuité et de vacuité. Seule Julianne Moore sort indemne de ce film obscènement surligné.
Avant même de voir The Hours, difficile de ne pas tiquer devant un détail inquiétant : le faux nez porté par Nicole Kidman pour incarner l'écrivain Virginia Woolf. Durant tout le film, la gêne se confirme : on ne peut s'empêcher de loucher (Kidman aussi) sur cette protubérance clownesque (résumant la nullité des critères de performances d'acteurs oscarisables) qui en dit long sur la lourdeur et la pauvreté du regard porté par Stephen Daldry sur le grand auteur anglais et la dépression déclinée au féminin.
On reste, ici, sur le terrain très limité d'un mimétisme qui se contente de la pose et du cliché, figeant son personnage dans une représentation caricaturale de l'écrivain névrosé au travail : mains qui tremblent, balbutiements, feuilles éparpillées dans le bureau, yeux hagards, on en passe et des meilleures. Les correspondances appuyées entre les trois femmes vivant à des époques différentes, outre le fait de prendre le spectateur pour un demeuré à force de surlignage, ne font que confirmer l'absence totale de profondeur et de subtilité du film.
Prétentieux et complaisant, The Hours met en scène une souffrance factice, racoleuse, voire obscène (particulièrement dans les scènes de suicides) et ne réussit qu'une seule chose : se rendre parfaitement détestable.
Le film est fondé sur le livre de Michael Cunningham
The Hours Trois époques, trois histoires, trois destins qui se confondent.
Dans la banlieue de Londres, au début des années vingt, Virginia Woolf lutte contre la folie qui la guette. Elle entame l'écriture de son grand roman, Mrs Dalloway.
Plus de vingt ans après, à Los Angeles, Laura Brown lit cet ouvrage : une expérience si forte qu'elle songe à changer radicalement de vie. A New York, aujourd'hui, Clarissa Vaughn, version moderne de Mrs Dalloway, soutient Richard, un ami poète atteint du sida. Comment ces histoires vont-elles se rejoindre, comment ces trois femmes vont-elles former une seule et même chaîne ?
Reste la vie et l’œuvre de Virginia Woolf, née Adeline Virginia Alexandra Stephen, est une femme de lettres anglaise.
Elle est une petite fille fragile qui ne pourra suivre ses études normalement. Fille du philosophe et écrivain Sir Leslie Stephen, Virginia est marquée par l'enseignement de son père, érudit et austère, qui encourage sa curiosité intellectuelle. Elle perd sa mère en 1895 puis son père en 1904 et s'installe ensuite à Londres dans le quartier de Bloomsbury. Elle souffre déjà de dépression et se consacre alors entièrement à l'écriture.
À cette époque, elle reçoit dans sa maison un cercle d'amis (Bloomsbury Group), dont Leonard Woolf qu'elle épousera, et Vita Sackville-West, avec laquelle elle entame une liaison qui durera tout au long des années 1920. Après la fin de leur liaison, les deux femmes resteront amies. Cependant, Virginia et Léonard ont des liens très forts et fondent ensemble la maison d'édition Hogarth Press en 1917 qui publiera K. Mansfield et une bonne partie de l'œuvre de T. S. Eliot. Elle commence à militer pour le droit de vote des femmes et participera toute sa vie à la cause féministe ("Une chambre à soi", 1929). En 1922 paraît "La Chambre de Jacob", texte novateur qui tente de s'éloigner des canons de la narration (influence de Proust et de Joyce).
Son style est constitué de voix intérieures, de rythmes poétiques, d'envolées lyriques. Elle se révèlera comme une des grandes voix sensibles de la littérature avec ses deux romans suivants, "Mrs. Dalloway" et "La promenade au phare", publiés respectivement en 1925 et en 1927. Son roman "Les vagues" lui donne une reconnaissance auprès du grand public.
Également critique, elle dissèque les œuvres de Wells ou de Galsworthy. Régulièrement en proie à de graves crises dépressives, elle se sent devenir folle.
Elle poste son dernier manuscrit "Entre les actes" puis dépose, le 28 mars 1941, une lettre sur le bureau de son mari où elle annonce son suicide (elle se jettera dans la rivière Ouse près de sa maison dans le Sussex). Elle lui écrit : « J'ai la certitude que je vais devenir folle : je sens que nous ne pourrons pas supporter encore une de ces périodes terribles. Je sens que je ne m'en remettrai pas cette fois-ci. Je commence à entendre des voix et ne peux pas me concentrer. Alors je fais ce qui semble être la meilleure chose à faire. Tu m'as donné le plus grand bonheur possible... Je ne peux plus lutter, je sais que je gâche ta vie, que sans moi tu pourrais travailler.»