Le consommateur a toujours raison ! disait-on…
Sauf à Bordeaux où tous les malheurs de ses vins, les petits, les sans-grades, viennent de ces salauds de bobos, parisiens bien sûr !
Des petits cons !
Et connes, bien sûr, elles se mettent à boire du vin.
Certes, je comprends, je les comprends car je les connais comme si je les avais fait, il leur faut bien débusquer des coupables, les auteurs des malheurs des petits vins de Bordeaux, instruire leur procès, les disqualifier, jeter l’opprobre sur ces buveurs de vinaigre, ces amateurs de goût de souris, ces licheurs de liquides voués au caniveau…
Et après avoir jeté les bobos dans la géhenne des amateurs de vin, que faites-vous messieurs les grands winemakers de Bordeaux ?
Vous floquez vos tronches sur les bouteilles et c’est reparti pour un tour !
On les retrouvera sur les murs froids de la GD…
Moi ça ne me dérange pas, il faut de tout pour faire un monde, des Nicolas versus Castel, des grands Gégé versus haut les cœurs languedociens, des occupants de rayons de la GD, des cavistes libres de leurs choix, des vignerons qui ne suivent pas les chemins des œnologues conseil, y’en a à Bordeaux comme ailleurs bien sûr.
Pardonnez-moi d’être trivial, de me glisser dans la peau de ceux qui vendent du vin dans leur petite échoppe à Paris et ailleurs, de chercher la bonne formule pour attirer le chaland.
La réponse est simple : draguer les louloutes et ces loulous décervelés qui ont du pognon, des qui achètent des vins nus qui puent, des qui ne forment pas de gros bataillons comme ceux des boomers, comme moi, en route pour le cimetière, qui achetaient des petits Bordeaux, pas moi, parce que comme le Port-Salut c’était écrit sur l’étiquette – Bienheureux les Besnier – des petits branleurs et branleuses qui clabaudent sur les réseaux sociaux, font un bruit de fond bien supérieur à celui des bien-assis, de Bordeaux et d’ailleurs.
Travestir la réalité ne change pas la réalité.
Je ne demande à personne de se battre la coulpe, pour me moquer de moi-même j’endosse le temps de cette chronique la tunique d’un schumpétérien d’occasion : «Puisque l’on entre dans un monde très schumpétérien, il est important de libérer le processus de destruction créatrice » avançait Emmanuel Macron
La distillation de crise à Bordeaux, comme ailleurs, fut un cautère sur une jambe de bois, l’arrachage est au coin du bois, rien ne sert de se cacher derrière son petit doigt, celui pointé sur les bobos « tueurs » des petits Bordeaux.
Quand le sourcing est défaillant, et c’est le cas à Bordeaux, il ne faut plus prendre les buveurs pour des canards sauvages, leur servir un leurre éculé : le Bordeaux-bashing.
Dans la fable du Bordeaux-bashing je suis plus Bernard Magrez, façon de parler, que Stéphane Derenoncourt.
N’ayant jamais retenu ses coups, Bernard Magrez frappe toujours fort à 84 ans : « le Bordeaux bashing, ce n’est pas une chanson, c’est une vérité. Bordeaux n’a pas renouvelé sa gamme [alors que] les amateurs de vins aiment découvrir des nouveaux produits. A Bordeaux, ça ne bouge pas, […] tandis que l’on a mille concurrents qui sont très costauds au niveau qualitatif, au niveau prix, au niveau célébrité… »
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- Le problème de Bordeaux n’est-il pas que l’on ne parle que de Bordeaux bashing à Bordeaux, mais plus des vins de Bordeaux ailleurs ?
On n’en parle plus !
Il existe des cavistes et restaurants où il n’y a plus un vin de Bordeaux, c’est une forme de racisme. Cela a démarré au début des années 2000, quand les grands crus se sont déconnectés de la consommation pour la spéculation. Toute l’image de Bordeaux s’est concentrée là-dessus. Nous avons vécu deux décennies de purges. Il y a vingt ans, quand on marquait Bordeaux sur une étiquette, on vendait le vin. Peu importe les pratiques et la personnalité, les pires pouvaient changer toutes les années leur Mercedes. La remise en cause a été forte dans les pratiques, le savoir-faire n’a jamais été aussi fort à Bordeaux. Mais cela ne s’est pas accompagné du faire savoir. Les vins de bobos sans sulfites ne sont pas l’apanage des vins de Loire, il y en a aussi à Bordeaux. Mais on n’en parle pas.
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