Le sujet est grave, la chanson d’Alain Souchon m’est seulement revenue dans la tête en lisant ce qui suis.
Je lis, je lis, La constance du jardinier de John Le Carré, soyez patient j’arrive à la fin, mais pages 442 à 446, un focus sur ce qui se passait au Soudan-sud.
Le texte de Le Carré date de 2001, depuis 2011 le Soudan du Sud est indépendant du Soudan. Le Soudan du Sud a plongé fin 2013 dans une guerre civile politique et ethnique qui a fait des dizaines de milliers de morts et plus de 3 millions de déplacés. Un affrontement particulièrement sanglant entre les partisans du président Salva Kiir et ceux du vice-président Riek Machar. Les combattants saccagent les villages, les cultures, pillent le bétail. Or l'élevage est le principal moyen de subsistance des familles. Un conflit politique, mais aussi ethnique : Salva Kiir est soutenu par les Dinka, Riek Machar, par les Nuer, les deux principales ethnies du pays. Avec des humanitaires harcelés, voire attaqués par des groupes armés, et qui ont été empêchés d'accéder à certaines zones par les autorités, principalement celles tenues par l'opposition.
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Soudan du Sud : enfin un accord entre Salva Kiir et Riek Machar ICI
2019
En septembre 2019, Salva Kiir et Riek Machar se sont rencontrés pour mettre en application l'accord de septembre 2018, dans le but de former un gouvernement pour novembre 2019.
En décembre 2019, après plusieurs mois de tension entre le gouvernement et l'ex rébellion (opposition), les chefs des deux entités s'engagent à former le gouvernement d'union nationale à la fin du mois de février 2020.
2020
À la suite de cet accord, Riek Machar est nommé vice-président le 22 février 2020.
En juin 2020, un homme d'affaires sud-soudanais et ancien officier de renseignement annonce le lancement d'un nouveau groupe rebelle. Kerbino Wol déclare avoir l'intention de renverser ce qu'il appelle "la direction corrompue du pays". Kerbino Wol a appelé son groupe "Le Mouvement du 7 octobre", une référence au jour d'une émeute dans la prison où il a été détenu sans procès pendant deux ans. Kerbino a été gracié par le président Salva Kiir en janvier 2020.
Soudan du Sud: l’armée annonce la mort du rebelle Kerbino Wol ICI
Il y a 15 ans, dans cet Est sauvage, un camp des Nations Unis a été installé. Dans ce village de 300 habitants, plus de 80 ONG du monde entier, tentèrent d’apporter leur aide aux blessés du conflit soudanais sous la supervision des Nations Unis.
Aujourd’hui, le petit village est devenu une ville de 25000 habitants hébergeant 300 expatriés. En dépit de cette accumulation de savoir-faire et de moyens, Lokichokio ne compte que quatre puits, et ne dispose d’aucune collecte des déchets, ni d’électricité.
Le ballet incessant des avions humanitaires ponctue l’urgence quotidienne qui dure depuis des années.
Chaque jour, près de 125 tonnes de nourriture étaient acheminées à Lokichokio depuis Nairobi et Mombassa. Ce véritable pont aérien attirait des milliers de kenyans à la recherche d’un travail : cuisiniers, chauffeurs, emballeurs…et avait créé un vrai business en marge de l’action humanitaire, charriant son lot de prostitution, et de recel de marchandises.
Les accords de paix signés en janvier 2005 ont mis fin à cet eldorado humanitaire. L’hôpital le plus important d’Afrique, soutenu par le Comité International de la Croix-Rouge, et qui s’occupait exclusivement des blessés de guerre soudanais, a été fermé en juin 2006.
Les nombreuses ONG qui s’étaient installées dans le sud du Soudan ont depuis quitté cette ville qui n’avait aucune raison d’être.
« Au Sud-Soudan, on a les riches en calories, les OK en calories, les pauvres en calories et les sans calories, monsieur Atkinson. Le boulot de Loki, c’est de prévoir les épisodes de famine. Chaque tonne qu’on largue coûte 1300 $ à l’ONU. Dans une guerre civile, c’est les riches qui meurent les premiers, parce que si on leur vole leur bétail ils n’arrivent pas à s’adapter, alors que pour les pauvres ça ne change pas grand-chose. La survie d’un groupe dépend du fait que les terres alentour soient cultivables en toute sécurité. Malheureusement, ce n’est pas souvent le cas dans le coin. Je vais peut-être trop vite pour vous ?
- Non, c’est parfait.
- Donc Loki doit recenser les moissons et prévoir où surviendront les prochaines famines. On est sur le point d’en avoir une, là. Mais il faut être précis dans le timing. Si on largue les denrées quand ils sont prêts à moissonner, on chamboule leur économie. Si on les largue trop tard, ils sont déjà en train de mourir. À propos, la voie aérienne est la seule valable. Sur route, les denrées sont détournées, souvent par le chauffeur.
[…]
« Nous avons quatre niveaux de sécurité dans les centres de nutrition. Indice 4 : annulez le largage. Indice 3 : alerte rouge. Indice 2 : possible. Nous n’avons pas de zones à risque zéro au Sud-Soudan. Compris ?
[…]
- Quand on arrive au centre, le coordinateur indique l’indice du jour, reprend McKenzie. S’il y a état d’alerte, faites ce qu’’il vous dit. Le centre où vous vous rendez est dans une zone en principe contrôlée par le général Garang, qui vous a délivré le visa que vous avez perdu. Mais elle soumise à de fréquentes attaques venues du nord ou des tribus du sud. N’allez pas croire que c’est juste un conflit nord/sud. Les alliances tribales changent du jour au lendemain, et ils sont tout aussi prêts à se battre entre eux que contre les musulmans. Vous me suivez toujours ?
- Parfaitement.
- Au départ, le Soudan est un fantasme de cartographe colonial. Au sud, on a l’Afrique, des champs verdoyants, du pétrole et des chrétiens animistes. Au nord, l’Arabie, le sable et une poignée d’intégristes musulmans décidés à faire régner la charia. Vous savez ce que c’est ?
- Plus ou moins, oui, dit Justin qui a écrit des rapports sur ce sujet dans une autre vie.
- Le résultat, c’est qu’on a tous les ingrédients d’une famine chronique : ce que la sécheresse ne détruit pas, les guerres civiles s’en chargent et vice et versa. Mais Khartoum reste le gouvernement. Donc, au final malgré tous les accords qu’elle négocie au sud, l’Onu doit ménager Khartoum. Alors ce qu’on a là, monsieur Atkinson, c’est un pacte triangulaire unique entre l’ONU, les gars de Khartoum et les rebelles qu’ils écrabouillent. Vous me suivez ?
[…]
- À part les surplus que nous refilent les céréaliers américains, l’essentiel de ces céréales est cultivé dans le nord du Soudan. Allez donc comprendre : les organisations humanitaires achètent les céréales à Khartoum, et Khartoum utilise cet argent pour acheter des armes qui servent à la guerre contre le sud. Les avions qui apportent les céréales à Loki utilisent le même aéroport que les bombardiers de Khartoum pour pilonner les villages du sud-Soudan.
- - Et alors, c’est quoi la colle ?
- Pourquoi l’ONU finance les bombardements du sud-Soudan d’un côté et ravitaille les victimes de l’autre ?
- Je passe.
Soudan du Sud : un panel d’experts de l’ONU dénonce la stratégie de la faim utilisée comme arme de guerre ICI
SOUDAN DU SUD : UNE GUERRE CIVILE DÉVASTATRICE ICI
Le conflit qui oppose depuis 2013 l’armée sud soudanaise à des groupes d’opposition a provoqué le déplacement de plusieurs millions de Sud-Soudanais. Ils vivent dans la peur des affrontements et des exactions, avec très peu d’accès aux soins de santé.