Jean Glavany, alors Ministre de l’Agriculture, me dépêcha au chevet du Cognac en pleine perdition, médiateur entre les deux familles, comme on le dit en Charente, celles des viticulteurs faisant pisser la vigne et les « saigneurs », pardon les seigneurs des grandes maisons : Hennessy, Martell, Rémy-Martin, Courvoisier ICI (Martell n’était pas encore tombé dans le giron de Pernod-Ricard)
Les rapports entre les 2 familles étaient musclés, les communistes du Modef, fort alcoolisés, s’étaient fait la main sur le directeur du BNIC, un sous-préfet pantouflard ; la Confédération Paysanne, les va-nu-pieds, posait les bonnes questions mais n’arrivait pas à accoucher de propositions de compromis ; le restant des viticulteurs suivait à la lettre les volontés des Grands. « Si tu n’es pas d’accord tu peux te la garder ton eau-de-vie, la blanche ! » On comprend que ça donnait à réfléchir.
Je ne vais pas entrer dans le détail de cette mission qui me voyait prendre chaque semaine le TGV Paris-Angoulême avant de gagner Cognac à bord de la R5 d’un agent de la DDA, gros fumeur. Je logeais dans un hôtel pour VRP au centre-ville. Je refusais toutes les invitations à dîner.
Bref, ayant pacifié le territoire, je sollicitai Glavany pour qu’il vienne sur le terrain sceller les fragiles accords. Très mitterrandien, il fut le chef de cabinet de Tonton, ce qui le chagrinait c’était que ceux-ci reposaient sur, disons, les gens de droite. Je le convainquis.
Tout ça pour vous dire que sa visite commença par le pèlerinage de Jarnac pour se recueillir sur les mannes de François le petit gars de Jarnac. Je ne l’accompagnai pas. Tout se passa bien ensuite même si les excités du Modef firent leur cinéma habituel. Glavany fut content et, quelque temps après il me mit devant le fait accompli : m’accrocher la Légion d’Honneur au revers de mon veston. Je résistai. Très Tonton dans le texte le petit Jean me somma « C’est la République Jacques ! » Je cédai mais, fort de l’expérience, lorsque Le Foll, suite à ma mission laitière, voulut me promouvoir ce fut un non ferme et définitif.
Pour illustrer mon propos charentais une vieille chronique :
21 septembre 2007
Du rififi à Cognac ICI
Pour en terminer sur ce coup de rétroviseur je ne peux résister au plaisir d'évoquer les chefs de famille dont fait état l'article de Sud-Ouest : " Jean-Pierre Lacarrière entouré de Philippe Boujut vice-président, de Yann Fillioux chef de la famille du négoce, et Bernard Guionnet, chef de la famille viticole..." Ce titre désuet je l'ai découvert dans les années 83-84, lors de la énième crise du Cognac, lorsqu'à la demande du Président de la République de l'époque, qui n'oubliait pas ses origines charentaises, mon Ministre me missionnait pour rencontrer les chefs de famille du Cognac. Je fus reçu avec les honneurs dans une belle demeure. Les chefs de famille prirent la parole. Le ton était feutré. Je pris bonne note, assurais mes interlocuteurs que tout serait mis en oeuvre pour évacuer " les fameux cognacs mauvais goûts...", repartais pour Paris en ayant dans la tête l'image de l'arrivée dans la cour du château des représentants du Modef tout de noir vêtus tels des apparatchiks du Kremlin. Le dénouement de l'histoire c'est le marché qui s'en chargea : les ventes repartirent plein pot et on oublia les bonnes résolutions.
A la recherche de l'héritage de Mitterrand ICI
Paris Match | Publié le 08/01/2021 à 05h48
Caroline Fontaine et Mariana Grépinet
A l’occasion du 25e anniversaire de la mort de l’ancien président, Emmanuel Macron se rend à Jarnac, ce vendredi, où il se recueillera sur la tombe de François Mitterrand mais ne prononcera pas de discours. Il déambulera ensuite dans la ville et visitera sa maison natale.
Ce vendredi 8 janvier, lorsqu’il signera le livre d’or de la maison natale de François Mitterrand, à Jarnac, après s’être recueilli sur sa tombe pour la première fois, Emmanuel Macron lira peut-être ce qu’a écrit son prédécesseur François Hollande. Ce dernier y rendait hommage à l’homme qu’il avait «suivi» et «servi» et ajoutait : «Tout est continuité et tout est changement.» Macron avait 4 ans en 1981. Le 10 mai 2021, pour le quarantième anniversaire de l’élection de Mitterrand, il lui rendra hommage avec un discours. «Le président retient de lui d’abord la construction de l’Europe, qui préserve la paix sur le continent, explique son conseiller mémoire, Bruno Roger-Petit. Puis l’abolition de la peine de mort, qui a permis un bond civilisationnel important.» Le 9 octobre, le chef de l’Etat célébrera les 40 ans de la promulgation de cette loi. Mitterrand est aussi, selon l’Elysée, «l’homme qui a banalisé les alternances et contribué à apaiser la vie démocratique».
Le 16 janvier 1996, « Paris Match » publiait le cliché de l’ancien président de la République sur son lit de mort. Qui a osé le sacrilège ? En 2007, « Le Monde », révèlait que ce portrait avait été commandé à Patrick Amory, un proche de Danielle Mitterrand.