Une affaire digne d’un roman d’espionnage à la française : un sinistre mélange des genres entre des agents des services de renseignements DGSE et DGSI et des membres de sociétés de sécurité.
Plusieurs personnes ont été placées en garde à vue au cours de la semaine écoulée dans le cadre d’une tentative de meurtre imputée l’été dernier à deux militaires de la DGSE, les services de renseignement extérieurs français. Parmi les suspects interpellés après six mois d’enquête de la police judiciaire parisienne figure un homme présenté comme le commanditaire de ce "contrat". Il a été arrêté le vendredi 29 janvier.
L’affaire prend corps le 24 juillet 2020, à Créteil (Val-de-Marne) à l’occasion d’une banale intervention de police. Ce jour-là, deux hommes sont arrêtés dans leur voiture, une Clio volée. Habillés de vêtements sombres, gantés, ils sont soupçonnés de préparer un cambriolage. Au pied du siège passager, dans un sac de sport, un pistolet Browning, une balle engagée dans le canon et un silencieux bricolé. La brigade criminelle de Paris hérite du dossier.
Deux "cambrioleurs" qui appartiennent à la DGSE
Placés en garde à vue, les deux "cambrioleurs" revendiquent aussitôt leur appartenance à la DGSE. Vérification faite, ils disent vrai : ces caporaux, Pierre B. et Carl E., sont bel et bien affectés à la surveillance de la base de Cercottes, dans le Loiret, le centre parachutiste d’entraînement spécialisé du service Action. Ils répondent aux pseudos d’Adelard et Dagomar. La suite est à peine croyable.
Si Adelard et Dagomar étaient en planque à Créteil ce matin-là, c’était de leur propre aveu pour… assassiner une femme, coach en entreprise, en raison des liens qu’elle entretient − selon eux − avec le Mossad, les services secrets israéliens. Une mission "homo" dans le jargon de l'espionnage, une opération en théorie prohibée sur le sol français. Ils ont songé à l’empoisonner, à la jeter d’un pont, à poser une bombe sous sa voiture ou encore à simuler un accident de la circulation. Pour organiser le guet-apens du 24 juillet, à proximité de son domicile, ils avaient pris soin de placer une balise sous la voiture de leur cible.
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