« L’existence même de Fauchon est un scandale ! » lançait Sartre au micro de RTL, en mai 1970.
C’était après l’attaque de Fauchon par un commando d’une cinquantaine de gus, armés de barre de fer, dirigé par un responsable de la Gauche Prolétarienne répondant au pseudo suggestif de Tarzan.
Antoine de Gaudemar, futur complice de Serge July à Libération faisait le guet. Le 8 mai 1970 le commando va rafler champagne, caviar, truffes, saumon, marrons glacés tenant le personnel en respect sous la menace de leurs barres de fer puis tous s’enfuir par le métro, sauf Frédérique Delange, fille de haut-fonctionnaire, qui se fit rattraper par «un cuistot à toque et tablier blanc qui, armé d’une broche à gigot, les avait pris en chasse».
Le 19 mai, la 24e cour correctionnelle de Paris la condamnait à 13 mois de prison ferme. En ce temps-là la justice était rapide et l’on ne badinait pas avec l’atteinte au « symbole de l’arrogance du fric ». Les « vivres » seront distribués dans les quartiers populaires par les militants de la GP.
La presse « bourgeoise de gauche », Le Nouvel Observateur et L’Express (celui de JJSS et de Françoise Giroud) prit fait et cause pour ces nouveaux « Robin des Bois ».
À Jacques Foccart, l’homme du SAC, qui s’inquiète auprès de lui «l’opinion publique semble considérer avec indulgence l’histoire Fauchon.» le président Pompidou répond : « Pour Fauchon, c’est vrai, mais qui puis-je ? Même mon fils, ma belle-fille et une cousine avec qui j’en ai parlé trouvent ça sympathique et j’ai dû les rabrouer pour leur faire sentir que cette affaire était ridicule ».
50 ans après :
Fauché par la crise, Fauchon ferme deux de ses trois magasins place de la Madeleine, à Paris ICI
L’emblème de l’épicerie fine dans la capitale avait été placé en redressement judiciaire en juin. La fermeture de deux de ses magasins va entraîner 77 licenciements.
Adieu donc Fauchon, ses clientes permanentées, en 2021 le symbole du grand capital, celui qui exploite les « larges masses » c’est la GD, le Carrefour des pousseurs de caddies masqués dans le fin fond du 13e arrondissement.
Des militants obligent un Carrefour à les laisser partir avec des caddies remplis sans payer
Des « militants en lutte contre la précarité » s’en sont pris samedi de manière non violente à un magasin Carrefour à Paris pour prendre des produits de première nécessité.
Une soixantaine de personnes se revendiquant comme « militants en lutte contre la précarité » se sont emparées de produits de première nécessité au détriment d’un magasin Carrefour du XIIIe arrondissement de Paris samedi 30 janvier 2021, a constaté un journaliste de l’AFP.
Selon des sources concordantes, les personnes se présentant comme militantes ont déployé une banderole avant d’entrer dans le magasin juste avant 11 h, et de s’emparer de produits de première nécessité dans les rayons.
Le magasin Carrefour laisse les militants partir avec des caddies remplis
Après des négociations, le magasin les a laissées repartir avec des caddies remplis de produits alimentaires et hygiéniques, devant des policiers qui ont procédé à des contrôles d’identité.
Le directeur du magasin, interrogé par l’AFP, a souligné des « moments de tension » et regretté la mise en danger de ses clients. « Carrefour étudie les suites à donner en matière judiciaire », a indiqué une porte-parole de l’enseigne.
Le magasin a ensuite été fermé pendant une heure, pour permettre aux employés de reprendre leurs esprits.
« Nous sommes un collectif de personnes en précarité investies dans la solidarité et nous avons décidé de mener cette action politique pour alerter sur la crise sociale », a expliqué Mafalda(prénom modifié à sa demande), l’une des personnes présentes dans l’enseigne.
« L’État ne fait rien pour les personnes précaires »
« Nous déplorons vivement de tels agissements qui ont suscité une vive émotion parmi nos clients et nous saluons le professionnalisme de nos équipes qui ont su éviter la confrontation et fermer le magasin dans le calme », a réagi la porte-parole du groupe Carrefour.
Louisa (prénom modifié à sa demande), une autre « militante » présente, a défendu « une action absolument non violente » et a affirmé que les produits seront redistribués à des personnes en situation de précarité « notamment à des mères isolées, des cantines et des étudiants ». « Ce n’est pas une action ponctuelle, c’est un appel public à dénoncer la crise sociale », a-t-elle argumenté. « L’État ne fait rien pour les personnes précaires, nous, on agit. »