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14 janvier 2021 4 14 /01 /janvier /2021 08:00

 

André Le Troquer et sa maîtresses ont participé à d'étranges parties fines © AFP

La fabrique de l’élite française est dans la tourmente depuis que les accusations d’inceste contre le constitutionnaliste Olivier Duhamel ont été rendues publiques.

 

Que penser du fonctionnement d’une école qui a couvert les agissements du patron de la Fondation nationale des sciences politiques?

 

Richard Werly

Publié mardi 12 janvier 2021

 

Quatre lettres. Depuis sa création en 1945, la FNSP ou Fondation nationale des sciences politiques accompagne l’exercice du pouvoir en France. C’est en son sein que se recrutent les politologues qui décryptent chaque scrutin. Et c’est à Sciences Po, à l’Institut d’études politiques (IEP) qui en dépend, situé au 27 rue Saint-Guillaume (dans le quartier des ministères), que sont formés une bonne partie des futurs hauts fonctionnaires, diplomates et… journalistes de l’Hexagone.

Plus révélateur encore de l’emprise de cette institution sur une partie de l’élite tricolore? Le «moule» Sciences Po – antichambre de l’Ecole nationale d’administration – est dénoncé pour son mélange d’uniformité de pensée, d’aisance intellectuelle et d’arrogance parisienne: «Vous avez ici le condensé de ce qui ne va plus en France, s’énervait devant nous, en novembre 2020, Jean-Luc Mélenchon, le leader de la gauche radicale. Ce qu’on ne nous pardonne pas, à nous les élus de terrain, en prise avec les «gens», c’est de nous insurger contre les critères économiques enseignés à Sciences Po.»

Directeur averti

Un autre des critères de l’école, l’éthique, est en train d’exploser depuis la parution, le 7 janvier, du livre La Familia grande de l’avocate Camille Kouchner, fille de l’ancien ministre de la Santé Bernard Kouchner. En accusant son beau-père Olivier Duhamel – deuxième époux de sa mère Evelyne Pisier – de s’être rendu coupable d’inceste sur un de ses frères adolescent, l’intéressée a lancé une grenade dégoupillée sur la «péniche», le banc de bois qui trône au milieu du hall d’entrée de Sciences Po. Motif: la «loi du silence» dont a bénéficié ce constitutionnaliste réputé, professeur de droit très apprécié par ses élèves, ancien député européen, président du club Le Siècle (dont les dîners réunissent le Tout-Paris) et… président de la FNSP depuis 2016.

 

Publiées depuis la sortie du livre, une série de révélations et de confidences démontrent que l’actuel directeur de Sciences Po, Frédéric Mion, avait été averti du comportement passé d’Olivier Duhamel et qu’il n’en a tiré aucune conséquence.

 

Appels à la démission la suite ICI 

 

Olivier Duhamel au sortir de l'Elysée le 29 octobre 2007. Alors membre du Comité de réflexion et de proposition sur la modernisation et le rééquilibrage des institutions, appelé plus communément comité Balladur, créé par Nicolas Sarkozy.

Mandarin des lettres et de la politique

 

Voici, rapidement résumée, l’affaire qui, depuis ce lundi 4 janvier, secoue l’élite intellectuelle française. Et en partie sa frange de gauche, ces compagnons de route du Parti socialiste, enfants de Mai 68, qui flamboyèrent sous les deux septennats de François Mitterrand puis, pour certains, misèrent plus tard sur l’ascension d’un certain… Dominique Strauss-Kahn. Au premier rang: Olivier Duhamel. L’archétype du «mandarin» des lettres, du pouvoir et des médias. Charismatique en diable. Ténor de Sciences Po, l’une des fabriques de l’élite parisienne. Directeur, aux Editions du Seuil, de la revue Pouvoirs dont le titre dit tout. Mais aussi chroniqueur sur la chaîne d’information LCI et Europe 1. L’homme qui, en 1988, interviewa François Mitterrand sur sa pratique de la fonction suprême. L’homme qui, tout en dissertant sur les liens entre la presse et Nicolas Sarkozy, n’hésita pas à s’en prendre violemment, en 2011, aux journalistes qui relataient les accusations de viol portées, à New York, contre Dominique Strauss-Kahn…

En 1959 déjà, les «ballets roses»

 

Une chose est certaine à la lumière des commentaires parus dans la presse et de la confirmation par le procureur de la République de Paris d'une enquête ouverte sur les faits en 2011, puis classée sans suite: tout le monde savait. A commencer par l’ancien ministre Bernard Kouchner, qui voulut jadis «casser la figure» au second mari de sa première femme et a confirmé la véracité des faits via son avocat. A commencer aussi par Marie-France Pisier, interprète fétiche des films de François Truffaut, dont le décès dans sa piscine est aujourd'hui largement considéré comme un suicide. Et tous les autres? Les journalistes familiers de la table familiale ? Les politiques, d’autant plus informés lorsqu’ils sont au pouvoir ? Une information donnée par Le Monde ajoute au trouble, même si elle n'a pas de rapport direct avec le livre et les faits relatés: Camille Kouchner n'est autre que l'actuelle compagne de Louis Dreyfus, le PDG du quotidien du soir, partenaire et actionnaire du Temps.

 

Bref, la France intellectuelle a, ces jours-ci, de quoi être assommée. Olivier Duhamel était une vigie et un repère pour ses étudiants. Séisme assuré

Colette et Jacques DUHAMEL, Olivier

Le politologue Olivier Duhamel titre son premier roman des prénoms de ses parents. Colette et Jacques, à paraître le 10 janvier chez Plon, retrace en fiction l’engagement du couple dans la vie culturelle et politique du XXe siècle. Car si Jacques Duhamel, résistant dès ses 17 ans, est devenu un personnage public marquant de la IVe et Ve République, Colette ne saurait être placée dans l’ombre. Directrice de La Table ronde avant de rejoindre la maison Gallimard, elle est présentée comme "une femme libre, directe, à rebours des conventions de son époque et de son milieu", souligne Jean-Claude Perrier dans son avant-critique pour Livres Hebdo. "Histoire, politique, édition, littérature se mêlent ici, incarnées par tous les beautiful people du siècle dernier, dont certains assez oubliés. Les Duhamel, par exemple, qui méritaient bien ce roman-témoignage", conclut-il.

 

ICI 

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