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5 janvier 2021 2 05 /01 /janvier /2021 08:00

 

L’heure est à la vaccination de masse pour atteindre la fameuse immunité collective des « larges masses » contre le Covid 19.

 

Les gaulois ne sont pas chaud, le Président leur a promis qu’ils auraient le choix, alors le gouvernement décrète d’y aller mollo. Les gaulois sur les réseaux sociaux crient au scandale : faut y aller presto.

 

Bref, les Français tels qu’en eux-mêmes, jamais contents.

 

Afin de déplomber l’ambiance je vous livre un petit texte sur la cuti-réaction.

 

 

«  Il ne fait pas si chaud que ça, dans l’infirmerie. C’est une pièce qu’on ouvre une fois par an, vers la mi-octobre, pour la visite médicale. Elle est peinte dans ce vert d’eau si pâle qu’il semble avoir été dilué par une administration avare pour enseigner aux enfants des classes laborieuses l’art de lésiner sur la décoration. L’odeur est celle des choses médicales, une odeur désinfectante et fadasse, avec des notes plus âcres de détergent, et elle s’accorde avec une lumière parcimonieuse qui donne mauvaise mine à tout le cours moyen première année.

 

Il est là, le cours moyen, frissonnant et filiforme, car en ce temps-là, on ne trouve qu’un obèse par classe, nous ne sommes pas très loin de la guerre. Il est là, en slip de coton à côtes. Toujours un peu trop grands, les slips – pourquoi ? hérités d’un frère aîné ? achetés pour « faire » deux ou trois ans ? Ou bien ce sont les fesses qui sont trop maigres. Comme les épaules. Frêles et osseuses, les épaules. Même chez les futurs costauds, qui laissent paraître des esquisses de biceps. Devant moi, au contraire, des omoplates bien saillantes. La nuque est tondue à ras, sur chaque oreille décollée je vois dépasser le bout d’une branche de lunettes. C’est le petit Bergonzo. On l’appelle Berlingot, il est faible et orphelin. Il y a au moins cinq orphelins par classe, que la nation protège tant bien que mal.

 

Le docteur est une doctoresse. Dans les écoles, il n’y a que des doctoresses, plutôt usées, du reste, pour ne pas dire avachies. À ses oreilles sont branchés en permanence (c’est dire si elle écoute nos réponses !) les embouts d’un stéthoscope dont elle plaque l’écouteur glacé sur nos bréchets en nous demandant de tousser. La maîtresse lit notre fiche au fur et à mesure de notre comparution devant ce dragon assis. Bergonzo tousse. Il ouvre la bouche, il tire la langue. Il pivote et tend son bras gauche. La doctoresse mouille un tampon de coton d’un jet d’éther – odeur inoubliable, si étonnante, si agréable, excitante – et le frotte sur le haut du bras. Avec une sorte de plume Sergent Major, elle trace d’un geste implacable deux griffures verticales d’un petit centimètre de long. Puis, avec une sorte de palette, elle dépose sur la griffure de gauche un liquide mystérieux, et sur l’autre une sorte de teinture d’iode. Le petit Bergonzo s’est raidi. Une larme, peut-être. De nos jours, cent mille parents, dont les enfants se feront plus tard tatouer un peu partout des dauphins, des Mickey Mouse ou des feuillages maoris, dénonceraient avec force cette scarification barbare pratiqués sur leur « petit bout ».

 

 

 

La cuti-réaction, c’est la cérémonie médicale de nos huit ou dix ans. Un moment hygiénique, égalitaire, obligatoire, autoritaire et gratuit. En un mot, républicain.

 

QUAND UNE " CUTI " DEVIENT POSITIVE ICI

 

Par Docteur H. F.

Publié le 15 juin 1951

Systématiquement pratiquée dans les écoles une ou deux fois par an, la cuti-réaction est un test extrêmement précieux destiné à rechercher la sensibilité cutanée d'un sujet à la tuberculine (1).

Dans la grande majorité des cas la " cuti " est négative chez les individus qui n'ont pas été contaminés par le bacille de Koch ; elle est positive chez ceux qui ont été atteints par le microbe de la tuberculose, ce qui ne veut pas dire qu'ils sont tuberculeux pour cela. Mais ce qui doit surtout retenir l'attention c'est moins le caractère positif ou négatif d'une " cuti " que le moment où cette dernière, jusqu'alors négative, devient positive.

Ce " virage " révèle en effet une contamination récente (la " cuti " vire six semaines en moyenne après le contact infectant). Comment l'organisme va-t-il réagir à cette première agression du bacille ?

La " phase primaire " de la tuberculose, ou " primo-infection ", est pour l'enfant une période critique suivant son état de fatigue, de déficience, l'importance de la contagion, son " terrain " particulier et bien d'autres facteurs. Il présentera donc une simple réaction cutanée à la tuberculine (la primo-infection reste latente), parfois aussi des altérations pulmonaires à l'examen radiologique, ou bien encore une véritable maladie, une tuberculose plus ou moins grave.

Entre quatre et dix ans, après la petite enfance et avant la puberté, la primo-infection est presque toujours bénigne ; la plupart du temps tout se réduit au virage de la cuti. Le nourrisson, l'adolescent, l'adulte jeune, ont plus souvent une maladie tuberculeuse. Or s'il y a quinze ou vingt ans 90 % des adolescents citadins présentaient une cuti positive, actuellement ce pourcentage décroît de façon considérable, peut-être du fait du moins grand nombre de contagieux en circulation et d'une amélioration des conditions d'hygiène. Parmi les jeunes gens de seize à vingt ans, 50 à 60 % ont encore des cuti négatives ; leur entourage peut toujours se demander comment ils réagiront à une première atteinte. La vaccination obligatoire par le B.C.G. va sans doute singulièrement restreindre leur nombre. Sans risques l'allergie aura été conférée au vacciné. La primo-infection disparaîtra-t-elle pour autant, comme certains se plaisent à le dire ? L'immunité acquise artificiellement par le B.C.G. est-elle aussi durable que l'immunité naturelle ? On ne pourra répondre que dans quelques années.

Que faut-il donc faire lors du virage de la cuti ? Demander à un médecin d'examiner l'enfant, le faire suivre pendant quelques mois, mais aussi surveiller le sommeil, l'alimentation, supprimer toute cause de surmenage physique ou scolaire, imposer trois à six mois de grand air si les réactions cutanées sont accompagnées de la moindre lésion.

Cette surveillance devra s'étendre sur une assez longue période (dix-huit mois à deux ans).

Même dans le cas d'une primo-infection latente, un séjour à la mer peut être dangereux, et les bains de soleil doivent être proscrits ; ils ont été à l'origine de granulies ou de méningites fatales avant la découverte de la streptomycine.


(1) Obtenue par filtration d'une culture de bacilles de Koch, la tuberculine ne contient pas de microbes ; elle ne peut donc pas donner la maladie, comme l'imaginent certains parents.

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commentaires

J
La cuti est positive en cas d'infection, mais aussi en cas de vaccination (BCG). Celui-ci étant obligatoire en France depuis 1950 (jusqu'en 2007), le cas "normal" à l'école lors de la cérémonie de la cuti était justement la réaction, qui indiquait non l'infection généralisée de la population (heureusement) mais l'efficacité du BCG.
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P
Souvenirs, souvenirs . Effectivement sans danger et sans angoisse mortifère des parents qui n'apprenaient qu'il y avait eu le test que lorsque il leur était signalé qu'il pouvait y avoir une pb à suivre chez leurs moutards. Pour la mouche du coche ce fut 9 mois de préventorium à Chamonix.
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