Buste de Louis-Michel Lepeletier, Musée de la Révolution française
Hommage soit rendu à mes lecteurs des origines dotés d’une fidélité inoxydable, il leur faut vraiment de la constance et du courage pour suivre chaque jour ma graphomanie.
Parfois, face à mon écran, je me dis « un jour tu vas être à court d’un nouveau sujet… ». Alors, certains d’entre eux sont mes bouées de sauvetage en expédiant dans ma boîte de messages du carburant non fossile à brûler.
Ainsi Olivier de Moor :
« Demain je pense sera évoqué les 25 ans de la mort de François Mitterrand. Je pense que de Mitterrand on n'oublie pas l'abolition de la peine de mort, et le discours habité de Robert Badinter. Il y a peu j'ai vu une émission sur les grands discours à l'assemblée nationale. Et Robert Badinter interrogé sur le sien expliqua que le premier à l'avoir demandé fut Lepeletier de Saint-Fargeau. Ignare que je suis, je n'en avais jamais entendu parler. Le Saint-Fargeau de la Puisaye voisine a éveillé ma curiosité. Et je viens de découvrir un personnage incroyable qui a eu une drôle de vie. Ton érudition étant sans limite, tu le connais sans doute. »
Je rassure Olivier moi aussi j’ignorais tout de Lepeletier de Saint-Fargeau, quant à mon érudition elle a des limites, c’est ma curiosité qui elle n’en a pas.
En revanche, le plaidoyer de Robert Badinter le 17 septembre 1981 à la tribune de l’Assemblée Nationale est à jamais gravé dans ma mémoire. En effet, j’eus le privilège d’y assister car j’étais présent physiquement dans l’hémicycle, en bas, à gauche, à la place réservée aux conseillers du Président de l’Assemblée.
Débats de l'Assemblée nationale sur le projet de loi ANNEXES AU PROCÈS VERBAL |
Ont voté pour : ICI |
Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau : l’oublié des journées des 20 et 21 janvier 1793 ICI
– La lutte pour l’abolition de la peine de mort
Si sa présence est peu remarquée au départ, il sut progressivement se faire entendre au sein de l’Assemblée nationale constituante. Alors qu’on s’apprête à abolir les titres de noblesse, il parvient à faire adopter le 21 juin 1790 la loi selon laquelle « tout citoyen devra porter le nom de sa famille réduit à sa plus simple portion ». Beaucoup s’efforcèrent ainsi de faire disparaître la particule de leur patronyme. D’Anton deviendra Danton, Maximilien de Robespierre ne signera guère plus que Robespierre. Pour Louis-Michel Lepeletier, Marquis de Saint-Fargeau, se fut tout simplement Michel Lepeletier bien que certains de ses comparses l’appellent encore Saint-Fargeau.
S’il présida un temps l’Assemblée nationale, ce n’est qu’en 1791 que Michel Lepeletier revint sur le devant de la scène pour plaider notamment la cause de l’abolition de la peine de mort. Rapporteur de la jurisprudence criminelle – il se souvint de l’arrêt du Parlement de Paris rendu à l’occasion de l’exécution de Robert-François Damien pour crime de lèse-majesté (Arrêt principal, prononcé contre Damien Parlement de Paris, Grand’Chambre assemblée, le 26 mars 1757 : « tenaillé aux mamelles, bras, cuisses et gras de jambes, sa main droite, tenant en icelle le couteau dont il a commis ledit parricide, brûlée de feu de souffre ; et, sur les endroits où il sera tenaillé, jeté du plomb fondu, de l’huile bouillante, de la poix-résine fondue, de la cire et du soufre fondus ensemble ») – il présenta donc un projet de Code pénal le 30 mai 1791.
« Il faut que les peines soient humaines, justement graduées, dans un rapport exact avec la nature du délit, égales cour tous les citoyens, exemptes de tout arbitraire judiciaire ; qu’elles ne puissent être dénaturées après le jugement dans le mode de leur exécution ; qu’elles soient répressives, principalement par des gênes et des privations prolongées, par leur publicité, par leur proximité du lieu où le crime a été commis ; qu’elles corrigent les affections morales du condamné, par l’habitude du travail ; quelles décroissent en approchant du terme fixé à leur durée, et enfin qu’elles soient temporaires. »
Discours du lundi 23 mai 1791 prononcé par Michel Lepeletier devant l’Assemblée nationale
Lui, et bien d’autres, ne parvinrent toutefois pas à faire changer l’opinion générale sur le sujet. Le 6 octobre 1791, les députés adoptèrent la grande loi pénale qui dispose, entre autres, en son article 3 : « Tout condamné à mort aura la tête tranchée ».