Minuit va sonner et je ne suis pas couché, bien fatigué je vais remettre à demain la 6ième fournée même si c’est l’heure où petit Louis le boulanger n’avait plus que deux heures à dormir avant de se lever pour pétrir.
Banditi
Antoine Albertini
300 pages
Éditeur : J.-C. LATTÈS (18/03/2020)
«BANDITI», CALIMERO EN CORSE
Par Sabrina Champenois
— 9 avril 2020 à 13:57
Dans son deuxième roman, Antoine Albertini reprend son privé bluesy, et le plonge dans un sac de nœuds qui mêle nationalismes, déchets et corruption.
Un père confiné avec ses deux ados, qui le rendent chèvre, l’un qui s’essaie à la guitare (souffrance auditive), l’autre qui ne sort de son terrier que lorsque le géniteur agite un paquet de céréales… Ces temps-ci sur Instagram, l’autoportrait d’Antoine Albertini (alias tonio.albertini) est un régal, autodérision maximale, chronique de la lose assumée. On retrouve ce blues, cette mélancolie bullshit qui ne se prend pas au sérieux mais adossée à un vrai fond neurasthénique, dans Banditi, sa deuxième fiction.
Le correspondant du Monde en Corse reprend là le personnage de Malamorte, son précédent roman. Tant mieux : archétypal, le détective ex-flic qui fait pitié, alcoolique, inconsolable mais limier tenace, le gars qui sillonne en Saxo cacochyme son île autant adorée que maudite est passablement irrésistible – du moins si on n’est pas addict aux superhéros. L’ambiance est Calimero : «Entre deux affaires miteuses, lorsque je n’avais rien à faire d’autre que de trainasser dans mon appartement en ruine en éclusant des bouteilles de Colomba, j’entretenais la douleur d’avoir perdu la femme que j’aimais, effacée de ma vie cinq ans plus tôt sans un mot, sans une explication. […] Le bonheur avait simplement décidé de ne plus perdre une minute avec un type dans mon genre.» C’est lui qui mène le récit, qui sera donc à éclipses, avec black-out réguliers.
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L'histoire de la Mafia sicilienne de 1860 à nos jours
John Dickie
Traduit par Anne Marie Carriere
Cosa Nostra -
Essais-Documents : 25/01/2007 504 p., 25,35 EUR €
Cette histoire de la mafia sicilienne de 1860 à nos jours nous mène au coeur d'une société secrète dont l'unique objet est de rechercher le pouvoir et l'argent en cultivant l'art d'assassiner et d'échapper à la justice. Du code des premiers " hommes d'honneur " au XIXe siècle à l'arrestation de Bernardo Provenzano, chef de Cosa Nostra, parrain de la mafia sicilienne, parrain des parrains en 2006, John Dickie révèle les mystères des initiations cachées et immuables, le trafic de l'héroïne, la corruption, l'ascension ... Lire la suite sanglante de la famille Corleone et la naissance de la mafia américaine. Il raconte la lutte sans cesse à recommencer, les procès, les négociations occultes, le jeu des politiques ; et toujours cette violence des rafales de mitraillette en pleine rue, ces meurtres dans l'obscurité
'Ndrangheta
Antonio Talia
Éditeur : GRASSET (14/10/2020)
12 novembre 2020
Août 2007 la tuerie de Duisbourg : l’Europe se réveille et découvre qu’1 sombre organisation au nom imprononçable, la ’Ndrangheta, née dans la région la moins développée de l’UE, est devenue la mafia la plus puissante du continent ICI
Moins célèbre que ses cousines, la Cosa Nostra sicilienne la Camorra napolitaine, c'est justement parce que la ‘Ndgrangheta a su rester discrète qu'elle a tissé sa toile dans le monde entier. Active de l’Amérique latine à l’Asie, en passant par l’Europe de l’Est et la Suisse, misant davantage sur la corruption généralisée que sur les assassinats spectaculaires, elle génère un chiffre d’affaires de 50 milliards d’euros par an, soit plus de 3% du PIB italien.
Mon Frédo
Marie Cristiani
Les Editions Arcane 17, 12€
Broché, 112 pages
La journaliste Marie Cristiani a écrit un livre sur l’histoire émouvante d’un couple engagé dans la résistance et victime de l’effroyable machine à tuer qu’est le nazisme
Cet ouvrage fait écho à son documentaire qui a été primé à Nice en 2006 au Festival du film sur la Résistance.
Hantée par cette douloureuse histoire qu’elle a découvert fortuitement en 1995 à Paris au musée de la Résistance, elle a ressenti le besoin de revenir sur le destin hors norme de France Bloch, une intellectuelle juive et communiste, mariée à Frédo Sérazin, un militant syndicaliste communiste issu de la classe populaire.
France Bloch était la fille de l’écrivain Jean-Richard Bloch et de Marguerite Herzog, sœur de l’académicien André Maurois.
Dans son ouvrage, l’auteure livre les résultats de sa minutieuse enquête, interroge Roland, le fils, qui n’a découvert que tardivement l’ampleur de l’implication de sa mère dans la résistance dans les archives de la préfecture de police de Paris (rapports de filature et interrogatoires). Patiemment, elle a recueilli les lettres, les notes, les extraits du journal et les documents de France Bloch destinés à Roland.
Frédo est arrêté en février 1940. Un an plus tard, sa femme entre sous un faux nom au laboratoire d’identité judiciaire de la préfecture de police de Paris et participe à l’activité des premiers groupes de l’Organisation spéciale. Elle installe un
laboratoire clandestin dans son appartement et fabrique des engins explosifs. La police française l’arrête en mai 1942. Condamnée à la peine de mort par un tribunal militaire allemand avec 18 co-inculpés, la jeune femme est déportée en Allemagne puis exécutée par décapitation à la hache. Seuls les hommes bénéficiaient de la « faveur » d’être fusillés.
« Mon Frédo » sont les deux premiers mots de la lettre d’amour que France adresse à son mari le 12 février 1943, quelques heures avant sa décapitation. Frédo n’a jamais reçu sa lettre. Il sera lui aussi exécuté sans savoir que sa femme était déjà morte. Ces deux êtres liés par leur amour et leur combat pour la liberté sont allés jusqu’au bout de leur engagement. Ils forcent l’admiration et le respect. « Je meurs pour ce pour quoi nous avons lutté » écrit France à Frédo.
Au-delà des mots, Marie Cristiani a accompli sa mission en envoyant par delà la mort la lettre de France à Frédo. Le couple est enfin réuni dans la mort. De toute éternité.
25 octobre 2020
Dédiée à Alice Coffin « Mon Frédo » de Marie Christiani ICI
Outre-terre : Le voyage à Eylau
Jean-Paul Kauffmann
331 pages
Éditeur : EDITIONS DES EQUATEURS (04/02/2016)
21 février 2016
Jean-Paul Kauffmann n’écrit pas de romans et pourtant j’ai lu son dernier livre OUTRE-TERRE comme un roman. ICI
Jean-Paul Kauffmann aime les lieux chargés d'histoire. Après Sainte-Hélène et les rives de la Marne, le voilà à Eylau en compagnie de Balzac ou Hugo.
Dans ses Cahiers publiés en 1851, le capitaine Coignet écrivait, à propos de la bataille d'Eylau du 8 février 1807 : « L'homme ne peut pas se faire une idée de cette journée. » Une victoire pour la grande armée napoléonienne contre les Russes, qui vit la plus grande charge de cavalerie de l'Histoire, menée par Murat, qui coûta la vie à des dizaines de milliers de soldats. Une victoire... une boucherie.
Après un premier voyage en 1991, juste après que Königsberg, devenue Kaliningrad en 1946, fut devenue enclave russe, séparée de la Fédération de Russie par la Lituanie et la Pologne, Jean-Paul Kauffmann décide, en 2007, d'y retourner avec sa femme et ses deux fils, et de revenir sur le site de la bataille, à Eylau donc, devenu Bagrationovsk. Il était déjà allé à Sainte-Hélène (La Chambre noire de Longwood, 1997), il avait longé la Marne (Remonter la Marne, 2013), autant dire qu'il est familier des lieux d'histoire, mais pourquoi Eylau ? Sans doute parce que Kauffmann aime à « aller voir quand il n'y a rien à voir ». Il ne s'y rend pas en pèlerin, ni même en nostalgique, contrairement à ces Français et Russes qui, revêtus d'uniformes à l'identique, célèbrent l'anniversaire de cette bataille en 2007, mais pour comprendre son déroulement et, surtout, la nature de cette « collusion » avec le site qu'il avait ressenti en 1991. Comme une intrigue qui se noue secrètement entre un incorrigible curieux et un lieu.
Voici donc la famille Kauffmann se gelant dans les rues glacées, accompagnée d'une guide, Julia, qui apprend le sens de « transiger » quand il s'agit de négocier avec tel ou tel interlocuteur. Ce « club des cinq » arpente une ville où le passé allemand, qui suinte des maisons de briques rouges, défie l'architecture monumentale stalinienne.
La suite ICI
19 février 2019
Venise à double tour, dans la peau de Jean-Paul Kauffmann l’enfant de chœur rêvasseur, l’inventeur, sur l’archipel des églises fermées, des sanctuaires inflexibles, inapprochables, impossibles, coriaces ICI
Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon
Jean-Paul Dubois
Éditeur : EDITIONS DE L'OLIVIER (14/08/2019)
Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon: l’inconsolable Jean-Paul Dubois ICI
La famille, Toulouse, le Canada, la nature, la mélancolie, la dérision et cet humour bigrement irrésistible... Un concentré de ce qu’on aime chez le lauréat du prix Goncourt 2019.
Par Laurence Caracalla
On y voit comme un concentré de ce qu’on aime chez Jean-Paul Dubois. Tout y est: la famille, Toulouse, le Canada, la nature, la mélancolie, la dérision et cet humour bigrement irrésistible. Comment s’arrange-t-il pour trouver le ton juste et faire rire du pire? Car, l’affaire commence mal: dans une prison canadienne, précisément. C’est là que Paul Hansen croupit depuis deux ans, coupable d’un délit révélé bien plus tard. Dans cette cellule, Hansen dispose de tout le temps nécessaire pour se souvenir. Mieux encore, pour faire revivre ses morts bien aimés: son énigmatique mère, féministe avant l’heure et épouse de son exact contraire, Johannes Hansen, pasteur danois de son état, un extraordinaire personnage, mais aussi Winona, sa femme pilote, mi-algonquine, mi-irlandaise, et l’indispensable Nouk, le chien qui comprend tout. Toutefois, difficile de rêvasser quand on partage 6 m2 avec un Hells Angel, volcan prêt à exploser ou petit agneau sentimental, tout dépend des jours et des humeurs.
19 juillet 2020
La NSU Ro80 voiture de l’année 1968 le plus beau flop de l’industrie automobile allemande Jean-Paul Dubois pour Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon ICI
Or, encens et poussière
Valerio Varesi
208 pages
Éditeur : AGULLO (02/04/2020)
Revoilà le brouillard, qui empêche de distinguer les contours des campaniles, le tracé des ruelles de Parme. Cette nuit, un énorme carambolage a eu lieu sur l’autoroute. Des voitures sont écrasées, une bétaillère est renversée et, une fois de plus, on accuse les gitans d’être responsables. Seul le commissaire Soneri peut faire la part des choses. Brume ou pas, qu’importe : enfant du pays, ce policier rêveur connaît les lieux comme sa poche. C’est lui qui va découvrir le corps carbonisé d’une jeune femme au lourd passé…
Valerio Varesi est semblable à son personnage récurrent : aucun faubourg parmesan ne lui est étranger. Historien, journaliste, philosophe, il a créé avec Soneri un double de lui-même : un homme qui laisse faire le temps, ne se prend pas pour un héros, cherche la vérité en grattant chaque détail. Tel un Simenon italien, Varesi est un romancier attentif, mais derrière sa mélancolie teintée d’humour se cache une colère politique fiévreuse — par exemple quand les pouvoirs publics abandonnent les pauvres dans des gourbis. Reste l’amour, celui de Soneri pour Angela, celui d’un écrivain pour sa ville, belle et déliquescente, nimbée de ce brouillard qui n’en finit pas de transformer les hommes en fumée.
| Oro, incenso e polvere, traduit de l’italien par Florence Rigollet, éd. Agullo, 300 p., 21,50 €.
20 juillet 2020
À Parme, le commissaire Soneri, amoureux transi, de Valerio Varesi, déteste la bourgeoisie moisie mais aime les anolini au bouillon ICI
Unité 8200
Dov Alfon
Françoise Bouillot (Traducteur)
448 pages
Éditeur : GALLIMARD (13/08/2020)
26 mai 2020
« Unité 8200 » lire huit-deux-zéro-zéro, Seine de crimes au cœur des pratiques des espions israéliens, chinois, russes, Tsahal, le Mossad, le Shabak… ICI
Un 007 israélien
Israël est une terre fertile pour les bonnes fictions d’espionnage. Le filon s’est déjà largement exporté au travers de séries télévisées telles que « Hatufim » (2010) – dont s’est inspiré « Homeland » – ou plus récemment « Hostages » (2013) et « Fauda » (2015). Il se transpose aussi facilement à l’écrit, comme le démontre Dov Alfon avec son premier roman, « Unité 8200 ». Ce quinquagénaire francophone, né en Tunisie, est un journaliste aguerri, correspondant à Paris de l’excellent quotidien israélien Haaretz. Il a aussi été, dans une vie antérieure, officier dans les services secrets.
Un pied dans l’écriture, un autre dans la chose militaire, avec l’actualité politique pour trait d’union. Un parcours qui résume peut-être pourquoi, plus généralement, les Israéliens sont à l’aise avec cette matière. Au sein d’une nation aussi pénétrée du souci de sa sécurité et de la défense de ses frontières, le renseignement est une activité vitale et assumée. Et sur le CV, une ligne qui n’a rien de honteuse. Connaître ainsi le système de l’intérieur permet d’être précis et crédible quand on en parle. Ce qui n’interdit pas d’y mettre de la distance.
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Mammouth
Antonio Pennacchi
194 pages
Éditeur : LIANA LÉVI (24/01/2013)
Antonio Pennacchi La classe ouvrière sans paradis
Jeudi 24 Janvier 2013
Mammouth, d’Antonio Pennacchi, traduit de l’italien par Nathalie Bauer. Éditions Liana Levi, 208 pages, 18 euros. Achevé en 1987, refusé cinquante-cinq fois, le récit romanesque d’Antonio Pennacchi, largement inspiré de son itinéraire personnel, dut subir une sévère cure d’amaigrissement, de 300 pages à 160, pour enfin paraître en Italie en 1994. Même si l’on peut gager que l’obstacle majeur à sa publication fut certainement moins son épaisseur que sa force détonante. Il y est en effet question de fermetures d’usines, de productivité, de luttes. Et d’une classe ouvrière confrontée au contexte nouveau des années 1980, après le grand pas an avant de 1968. Le retentissement du livre fut considérable. On le réédita en 2012, lors du mouvement social dans le groupe Fiat.
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