La nuit est tombée, je suis épuisé et pour ne pas tomber moi-même je vais dîner. Des sucres lents pour pouvoir continuer mon ouvrage.
Vie de Gérard Fulmard
Jean Echenoz
Éditeur : EDITIONS DE MINUIT (03/01/2020)
« Vie de Gérard Fulmard » : la nouvelle aventure de Jean Echenoz ICI
Critique Dans son dernier roman, Jean Echenoz propose une œuvre pleine de rebondissements, portée par l’art de la narration et des personnages dans lequel excelle l’écrivain.
Patrick Kéchichian, le 22/01/2020
6 juin 2020
Et puis Gérard Fulmar vint tirant Jean Echenoz des limbes de ma mémoire avachie… et je sus que Jean-Patrick Manchette correspondait avec lui… ICI
Mais revenons à Gérard Fulmar, un critique m’apprend que le fulmar était un oiseau dans Je m’en vais ; c’est aussi le nom du moniteur d’auto-école dans l’Appareil photo, de Jean-Philippe Toussaint.
Né à Gisors le 13 mai 1974, 1 mètre 68 sous la toise, 89 kg sur la balance, en surpoids, il fut steward viré pour de sombres raisons jamais précisées, interdit de vol. Il habite rue Erlanger, dans le XVIe dans l’appartement, où vivait sa défunte mère, dont le propriétaire, un dénommé Robert d’Ortho, vient d’être tué par un boulon géant, « propulsé à une vitesse de trente mètres par seconde ». En effet « …le 2e étage d’un vieux lanceur soviétique Cosmos 3M vient d’anéantir mon hypermarché. Il traînassait auparavant sur son orbite depuis plus d’un demi-siècle, en compagnie de six cents de ses congénères tirés en pleine guerre froide depuis les bases de Plessetsk, Kapoustine Iar ou Baïkonour pour installer au ciel de furtifs satellites militaires. »
Alice Zeniter
L'Art de perdre
Coédition Flammarion/Albin Michel
Paru le 16/08/2017
512 pages
Contre silence et tabou
Voici le roman dont on parle le plus en cette rentrée. Avec courage et talent, Alice Zeniter y rouvre un chapitre de l’histoire franco-algérienne à travers une fresque familiale déployée sur trois générations. Ambitieux et prenant !
Pays perdu
A l’occasion d’un projet d’exposition pour la galerie d’art où elle travaille, Naïma se plonge dans l’histoire de l’Algérie, pays d’origine du peintre à l’honneur, mais aussi de son père et de son grand-père. Ces derniers ne lui ayant jamais parlé de ses racines, elle ne sait presque rien des raisons de leur immigration, ni des souffrances et humiliations enterrées sous des années de silence. Ali, le grand-père, était cultivateur d’oliviers en Kabylie. Pendant la guerre, la population est prise en étau entre la peur du FLN, partisan violent de l’indépendance, et celle de l’OAS, défenseur de la présence française tout aussi brutal. Pour protéger les siens, Ali devient traître aux yeux de sa patrie et se voit contraint à l’exil. A son arrivée en France, la famille Zekkar transite par des camps, avant d’atterrir dans une cité de Normandie où la seule perspective est l’usine. Amère reconnaissance pour ces expatriés bannis de leur pays natal, indésirables en France et victimes du racisme. Hamid, le fils d’Ali, se construit en opposition à un père honteux et résigné, avant de s’éloigner à son tour de cette histoire et de sa langue maternelle, troquant un passé inavouable contre la méritocratie à la française.
La suite ICI
19 novembre 2017
L’Histoire est toujours écrite par les vainqueurs, Alice Zéniter dans L’art de perdre, conte celle des harkis, elle méritait le Goncourt, les lycéens le lui ont donné… ICI
L'Immeuble Yacoubian
Alaa El Aswany
Gilles Gauthier (Traducteur)
324 pages
Éditeur : ACTES SUD (28/09/2007)
L'immeuble Yacoubian, Alaa El Aswany traduit de l'arabe (Égypte) par Gilles Gauthier Actes Sud, 2006 [compte-rendu] ICI
Harzoune Mustapha
Le Caire, 2011. Alors que la mobilisation populaire est à son comble sur la place Tahrir, Asma et Mazen, qui se sont connus dans une réunion politique, vivent leurs premiers instants en amoureux au sein d'une foule immense. Il y a là Khaled et Dania, étudiants en médecine, occupés à soigner les blessés de la manifestation. Lui est le fils d'un simple chauffeur, elle est la fille du général Alouani, chef de la Sécurité d'État, qui a des yeux partout, notamment sur eux. Il y a là Achraf, grand bourgeois copte, acteur cantonné aux seconds rôles, dont l'amertume n'est dissipée que par ses moments de passion avec Akram, sa domestique. Achraf dont les fenêtres donnent sur la place Tahrir et qui, à la suite d'une rencontre inattendue avec Asma, a été gagné par la ferveur révolutionnaire. Un peu plus loin, il y a Issam, ancien communiste désabusé, victime de l'ambition de sa femme, Nourhane, présentatrice télé, prête à tout pour gravir les échelons et s'ériger en icône musulmane, qu'il s'agisse de mode ou de moeurs sexuelles.
Chacun incarne une facette de cette révolution qui marque un point de rupture, dans leur destinée et dans celle de leur pays. Espoir, désir, hypocrisie, répression, El Aswany assemble ici les pièces de l'histoire égyptienne récente, frappée au coin de la dictature, et convoque le souffle d'une révolution qui est aussi la sienne. À ce jour, ce roman est interdit de publication en Égypte.
20 mars 2019
« On me poursuit parce que je témoigne de ce que j'ai vu et de ce que j'ai vécu » soutenons l’écrivain égyptien Alaa El Aswany auteur de J’ai couru vers le Nil mon livre de chevet du moment ICI
Libres d'obéir : Le management, du nazisme à aujourd'hui
Johann Chapoutot
Éditeur : GALLIMARD (09/01/2020)
Reinhard Höhn (1904-2000) est l’archétype de l’intellectuel technocrate au service du IIIe Reich. Juriste, il se distingue par la radicalité de ses réflexions sur la progressive disparition de l’État au profit de la 'communauté' définie par la race et son 'espace vital'. Brillant fonctionnaire de la SS – il termine la guerre comme Oberführer (général) –, il nourrit la réflexion nazie sur l’adaptation des institutions au Grand Reich à venir – quelles structures et quelles réformes? Revenu à la vie civile, il crée bientôt à Bad Harzburg un institut de formation au management qui accueille au fil des décennies l’élite économique et patronale de la République fédérale : quelque 600 000 cadres issus des principales sociétés allemandes, sans compter 100 000 inscrits en formation à distance, y ont appris, grâce à ses séminaires et à ses nombreux manuels à succès, la gestion des hommes. Ou plus exactement l’organisation hiérarchique du travail par définition d’objectifs, le producteur, pour y parvenir, demeurant libre de choisir les moyens à appliquer. Ce qui fut très exactement la politique du Reich pour se réarmer, affamer les populations slaves des territoires de l’Est, exterminer les Juifs. Passé les années 1980, d’autres modèles prendront la relève (le japonais, par exemple, moins hiérarchisé). Mais le nazisme aura été un grand moment managérial et une des matrices du management moderne.
15 mai 2020
L’édifiant destin de Reinhard Höhn Oberführer SS « juriste de la couronne d’Himmler » père de la méthode de management Bad Harzburg qui a formé l’élite économique et patronale de la RFA ICI
Chacal
Frederick Forsyth
512 pages
Éditeur : GALLIMARD (04/04/1974)
7 septembre 2020
Pourquoi faut-il relire le CHACAL de Frederick Forsyth ? ICI
Chazenet, pur et dur de l'Algérie française affronte la sombre réalité. A court d'argent et la perte d'appui sur le plan national et international, la perte de ses membres et de son prestige, L'OAS s'écroule sous les assauts répétés des services secrets et de la police.
Exilé en Italie avec ses deux principaux lieutenants ; André Casson et René Monteclair ; Chazenet va monter un nouveau complot pour assassiner De Gaulle. Mais, tous les tueurs de l'OAS sont grillés.
Il va falloir prospecter à l'étranger pour recruter un professionnel, un inconnu spécialiste des crimes dans le milieu politique mondial. Les trois hommes en réunion vont plancher sur les dossiers de candidats potentiels. Ils vont se mettre d'accord sur un tueur à gages anglais dont le palmarès est édifiant. Son nom de code sera Chacal.
Drieu : Suivi de lettres inédites de Pierre Drieu la Rochelle à Victoria Ocampo
Victoria Ocampo
151 pages
Éditeur : BARTILLAT (06/08/2007)
"Lettres d'un amour défunt. Correspondance 1929-1944", de Pierre Drieu La Rochelle et Victoria Ocampo : lettres de l'eau et du feu ICI
La correspondance de Drieu La Rochelle (1893-1945) et Victoria Ocampo (1890-1979) révèle les conflits et la passion de deux fortes personnalités que tout aurait dû éloigner l'une de l'autre.
Par René de Ceccatty
Publié le 03 décembre 2009
Victoria Ocampo parle de Drieu La Rochelle ICI
Samedi 3 Novembre 2007
Une histoire d'amour et d'amitié «incurablement fidèle ».
Une brève histoire des maths
David BERLINSKI
Date de parution : 3 janvier 2020
8 € 192 pages
Prouver que l’histoire des mathématiques est une aventure envoûtante et inattendue, tel est le pari, réussi, de David Berlinski.
Descartes, Euclide, Leibniz ou encore Newton… Au fil d’anecdotes historiques, l’auteur passe en revue la vie et l’œuvre des plus grands mathématiciens, à travers des grands thèmes comme le nombre, la démonstration, l’analyse, la géométrie analytique ou les nombres complexes. Sous sa plume amusée, le lecteur perce les secrets des théorèmes, axiomes et autres fonctions. Une équation savamment dosée entre les chiffres et les lettres.
David BERLINSKI
Philosophe et mathématicien, David Berlinski a enseigné la philosophie, les mathématiques et l'anglais dans les universités de Stanford, Columbia, San Francisco et New-York avant de s'expatrier à Paris pour se consacrer à l'écriture.
Le Suicide cellulaire ou la mort créatrice
Jean-Claude Ameisen
La sculpture du vivant
L’opposition entre la vie et la mort est pour nous si « naturelle » qu’il aura fallu des siècles pour la remettre en question. L’idée que la mort de nos cellules puisse être programmée par l’organisme lui-même, et non résulter d’agressions externes, ne s’est imposée que très récemment, mais elle a tout changé dans nos conceptions de l’apparition de la vie, du développement, des maladies et du vieillissement. Comprendre qu’un embryon est autant dû à une destruction massive de cellules qu'à leur prolifération, ou qu’un cancer puisse être causé par l’arrêt des processus de suicide cellulaire, c’est voir le vivant sous un jour nouveau et ouvrir à la réflexion philosophique des espaces insoupçonnés.
Jean Claude Ameisen
Médecin et chercheur, il est directeur du Centre d’études du vivant de l’Institut des humanités de Paris (université Paris Diderot) et président du Comité consultatif national d’éthique.
Prix Biguet de philosophie de l’Académie française
Prix Jean Rostand 2000
Séraphine : De la peinture à la folie
Alain Vircondelet
224 pages
Éditeur : ALBIN MICHEL (01/10/2008)
25 août 2019
Mais qui est donc cette Séraphine à l’affiche du musée Maillol ? ICI
Le cas Séraphine
Séraphine était-elle folle ? Cette artiste autodidacte qui entendait des voix trouva un équilibre, une forme de thérapie dans la peinture. Internée en 1932, elle cessa de peindre et fut submergée par la folie.
Séraphine Louis a d'abord mené une vie misérable : une mère fille de ferme, un père ouvrier agricole, orpheline à 7 ans, bergère, puis bonne à tout faire. A 18 ans, en 1882, elle est engagée comme femme de ménage dans un couvent à Senlis. Elle y reste vingt ans. Très pieuse, mystique même - la messe quotidienne du petit matin ne parvient pas à étancher sa soif de Dieu -, elle est bientôt habitée par des « voix », notamment celles de son ange gardien et de la Vierge. Un jour de 1905 - elle a plus de 40 ans -, alors qu'elle prie dans une chapelle de Senlis, il lui aurait dit : « Mets-toi au dessin, Séraphine, peins pour la gloire de Dieu, c'est le désir formel de Marie. Je reviendrai pour te donner d'autres consignes. Marie elle-même t'apparaîtra pour te commander des toiles. » Avec ses modestes économies, elle se rend chez le marchand de couleurs et achète des tubes de peinture, des pinceaux et des pots de Ripolin. Elle s'enferme chez elle.