C’est lui qui l’écrit.
J’avoue que je suis fasciné par cette forme d’impudeur d’afficher en mots sur les réseaux sociaux ses maux.
C’est l’air du temps, et même avec un masque il y flotte des relents d’ego survitaminé.
Je vous livre ce que nous révèle son site :
Après 21 jours de lutte contre le covid, Michel Onfray reprend la plume pour nous envoyer un témoignage digne des enfers de Dante. Et nous annoncer une formidable nouvelle: il en est sorti!
Dimanche 6 décembre, 4h16 du matin. Je suis réveillé brutalement par une douleur que je connais bien: c’est celle de l’infarctus. Je me lève, d’un bond, comme si je ne voulais pas mourir allongé, mais debout, foudroyé. C’est le cerveau reptilien qui décide de ces choses-là, aucunement le cortex. J’avise le bout de mon lit, la moquette noire, la porte qui va vers la salle de bain, je pense que je vais tomber-là, tout seul, entre les deux, à mi-chemin de mon petit tas de vêtements posés par terre et de la porte miroir en galandage sur laquelle la nuit fait encore à cette heure-ci des reflets bleus et noirs...
L’horloge charnelle ignore les secondes et les minutes. Elle est en noir et blanc. C’est la mort ou la vie. Certes, toute cela se compte sur un cadran. C’est une poignée de secondes. Si je ne suis pas mort c’est que je suis vivant, dit l’animal en moi. Dès lors, le cortex pointe un peu son mufle.
Cette douleur n’est pas exactement celle de l’infarctus. A quelques jours près, à l’articulation de novembre et de décembre, l’Avent des catholiques, c’est la date de mon infarctus le 30 novembre 1988, mais aussi celle du décès de mon père dans la nuit… du 30 novembre 2010. Les freudiens y verraient un moment symbolique, les chrétiens aussi - les premiers héritent d’ailleurs plus qu’ils ne le croient des seconds…
Vieille douleur présente, l’infarctus du siècle dernier coupait comme une pointe et tallait comme une lame de rasoir. C’était un genre de foret trempé d’acide, brûlant comme un soleil noir, qui entrait à la manière d’une aiguille brûlante dans du beurre et fondait le muscle pour le transformer en douleur. Puis ce point devenait fente comme dans une peinture de Lucio Fontana: une ouverture dans la chair avec ses deux bords éloignés et souffrants.
Était-ce cette douleur-là trente-et-un an plus tard ?
Pas exactement…
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Petit résumé dans Paris-Normandie édition Argentan/
Le philosophe d'Argentan (Orne) Michel Onfray est guéri de la Covid-19 après 21 jours de lutte. Dans un témoignage "digne des enfers de Dante", il raconte ses "500 heures d'enfer".
Par Lea Dall’Aglio
Publié le 7 Déc 2020
Il s’en est sorti ! Michel Onfray avait contracté la Covid-19 mi-novembre 2020, en rentrant d’Arménie.
Le philosophe d’Argentan (Orne) raconte dans le détail sur son site internet les « 500 heures » d’enfer qu’il a vécues.
Son ami et co-fondateur de la revue Front populaire Stéphane Simon avait donné de ses nouvelles, qui n’étaient alors « pas bonnes » : grosses fièvres, migraines, douleurs à l’estomac… Il n’était pas épargné.
Je sais le jour, l’heure et la qualité de l’air de l’endroit dans lequel je me trouvais quand je suis entré dans le covid - alors que le covid était déjà entré en moi. C’était le lundi 16 novembre 2020 vers 17h00, dans le Haut Karabakh (...).
Le philosophe nous plonge alors dans l’ambiance de cette région en proie à de violents conflits, où « la mort vient du ciel ».
Il raconte que personne n’y porte de masques et que le gel hydroalcoolique est absent.
Et qu’à la fin de la journée, il est « frigorifié » : « J’entre seul dans ce monde à part », un monde fait de « lumière blafarde ».
De retour à Paris, son test Covid effectué à l’aéroport s’avère négatif, mais les symptômes perdurent les jours suivants.
Il contacte même le professeur Raoult, qui écarte l’administration d’hydroxychloroquine en raison de son « passé de cardiaque ». Il continue de subir.
Je suis extrêmement fatigué, épuisé. J’éteins la lumière à neuf heures le soir dans un immense état d’épuisement, je me réveille douze heures plus tard, plus fatigué que si j’avais fait trois nuits blanches de suite. Je ne sors pas du lit.
C’est pour lui un cauchemar.
« Ce cauchemar est en boucle: mais il n’est pas vraiment racontable car il s’apparente plutôt à des états comateux, à des moments d’hallucinations, à des lambeaux de folie arrachés à mon cerveau. »
Mais la « punition la plus infernale » est en réalité pour lui le manque d’écriture.
Avec ce texte, écrit d’une traite en quatre heures et demi, il a pris sa revanche.