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29 novembre 2020 7 29 /11 /novembre /2020 06:00

Avec Pierre Clémenti (Antoine Desvrières), Jacques Spiesser (Jean Rimbert), Marie-Hélène Breillat, (Anne de Hauteclaire),

En exergue du film,  « L'ironie du sort »  ICI  inspirée du livre de Paul Guimard cette citation du grand Tennessee Williams.

 

 

L'histoire se déroule à Nantes, sous l'Occupation! Pierre Clémenti et Jacques Spiesser incarnent deux résistants qui ont pour mission d'abattre un officier allemand! Deux issues possibles nous sont proposées !

 

Avez-vous remarqué comme la vie se charge, souvent brutalement, d'opérer à notre place des choix que nous n'osons faire? Comme si, après nous avoir laissé tout le loisir de réfléchir, d'aménager notre destinée, elle s'impatientait de notre aveuglement, de notre inertie et se chargeait, par un de ces coups de théâtre dont elle a le secret, de nous mettre face à ce changement secrètement désiré ou redouté?

 

« Guimard, Molinaro et Kast s’interrogent sur la part d’indécidable dans le destin de ceux qui ont traversé cette période. Il est certain que le hasard, les rencontres ont joué un rôle dans le destin de tout résistant ou de tout collaborateur. Mais ce qui caractérise celui de Caracalla (Cordier), de Marat (Vaillant) ou encore de Jean et Paul, les deux héros du film de Molinaro, c’est l’exact contraire du hasard. C’est cet entêtement, cette volonté farouche à résister et cet engagement renouvelé dans le combat pour la liberté. Ce choix-là ne doit rien au hasard. Pour des raisons qui nécessiteraient d’être expliquées, pendant une longue période qui commence dans les années soixante-dix, le choix des résistants a été systématiquement minoré, dévalorisé jusqu’à considérer leur engagement au même niveau que celui contre lesquels ils se sont battus. C’est ce voile, cette approximation, ce trouble qui a été déterminant dans la décision de qu’a prise Daniel Cordier de raconter son histoire de la guerre. »

 

Les dossiers de l’écran du 23 avril 1974 animés par Alain Jérôme débat sur le film La traversée de Paris d’Autant-Lara. Avril 1974 c’est la sortie de Lacombe Lucien de Louis Malle, le scénario est signé Patrick Modiano. Malle a été très clair : « semer la confusion », « montrer un salaud au sens sartrien du terme » ; « montrer que tout était possible » : une jeune juive qui couche avec le gestapiste qui va déporter sa famille, un curé qui torture en soutane, un homme « extrêmement ordinaire qui devient tortionnaire à la botte des nazis »

 

Les débateurs : Henri Amouroux, André Frossard, Jacques Laurent, Paul Guimard, François Nourissier…

 

Lorsque Guimard intervient il déclare : « Il ne faut pas prétendre, que la France, unanimement, s’est dressée contre l’occupant, parce que c’est faux. » Il ajoute ensuite : « Il faut encore moins prétendre que la France, unanimement, s’est couchée et a rampé, parce que c’est encore plus faux, et là, c’est odieux en plus. »

 

Guimard, avec justesse, parle de la masse des Français qui étaient favorables à la Résistance sans y être pour autant engagés.

 

Sa conclusion est admirable : « On n’a pas le droit de s’étonner qu’il n’y en ait pas eu assez ; on est obligé d’admirer qu’il y en ait eu autant. »

 

Paul Guimard a été révélé au grand public par Claude Sautet, dont le film Les Choses de la vie (1970) portait à l'écran son troisième roman, publié en 1967, Paul Guimard avait déjà remporté le grand prix de l'humour, en 1956, pour Les Faux Frères, et le prix Interallié, l'année suivante, pour Rue du Havre. Dans un style lapidaire, Paul Guimard brossait le portrait de personnages dont le destin dérape.

 

 

L'IRONIE DU SORT de Paul Guimard

 

Par JACQUELINE PIATIER ICI Publié le 16 septembre 1961 

 

On savait depuis la Rue du Havre, Prix interallié 1957, que Paul Guimard, bon conteur sinon puissant romancier, aimait à se promener dans la cervelle d'une multitude de personnages, pour scruter leur drame intime et suivre leur destin. Tenté comme Fantasio par ce bourgeois qui passe, pour le sonder, une minute, deux minutes, pas davantage, avant de passer à un autre. Mais le coup de sonde est précis et ramène à chaque fois une silhouette vivante et pensante, vite et bien caractérisée. Après quoi, de toutes ces expériences in vivo l'auteur tire une petite philosophie, sceptique, enjouée et tendre, tout à fait dans la tradition de l'esprit français.

 

Tout cela se retrouve dans l'Ironie du sort, qui prétend donner une de ces leçons de philosophie sans jactance, comme en donnent les moralistes et aussi les humoristes, qui bien souvent leur ressemblent. Les hommes ne devraient être dupes ni des grands mots ni des grands sentiments. Ceux-ci sont déjoués par la vie et c'est le sort ironique parce qu'aveugle qui fabrique les héros. A l'origine d'un destin il peut y avoir un acte libre. C'est le bouton qui met en branle la mécanique. Après quoi celle-ci broie, moule et façonne à son gré, c'est-à-dire au gré des circonstances, soit l'homme d'élite, soit l'homo qualumque. « Sacrifice suprême, mourir pour la patrie... nation reconnaissante... ces grands mots fatigués attendent de se poser. Il leur faut pour cela deux choses ; une bouche pour être prononcés, un nom propre auquel être accolés. Le coucou n'est pas difficile sur le choix de son nid, les grands mots, de même, ne choisissent pas leur homme, le crémier venu fait l'affaire, mais il leur faut une tête sur quoi se fixer sous peine d'errer indéfiniment dans les limbes où sont les velléités. "

 

Supposez donc un résistant qui sous un porte cochère attend l'officier allemand qu'il va tuer... La scène se passe à Nantes en septembre 1943. Plusieurs personnes sont liées, à leur insu, à l'acte qui va s'accomplir. Antoine d'abord, l'exécuteur ; son ami Jean, responsable de son engagement dans la Résistance et chef du réseau ; le père d'Antoine, qui soupçonne sans l'approuver la lutte menée par son fils : son âge et son passé ne lui permettent pas d'autres convictions qu'une fidélité maréchaliste. Il y a aussi la fiancée d'Antoine, fille d'un avocat collaborateur et huppé, qui, avant le meurtre, n'a pas osé lui révéler qu'elle attend un enfant ; puis la victime elle-même, cet officier de la Wehrmacht d'un aristocratique détachement qui à l'heure du guet-apens va rejoindre la petite bonne qui lui sert de maîtresse. Il y a enfin l'instrument du destin, le feldgendarme Helmut Eidemann, un balourd qui ne sait pas tirer, ni faire démarrer les autos. Selon la technique unanimiste, tous ces personnages bien vivants sont mis en scène, chacun dans leur épaisseur propre, au moment où le coup va partir. Il part. L'Allemand est tué. Mais Helmut Eidemann, pour une fois, a su mettre en marche la voiture et ajuster son tir. Antoine, blessé, ne peut s'enfuir. Il est arrêté, condamné, fusillé. Le voilà un héros.

 

La scène tourne et six ans plus tard nous assistons à son exaltation devant le monument aux morts. Chacun a profité de son geste : le village, son père, qui, au retour d'une déportation que ses convictions ne justifiaient guère, est devenu maire, et son futur beau-père, auquel nul n'a songé, à cause de l'enfant, à reprocher sa collaboration. La fiancée d'Antoine a trouvé le bonheur au bras de Jean, qui a recueilli la femme et le fils de son ami. La rencontre est cocasse et tourne à la farce. Comme l'Antoine des discours officiels ressemble peu à l'Antoine vivant ! Par un procédé de flash back, le voici qui resurgit, dans sa prison, à ses derniers moments. Dans la réalité c'est tout simple, la mort d'un héros. Et c'est très émouvant. Paul Guimard voulait montrer ce décalage et cette disproportion.

 

Mais supposez maintenant que le coup ne parte pas... parce qu'Helmut Eidemann est intervenu d'une autre manière. Tout se transforme et une nouvelle histoire commence. Le héros a changé de nom. Il s'appelle Jean au lieu d'Antoine. Les proches de celui-ci ne connaissent ni la gloire ni l'absolution. Et lui-même, qui a épousé Marie-Anne, n'est plus qu'un homme très commun, qui réussit sa carrière, trompe sa femme et la quitte pour une plus sémillante conquête.

 

Tel est le diptyque que propose Paul Guimard. On songe à Antoine Blondin, qui avec un si dans les Enfants du Bon Dieu - si le traité de Westphalie n'avait pas été signé - bouleversait lui aussi, non pas une histoire, c'est-à-dire le destin d'un homme, mais le cours de l'histoire. Plus intellectuel, le divertissement était aussi plus relevé.

 

Mais l'Ironie du sort est un joli conte et qui possède un charme. Paul Guimard s'y révèle bon magicien. D'un coup de baguette, non seulement il transforme son personnage, mais fait jaillir à volonté les pleurs ou le rire, le pathétique sans grandiloquence ou la détente bouffonne. Le lecteur, entraîné dans un kaléidoscope d'émotions, est déconcerté. Mais il y prend un excitant plaisir.

 

Il s'en faut malheureusement que les deux volets de ce diptyque se vaillent. Le premier avait pour lui ses ruptures de tons, son alternance sourire-larmes, ses personnages humains qu'on voyait transformés en surhommes. Dans le second, nous assistons seulement à la désintégration d'un couple et à la formation d'un autre, qui nous est contées sur le même ton badin. Il eût fallu beaucoup d'esprit pour rehausser ce tableau d'une courante banalité humaine. Sans doute y a-t-il toujours sous la plume de Paul Guimard de piquantes formules, d'heureux raccourcis et d'amusantes trouvailles, mais le récit se perd dans les digressions autour de nouveaux personnages qui ne nous intéressent plus, n'étant pas en réplique. Fantasio cède à sa tentation. Il ouvre trop de crânes.

 

Ce divertissement d'un sceptique, tendre, est joué sur un petit fifre qui rend un son très juste et assez aigrelet pour agacer agréablement le cœur et l'esprit. Mais il arrive à ce petit fifre, parfait quand il expose son thème, le tourne et le retourne, de s'égarer dans de trop longues cadences.

 

(1) Denoël, 214 p.

JACQUELINE PIATIER

 

 

En 1981, après la victoire de François Mitterrand à l'élection présidentielle, il est chargé de mission auprès du président de la République, poste qu'il occupe jusqu'en août 1982. « Mon seul regret est de n'avoir pas obtenu, lors de mon passage à l'Élysée, la création d'une académie de la Mer », dira-t-il plus tard, affirmant que « cette expérience n'a été dans (sa) vie qu'un long accident ».

 

Citations de Paul Guimard

 

« Le noyau de l'homme est ferme, dur, peut-être même invariable. Mais ce qu'il fait dépend pour 99 % du hasard. »

 

« La jeunesse heureuse est une invention de vieillards. »

 

« Ce n'est rien de vieillir mais le terrible est que l'on reste jeune. »

 

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