© Alberto Estevez/EPA
« À l’instar de Balzac ou de James Ellroy, l’œuvre de Philip Kerr pourrait donner lieu à divers diagrammes illustrant, dans le temps et dans l’espace, les récurrences de personnages fictifs ou réels (hauts dignitaires nazis comme Heydrich, Himmler, Goering ou Goebbels, mais également des artistes, peintres, cinéastes, écrivains). Car il y a beaucoup de revenants et de retrouvailles dans la série « Bernie Gunther ».
Mireille Descombes, le lundi 30 novembre 2020, dans le Temps annonce :
« Il y a des romans que l’on tarde à ouvrir pour gagner du temps, pour leur conserver leur part de mystère et de leur précieux parfum d’inédit. Metropolis de Philip Kerr appartient à ces livres-là. Impossible de l’appréhender sans émotion quand on sait qu’il n’y en aura plus d’autre. Achevé peu avant sa mort en mars 2018, à 62 ans, Metropolis est donc le troisième et dernier polar de l’écrivain britannique publié en français à titre posthume. Il nous offre la quatorzième… et de fait première aventure de Bernie Gunther puisque, comme l’a fait également Henning Mankell, Philip Kerr se plaît ici à revenir a posteriori sur les jeunes années de son enquêteur fétiche. »
« Metropolis couvre un angle mort : la formation de Gunther auprès de son mentor, qui n’avait été jusque-là qu’évoqué. Bernhard Weiss (1880-1951), directeur de la police criminelle de Berlin et ardent défenseur de la démocratie parlementaire, lui aurait appris les techniques d’interrogatoire, lui conseillant : « Laissez le silence travailler à votre place » (L’Offrande grecque, Seuil, 2019). Dans Une douce flamme (Le Masque, 2010), il n’a pas non plus oublié les ragots et le surnom antisémite dont on affublait son « vieux patron et ami ». Par la suite, le farouche adversaire de Weiss au sein de la police de Berlin, Arthur Nebe (1894-1945), qu’on voit, dans Metropolis, au début de sa néfaste carrière, sera promu chef de la Kripo. Il réapparaît dans Vert-de-gris, La Dame de Zagreb et Bleu de Prusse (Le Masque, 2013 et 2016, Seuil, 2018). »
Philip Keer prolifique, auteur écossais, maître du polar historique, père du célèbre détective Bernie Gunther, ex-commissaire de la police berlinoise devenu détective privé spécialiste des personnes disparues opérant durant le Troisième Reich, qui exhume les spectres de l'Allemagne nazie, « Désabusé et courageux, perspicace et insolent, Bernie est à l'Allemagne nazie ce que Philip Marlowe est à la Californie de la fin des années 1930 : un homme solitaire, témoin de son époque. »
La «Trilogie berlinoise» (1989-1991) L'Été de cristal, Pâle figure, Un requiem allemand.
Premier volet de sa fameuse série au succès mondial, est L'Été de cristal
« En Bernie, Philip Kerr injecte son âge (un peu moins de quarante ans) et son caractère (volontiers sarcastique et mélancolique). Nous sommes en 1936 et le Troisième Reich file sa troisième année d'existence. Le détective, allergique aux sbires d'Hitler, est chargé d'enquêter sur la mystérieuse disparition de la fille d'un riche industriel - et parallèlement sur celle de sa compagne Inge. Ce qui le mènera aux prises avec la Gestapo, à la rencontre du personnage historique Reinhard Heydrich, bras droit d'Himmler, jusqu'au camp de concentration de Dachau. »
22 juillet 2018
Les liaisons dangereuses d’Elisabeth Schwarzkopf avec Joseph Goebbels ministre du Reich à l'Éducation du peuple et à la Propagande ICI
20 juillet 2018
Les allemands aimaient autant le Calvados que le schnaps alors les normands ont obtenus l’AOC en 1942… ICI
Sources :
Les adieux de Philipp Kerr
LIVRES
Dans «Metropolis», son dernier polar, le romancier britannique disparu remonte le fil du temps et évoque les débuts de son héros dans le chaudron berlinois de l’après-Grande Guerre. Magistral ICI
Mireille Descombes
Publié lundi 30 novembre 2020 à 11:26
Nous sommes en 1928. Berlin bouillonne comme un chaudron aux exhalaisons méphitiques. L’alcool et la drogue peinent à cautériser les plaies de la misère. Les rues sont pleines d’estropiés rescapés des tranchées de la Grande Guerre. Faute de revenus suffisants, de nombreuses femmes en viennent à se prostituer pour boucler leurs fins de mois. Les communistes manifestent, les nazis ont le vent en poupe, les juifs sont de plus en plus attaqués pour le simple fait d’être juifs. Bref, la situation est si tendue que le moindre faux pas peut déclencher une catastrophe.
[…]
Dans Metropolis, comme dans tous ses romans noirs, Philip Kerr marie avec une époustouflante virtuosité les faits historiques et la fiction. Plusieurs de ses personnages, dont Bernhard Weiss, ont réellement existé. Dans les marges du récit, on croise aussi Thea von Harbou, la femme du réalisateur Fritz Lang, en quête d’informations pour un futur scénario, et le peintre George Grosz, habillé en cow-boy et dessinant des gorges tranchées et des corps éviscérés à la morgue de Berlin. Un sinistre lieu qui, apprend-on, était alors ouvert au public et où l’on se pressait pour voir «les cadavres de ses compatriotes assassinés, dans toute leur dégradation anonyme, si épouvantable fût-elle».
L’écrivain écossais Philip Kerr, à Edimbourg, en 2011. Phil Wilkinson/Writer Pictures/Leemage
Philip Kerr et Bernie Gunther : trente ans de route commune ICI
Le romancier écossais est mort en 2018. Il aura écrit quatorze aventures de son héros, un policier allemand avant, pendant et après le IIIe Reich. Dont « Metropolis », roman posthume qui narre les débuts de l’enquêteur et conclut ce remarquable exercice d’ambivalence.
Par Macha Séry Publié le 01 novembre 2020
Avec son héros avançant sur une ligne de crête, d’une viscérale ambivalence, Philip Kerr a tracé une nouvelle voie dans le polar comme dans le roman historique. Résultat : une fresque réaliste et terrifiante, véritable morceau de philosophie morale et politique. Dans la préface à l’édition anglaise de Metropolis, l’écrivain Ian Rankin conclut son hommage par ces mots : « Je suis si reconnaissant à Philip Kerr d’avoir été un guide expérimenté pour beaucoup d’entre nous à travers son dédale de pièces et de couloirs enténébrés. » Passage en revue de quatre points nodaux d’une œuvre maîtresse dans la bibliographie de Philip Kerr, auteur par ailleurs de livres pour enfants et de la série « Scott Manson ».
À travers le personnage d'un détective privé, l'écrivain britannique Philip Kerr explore les bas-fonds de Berlin et de son histoire dans une dizaine de polars, couvrant ainsi la montée et la c...
https://www.arte.tv/fr/videos/100615-001-A/berlin-la-trilogie-noire-de-philip-kerr/
BIOGRAPHIE ICI
BIBLIOGRAPHIE
- L’ été de cristal (Le Masque 1994. Livre de Poche 1995)
- La pâle figure (Le Masque 1994. Livre de Poche 1996) Ressorti sous le titre :
- Un requiem allemand (Le Masque 1995)
- Ces 3 premiers tomes sont ressortis regroupés sous le nom La trilogie berlinoise (Le Masque 2008. Livre de Poche 2010)
- La Mort entre autres (Le Masque 2009. Livre de Poche 2011) Prix Polar Européen 2009
- Une douce flamme (Le Masque 2010. Livre de Poche 2012)
- Hotel Adlon (Le Masque 2012. Livre de Poche 2013)
- Vert-de-gris (Le Masque 2013, Livre de Poche 2014)
- Prague fatale (Le Masque 2014, Livre de Poche 2015)
- Les ombres de Katyn (Le Masque 2015, Livre de Poche 2016)
- La dame de Zagreb (Le Masque 2016, Livre de Poche 2017)
- Les piège de l’exil (Seuil 2017, points seuil 2018)
- Bleu Prusse (Seuil 2018, points seuil 2019)
- L’offrande grecque (Seuil 2019)
- Metropolis
La suite ICI