Samedi dernier, l'Écosse, chère au cœur de Sean Connery, a réalisé l'exploit les joueurs de Townsend se sont imposés 14-10 au Parc Y Scarlets de Llanelli face au pays de Galles, tenant du titre, une première depuis 2002 !
« L'icône de l'élégance à l'écossaise, Sir Sean Connery s'est éteint aujourd'hui à l'âge de 90 ans » a sobrement tweeté le compte officiel du gouvernement écossais en France ce samedi 31 octobre. Dans le monde, l'acteur qui s'est éteint dans son sommeil aux Bahamas était un monstre sacré. En Ecosse bien plus encore.
La mort de Sean Connery, natif d'Edimbourg, a suscité de nombreuses réactions émues dans sa nation d'origine. L'ex Premier ministre écossais Alex Salmond l'a qualifié de « plus génial écossais au monde, la dernière des stars hollywoodiennes, l'inoubliable Bond ».
L'actuelle Première ministre, Nicola Sturgeon a quant à elle souligné son patriotisme : « C'était une légende internationale mais d'abord et avant tout un écossais patriotique et fier » a-t-elle souligné sur Twitter, rappelant qu'il défendait l'indépendance de l'Ecosse. Un combat qui ne lui a par ailleurs pas empêché d'être anobli par la reine Elisabeth II en 2000, lors d'une cérémonie au cours de laquelle il arborait un kilt.
« Sean Connery est acteur et aussi activiste politique. Peu importe son rôle, qu’il soit russe ou arabe, Sean conserve l’accent écossais. Il exige que son prénom soit également prononcé à l’écossaise, soit "Shaun" Il quitte les iles britanniques à cause de la pression fiscale direction Marbella en Espagne. Il plaide pour l’indépendance de l’Écosse dès les années 90 en intégrant le Parti Nationaliste Écossais. Pour chaque apparition officielle dès ce moment, Sean arborait le kilt. Depuis 1970, il finançait un fonds d’éducation pour les jeunes écossais. En 2000 et malgré la pression des conservateurs, la Reine Elizabeth II avait anobli l’acteur : c'est donc en véritable chevalier, au-delà du grand écran, qu'est parti Sean Connery. »
Le monde du cinéma pleure aussi la perte d'une de ses légendes. « Il était et restera toujours dans les mémoires comme le James Bond original dont l'entrée indélébile dans l'histoire du cinéma a débuté quand il a prononcé ces mots inoubliables ‘Mon nom est Bond ... James Bond ‘»
Mais pas que, pour le grand public, il restera comme l'interprète inoubliable de la première série des Bond, James Bond. Mais il sut aussi échapper à cette image, tourner avec les plus grands cinéastes et démontrer qu'il était un grand acteur.
Sean Connery dans le rôle de James Bond dans "Goldfinger", en 1964 © AFP / MGM - Eon - Danjaq / Collection ChristopheL
« Son levé de sourcil était inimitable. Son caractère était aussi bien trempé que ses clubs de golf. Un magazine féminin l’avait élu en 1999 l’homme le plus sexy du siècle, alors qu’il avait 68 ans. Et le réalisateur John Huston l’aurait bien vu Roi d’Ecosse. Parfois il fut aussi objet de critique : radin, macho, violent, insupportable. Mais avant tout, Sean Connery était un acteur comme rarement on en a vu, de par son charisme, sa rigueur et son professionnalisme.
La vie de l’Écossais est digne d’un roman. (source Gaudéric Grauby-Vermeil France-Inter ICI )
« Le jeune Sean est né à Edimbourg dans le quartier de Fountainbridge. Sa mère, protestante écossaise, est femme de ménage. Son père, catholique irlandais, est chauffeur sur les chantiers. En parallèle de l’école, il travaille dès l’âge de huit ans comme livreur de lait et apprenti boucher. Engagé dans la Marine Royale à 17 ans, il est rapatrié en urgence 3 ans plus tard pour raisons de santé. Il en rapportera deux tatouages « Dad and Mum » et « Scotland Forever ».
Pour vivre, il vernit des cercueils ou travaille comme docker. Dans les années 50, il monte sur la troisième marche du podium de Monsieur Univers. Sean mesure près d’1m90 et il est sportif. Une carrière de footballeur se profile, mais il a 23 ans et préfère se lancer dans une carrière de comédien, qu’il espère plus longue, plus riche intellectuellement.
Un matin, il part sur sa moto Royal Endfield, et dans la tête la méthode Stanislavski qu’il a lu et relu. Il se rend à casting pour une comédie musicale, "South Pacific". Il sera figurant. Sean Connery va enchainer les petits rôles. Dans "Train d’enfer" en 57, il incarne un chauffeur routier. Il fait une apparition dans "Au bord du volcan" de Terence Young, qu’il recroisera sur les tournages de James Bond à 3 reprises. Parmi les films où il se fait remarquer : "Darby O’Gill et les Farfadets" en 1959 pour Disney et dans le téléfilm pour la BBC "Anna Karenine" en 61.
Sean devient James Bond, au nez et à la barbe de centaine de candidats dont Cary Grant et David Niven. Mais c’est avant tout pour des raisons budgétaires que Sean est engagé par les producteurs Saltzman et Broccoli. La production ne peut pas se payer de vedette. Et Ian Fleming, auteur de Bond, n’est pas convaincu par ce choix. Son épouse l’est beaucoup plus car elle trouve qu’il a "le charisme sexuel requis" pour incarner l’espion.
Sean fait le job à merveille. Il portera le costume à 7 reprises entre 62 et 83. James Bond le rendra célèbre. Fleming, lui, sera définitivement séduit au point de faire évoluer l’écriture de James par rapport à Sean. Ce dernier se sépare de James une première fois en 71, lassé du rôle. Mais celui qui avait dit "plus jamais" fait son come-back. C'est ainsi qu'en 1983, deux James Bond s'affrontent sur les écrans de cinéma. À notre droite, le Bond l'officiel incarné par Roger Moore, 56 ans qui affronte "Octopussy". À ma gauche pour la Warner, Sean Connery, 53 ans fait son come-back au bras de Kim Basinger dans le remake d'"Opération Tonnerre", "Jamais plus jamais" et réalisé par Irvin Kershner ("L'empire contre-attaque"). Ce sera le seul duel fratricide de la série.
Pour l'anecdote, Uderzo immortalise l'acteur écossais en 1981 dans "L'odyssée d'Astérix" dans le rôle de l'agent ZéroZéroSix.
Fini Aston Martin, costumes, Martini au shaker, cigarettes et jolies femmes. Sa mission après Bond, est d’exister hors de ce cadre et prouver qu’il a l’étoffe des grands.
Ses choix tombent juste.
Comme d’autres grands acteurs, Sean Connery va tourner avec de grands réalisateurs comme Alfred Hitchcock, Steven Spielberg, John Huston, Brian de Palma, Jean-Jacques Annaud, et Sydney Lumet. Ce dernier le fera tourner 5 fois avec en point d’orgue le film "The Offence" en 1972.
Le grand public et la critique le suivent dans "Le crime de l’Orient Express", aux côtés de Michael Caine dans "L’homme qui voulut être roi", en prince arabe dans "Le Lion et le Vent". Moins quand il joue les cow-boys face à Brigitte Bardot dans "Shalako" ou les héros futuriste dans "Zardoz". Les bides s’alternent ensuite sur fond d’heroic fantasy, de films catastrophes. Mais il sait rebondir malgré tout. Il est second rôle dans le film de Terry Gilliam "Bandits, Bandits".
Mais Sean n’est pas du genre facile. Il entre en guerre facilement sur des histoires de contrats avec les majors du cinéma. Il fera même couler la United Artists. Entre 83 et 85, il ne tourne pas suite à des soucis de santé et le décès de son père. En 1986, le français Jean-Jacques Annaud le remet dans la lumière avec "Le Nom de la Rose" pour lequel il remporte un BAFTA. Dans la foulée, il devient le mentor de Christophe Lambert dans "Highlander". Il accepte les seconds rôles prestigieux et les caméos flatteurs comme dans le Robin des Bois de Kevin Costner où il incarne Richard Cœur de Lion. Il accepte avec plaisir ce rôle de mentor auprès des jeunes comédiens. Son rôle dans Indiana Jones est un clin d’œil à James Bond. En effet, Steven Spielberg rêvait de réaliser un épisode de l’agent secret. Mais il est recalé. Par dépit avec Georges Lucas, il crée Indiana Jones et demande au premier des James Bond d’incarner le père d’Indy.
Les succès reviennent : Un oscar pour "Les incorruptibles" de Brian de Palma en 87, des rôles prestigieux et des cartons au box-office : "À la poursuite d’Octobre Rouge", "La maison Russie", "Rock", "Haute Voltige" ou encore "À la rencontre de Forrester".
« Le cinéma c’est comme le golf", disait-il dans une interview au Nouvel Observateur. Il faut travailler au millimètre. Et il faut savoir accepter que le millimètre ne suffit pas à garantir le succès. »
Son dernier rôle, celui d’Allan Quatermain dans "La ligue des gentlemen extraordinaires" le place en héros légendaire retiré du monde dans une fin de XIXe siècle trouble. Il doit sauver l’empire britannique et la paix dans le monde. Le tournage vire au fiasco. Le film, un échec. »
Sean Connery est mort au court de son sommeil à l’âge de 90 ans, on le disait atteint de la maladie d’Alzheimer, ce que ses proches démentaient, je suis triste bien sûr, mais au-delà de la tristesse je me console en sachant qu’il me sera possible de retrouver sa trace sur mon écran : il est immortel !
Puisqu’il faut bien mourir un jour, c’est notre destin commun, je me dis que j’aimerais bien poser, comme lui, mon sac à cette borne, ça me laisserait 18 ans à vivre, une belle trotte, de la même longueur que celle qui m’a conduit à l’âge adulte.
«Mon nom est Bond. James Bond.»
Il commande d'un air nonchalant une Vodka Martini, «au shaker, pas à la cuiller» ; lui qui possède un permis de tuer 007 et dégaine son Walther PPK, tout en conduisant son Aston Martin DB5, dans Goldfinger, en 1965.
Les siens ont déclaré que l'acteur «est décédé paisiblement dans son sommeil entouré de sa famille» et ont ajouté : «Il y aura une cérémonie privée suivie d'un service commémoratif encore à planifier une fois que le virus aura pris fin».
« J'aime bien ce statut de vieux singe qui apprend aux plus jeunes à faire des grimaces » (Sean Connery, le Figaro mai 1999)