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20 novembre 2020 5 20 /11 /novembre /2020 06:00

Epandeur à fumier, tonne à lisier en ETA ou Cuma, distances à respecter

Le concept d’exploitation familiale chère à la loi d’orientation agricole de 1960, fruit de l’entente entre l’auvergnat Michel Debatisse du CNJA et Edgar Pisani – le premier finira secrétaire d’État, le second battra sa coulpe de nouveau socialiste – reposait sur de belles intentions qui se sont heurtée à la réalité.

21 février 2007

L'exploitation familiale ICI  

 

Je suis né au Boug-Pailler où le pépé Louis possédait quelques arpents de terre où il élevait ses vaches normandes et ses grands bœufs blancs tachés de blanc ; Arsène son fils avait la fibre entrepreneuriale, il créa une ETAB : entreprise de travaux agricoles et de battages. Alain, mon frère aîné, n’avait pas la fibre entrepreneuriale alors au retour de son service militaire effectué en Algérie fut placé devant un choix difficile : être paysan ou partir aux chemins de fer.

 

Il s’aperçut très vite qu’on était plus paysan et que sur 15 ha il crèverait la dalle et aurait du mal à fonder une famille.

 

Que faire ?

 

Des vendeurs de farine pour les animaux, au premier du rang desquels le breton Guyomarc’h battaient la campagne pour recruter en contrat d’intégration des éleveurs de volailles en poulailler industriel. Il leur dit oui, mais la première bande de poulets fut décimée, la faillite était au bout du chemin. Alain se tourna vers son petit frère très engagé après 68 dans le mouvement Paysans-Travailleurs de Bernard Lambert. Le mot d’ordre de Bernard Lambert tapait fort « le Crédit Agricole paiera ! ». Pour mon frère le CA céda et son poulailler rejoignit la SICA-SAVA de Bernard Lambert. Il devint un bon éleveur de poules pondeuses pour la reproduction (les œufs partaient chez un accouveur), elles n’étaient pas encagées et mon frère soignait bien ses poules. Un beau jour la SICA-SAVA, sans doute trop généreuse avec ses éleveurs, mis un genou à terre et fut récupérer par le breton Tilly, spécialiste des petits poulets congelés exportés dans le Golfe avec des restitutions européennes (il faisait partie du trio DOUX-TILLY-BERNARD qui se faisaient des c… en or). Le vent tourna pour Tilly qui dû jeter dans les bras de Gérard Bourgoin le roi de la dinde industrielle. Il termina sa carrière d’éleveur chez lui avant que celui-ci tomba.

 

Je choisis mon sujet de thèse de doctorat de Droit en fonction du mouvement qui se dessinait dans l’Ouest : les bretons allaient devenir les rois du cochon en batterie.

 

Lorsque le Ministère m’engagea contre chargé de mission contractuel, le cabinet de Christian Bonnet, breton, m’expédia ausculter la filière volaille. J’ai sillonné la Bretagne pendant 6 mois. J’ai beaucoup appris. Par la suite, mes chefs me demandèrent de leur pondre un rapport sur la limitation de la taille des élevages industriels. Ce ne fut pas une œuvre impérissable mais elle pointait du doigt les conséquences sanitaires, économiques et humaines de ces élevages.

 

Lorsque je rejoignis le cabinet Rocard, les quotas laitiers mirent un frein au déluge de poudre de lait et de beurre où les bretons prenaient une large part. Souvenir de l’évêque de Vannes s’enchaînant aux grilles de la Préfecture pour protester contre ce « crime économique »

 

Conseiller productions végétales j’ai eu comme interlocuteur Alexis Gourvennec, le roi du chou-fleur et de l’artichaut de la SICA de Saint-Pol-de-Léon, devenu grand manitou du Crédit Agricole, armateur de la Brittany-Ferries, éleveur de cochons en Amérique du Sud.

 

Lorsque l’ULN (Union Laitière Normande) se trouva en cessation de paiement, je dus me colleter avec papa Besnier, le « Président » de Laval, et ses concurrents, le constat étaient simples : les grosses coops bretonnes étaient sur des marchés peu rémunérateurs, alors que les Besnier, Bongrain, Danone étaient les rois des produits plus juteux.

 

Lors d’une réunion avec les parlementaires bretons emmenés par Charles Josselin je fus accueilli froidement par eux lorsque je leur déclarai qu’à moyen terme le modèle breton, à moyen terme, trouverait ses limites. À Charles, que je connaissais bien, je plaçai une mauvaise vanne : « Tu n’aurais pas dû rebaptiser des Côtes-du-Nord en Côtes-d’Armor, mais en Côtes-de-Porc.  

 

Et puis, devenu PDG de la SIDO, j’étais membre de droit du CA de SOFIPROTEOL ICI , fonds financier intervenant dans l’alimentation du bétail Glon-Sanders et les industriels, Gérard Bourgoin par exemple. Là encore, j’ai fait une plongée dans la réalité des élevages industriels.

 

Alors, sans rouler des mécaniques, je ne suis pas surpris,  lorsque Le Monde publie :

 

Agriculture productiviste : la fracture bretonne

Par Nicolas Legendre et Benjamin Keltz

Publié le 17 novembre 2020 

 

RÉCIT Critiqué pour ses dérives écologiques, économiques et sociales, le modèle agricole dominant en Bretagne vacille et divise. L’avenir de l’agro-industrie productiviste, un mastodonte économique défendu par de puissants réseaux, s’impose comme l’enjeu majeur des élections régionales de 2021.

 

Deux camps se toisent, telles deux équipes prêtes à en découdre. Sur le parvis de la mairie de Plouha (Côtes-d’Armor), ce samedi de février, se pressent une centaine d’habitants du secteur. « Non à l’industrialisation de nos campagnes », « Oui à l’agriculture paysanne », peut-on lire sur leurs pancartes. Dans leur collimateur : le projet de construction d’un méthaniseur, équipement destiné à transformer quotidiennement une trentaine de tonnes de déchets agricoles en gaz et qui impliquerait, selon eux, désagréments et risques environnementaux. De l’autre côté de la rue, une centaine d’agriculteurs se dressent, bras croisés, visages fermés. Ils sont venus de tout le département, en soutien à leurs collègues plouhatins. Ils en ont assez d’être « pris pour cibles » et taxés de « pollueurs ».

 

Après quelques échanges plus ou moins cordiaux, l’ambiance se tend. Les paysans se mêlent à la foule. L’un d’eux dérobe le micro des manifestants. S’ensuivent des bousculades, des jets de peinture, des injures… Le garde champêtre tente de s’interposer. La cohabitation semble compromise. A Plouha comme à Langoëlan (Morbihan), Douarnenez (Finistère) ou Bourg-des-Comptes (Ille-et-Vilaine), deux Bretagne se font face. Pas une semaine ne passe sans qu’un collectif ne s’oppose à l’agrandissement d’un élevage hors-sol ou ne dénonce une énième pollution de cours d’eau à la suite d’un rejet de lisier.

 

Le refus de voisiner avec des installations agro-industrielles n’est que la partie émergée de l’iceberg. Bien souvent, c’est une opposition de fond au modèle agricole dominant dans la région qu’exprime une partie des locaux. Ce même modèle qui a fait de la Bretagne, en quelques décennies, la première région agricole de France et l’une des principales d’Europe.

 

Dans la péninsule, environ 110 millions d’animaux d’élevage cohabitent avec 3,3 millions d’humains. Cent dix mille agriculteurs et ouvriers du secteur agroalimentaire « nourrissent » l’équivalent de 22 millions de personnes. Cinquante-huit pour cent de la viande porcine, un tiers des volailles, un quart des tomates et presque la moitié des œufs produits en France proviennent de Bretagne. Mais ce « succès » a plusieurs rançons : pollution, défiguration des paysages, qualité parfois médiocre des productions, dépendance aux subventions…

Le paysan se mue en exploitant

 

Malgré les signaux d’alerte émis dès les années 1970 par des associations environnementalistes, les Bretons ont longtemps fait bloc autour de « leur » agriculture. Les vents ont tourné. L’exaspération de certains élus ou citoyens à l’encontre de l’agro-industrie est plus audible. La sphère politique s’est emparée du sujet, qui s’impose comme la thématique majeure des prochaines élections régionales. Et agit comme une bombe à fragmentation à l’intérieur même des partis. Ecologistes, socialistes, « marcheurs »… Tous avancent divisés. Leurs désaccords témoignent de la complexité de l’équation. Au centre du jeu : Loïg Chesnais-Girard, président (Parti socialiste) du conseil régional depuis 2017, candidat à sa propre succession.

 

En 2018, M. Chesnais-Girard a annoncé vouloir faire de la Bretagne un « leader » du « bien manger » à l’échelle européenne, en accompagnant la « transition écologique ». « On a très certainement tardé à penser le modèle breton de demain, reconnaît le successeur de Jean-Yves Le Drian, actuel ministre des affaires étrangères. Aujourd’hui, ma route est claire. Je défends une agroécologie qui a intégré dans son modèle la soutenabilité vis-à-vis de la biodiversité, de l’eau, de la terre et des sols. Le changement est inéluctable mais doit se mettre en place sans casse et crispation majeure. Alors, oui, je danse sur un fil, parce que je refuse d’être simpliste. »

 

L’élu doit composer, sur sa gauche, avec les partisans d’une « révolution verte » et, sur sa droite, avec ceux du statu quo ou de l’évolution à pas de tortue. M. Chesnais-Girard se montre d’autant plus prudent que l’agriculture occupe une place considérable dans l’économie bretonne. Le secteur représente 9 % des emplois. En incluant l’activité induite, de 20 % à 30 % des emplois y seraient liés, selon les chambres d’agriculture. Son poids symbolique est tout aussi colossal.

 

Après la seconde guerre mondiale, l’Etat français fait de la Bretagne un laboratoire à ciel ouvert du productivisme agricole. Objectif : contribuer massivement à « nourrir la France ». Persuadés d’engager leur territoire sur la voie du « progrès », élus et capitaines d’industrie favorisent la modernisation de l’agriculture. Les paysans se muent en exploitants. Mécanisation, agrandissement perpétuel des fermes et diminution du nombre d’agriculteurs vont de pair. En un demi-siècle, le nombre d’exploitations passe de près de 200 000 à 30 000. Leur taille quintuple. L’espace rural est « rationalisé ». Des milliers de kilomètres de haies et de talus sont arrachés.

 

Beaucoup d’agriculteurs s’interrogent sur le bien-fondé d’un modèle qui les a encouragés à s’endetter La suite ICI 

 

C’est un article pour les abonnés, si vous ne l’êtes pas je peux sur demande vous le faire parvenir en copié-collé.

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commentaires

P
Mais non voyons, foin de pessimisme . Le verts n'est il pas la couleur de l'espérance ? Avec ses plages vertes la Bretagne est sur le bon chemin et peut compter sur un avenir radieux .
Répondre

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