J’ai reçu un SMS d’un beau nez du vin qui, après avoir dégusté à l’aveugle, me recommandait la buvaison d’un Beaujolais-Village nouveau revendiqué nature, car être aveugle ça évite, notait-il, de tomber dans les bêtises de l’idéologie. En clair d'être un buveur d'étiquettes de cette étrange boisson idolâtrée par les bobos parisiens des bars à vin (fermés).
J'avoue que je ne suis pas très fan des Bojolos nouvos nu, ils sont tous cousins germains, la carbo sans doute, je n'en sais rien, ce n'est plus ma came, alors ça ne m’a même pas fait bouger l’une, la gauche (désolé pour ma vulgarité mais le grand Jacques est à la mode, rappelons-nous d'une de ses saillies « Le bruit et l'odeur » c'est une expression extraite d'un discours de Jacques Chirac prononcé le 19 juin 1991 et connu comme Le Discours d'Orléans. Il s'agissait d'un dîner-débat du RPR à Orléans, devant 300 militants et sympathisants.) puisque je ne suis pas répertorié ni en tant que dégustateur aveugle, ni en tant que dégustateur tout court.
Je me contente avec mon pécule de retraité, confortable, de n'être qu'un acheteur-buveur qu acquiert sa came chez une caviste qui connaît fort bien mes goûts ; je suis ses conseils comme un aveugle et je suis rarement déçu. En ces temps de confinement où le petit commerce souffre, je continue d'alimenter chez elle mon gosier de mes nectars favoris, foin des étiquettes, des nouvelles stars des vins nus, le reste n'est que litres et ratures comme l'écrit Roger un blogueur.
Reste la fameuse idéologie, la pensée dominante, celle qu'il faut suivre sous peine de n'être plus qu'un vieux ringard, genre la vieillesse est un naufrage (Biden a 77 ans) là encore j'avoue que je ne comprends pas ce qu’elle viendrait foutre dans ma petite galère, vu que je me tamponne le coquillard des chapelles qui font vendre du papier, ou des addicts de la formule assassine qui cueillent des followers à la pelle sur les réseaux sociaux.
J'ai mieux à faire.
Je fais marcher le petit commerce, je fréquente les bars à vin, disons surtout un, c'est là que la vie du vin prend toute son expression, retrouve sa convivialité, mon seul souci c'est que depuis que je suis tombé dans la marmite des vins nu, j'en liche un max mais ça ne m'inquiète guère je vogue vers 73, c'est déjà un sacré bout de chemin.
Pour faire bon poids, ce bon ami, très expert dans la dégustation de vin nu, dans le SMS suivant, me précisait « un vin nature n’est pas obligé de puer bien au contraire »
Alors là, tel le commissaire Bourrel dans les 5 dernières minutes je m’écriais « Bon Dieu ! Mais c'est… Bien sûr ! »
Le coupable c'est moi.
Mon appellation incontrôlée les vins nu qui puent, qui se voulait pure dérision, me revient en pleine poire, m'est reprochée car elle entacherait la virginité des vins nu (entre nous soi dit c'est un étrange changement de pieds), me taxerait de ne pas savoir séparer le bon grain de l'ivraie, m'obligerait à me couvrir la tête de cendres, me contraindrait d'aller à Canossa en robe de bure, pieds nus, m'incliner devant le Pape des vins nu (je ne le connais pas) et son Saint Office (là je connais beaucoup de membres), confesser mon péché mortel, sans doute risquer l'excommunication, le bannissement me privant d'adhérer au syndicat des vins naturels, le début de la fin, quoi...
Je dois donc à mon illustre dégustateur une explication : mon appellation les vins nu qui puent, n'était à la fois qu'une pierre jetée dans le jardin de ceux qui les conspuent, mais aussi ma façon de faire un pied-de-nez à ceux qui en ont fait leur credo, les idéologues des vins bien comme il faut, dont certains sont des ralliés de la 25e heure au bio et à la biodynamie – qui ne concerne que la vigne, mais dont l’amalgame avec le vin nature est fort commode – en effet que n’ai-je lu sur le parfum de purin, les fragrances d’écurie, les pestilences de vinaigrerie…
Elle n’est en rien l’expression de l’idéologie dans laquelle je me baignerais, je me complairais, me vautrerais, mais, à la manière du célèbre « bio-cons » du maître Bettane, une façon d'entrer, moi le géniteur des Vins de France, espace de liberté, dans la légende des vins nu.
Je me suis planté !
Chacun est libre de ses choix, sur mon espace de liberté je n’exprime rien d’autre que mon goût pour le vin, un vin au plus près de sa définition légale, la militance n’a jamais été ma tasse de thé, je me suis contenté, dans ma vie publique, d’une fidélité à des idées, ce n’est pas aujourd’hui que je vais m’engager sous des bannières portées par des moinillons pourvus d’œillères, la grand cohorte des « si tu n’es pas avec moi, tu es contre moi », le troupeau des profiteurs du fonds de commerce vin nu, ils me gonflent tout autant que, celles et ceux, qui m’excommunient pour mes déviances viniques.
Ce n'est pas moi qui vais vilipender les vins de Nicolas, pensez-donc, dans ma vie j'ai embouteillé du Vieux Papes, du Préfontaines..., en litre étoilé syndical, que je livrais aux petits épiciers parisiens, certains en gardent encore les stigmates sur leur vitrine, je livrais aussi, comme Nicolas, des GCC de notre filiale des Chartrons : Cruse, nous avons même à la SVF été des défricheurs de la GD : ha, le Carrefour de Ponteau-Combault, en résumé je suis marqué par le péché originel : avoir vendu du vin popu... J’ai bien connu Pierre Castel, Joseph Helfrich, Jean-Claude Boisset, les parrains du vin, un temps je fus dans les petits papiers du grand Gégé de Narbonne avant qu’il ne fâcha, bref, je ne suis pas un perdreau de l’année mais plutôt un vieux cheval de retour.
Je n’ai rien à cacher mais aussi rien à conseiller, mon passé vendéen me fait fuir comme la peste les prosélytes, les prêcheurs, les détenteurs de vérités révélés…
Un souvenir pour l'illustrer l’amour que me portent les bien-pensants, lorsque mon fichu rapport devint, comme on le dit maintenant, viral sur l'Internet naissant (il avait mis en ligne par le conseiller technique de Glavany, le dénommé Vinçon, un groupe genre LPV déclara : comment un type qui a vendu du Vieux Papes pourrait-il être crédible ? C'était il y a 20 ans, c'était déjà bonjour l'ambiance de convivialité dans le monde du vin.
C’est écrit, j’ai placé mes mots là où il le faut, ça m’a valu en son temps de me faire mettre au placard par les maîtres de la vigne France, encore un Jacques, ce fichu prénom me poursuit, je n’en tire aucune gloire, me contentant de batifoler sur mon espace de liberté où je ne pratique pas la monoculture du vin, ça m’évite à mon grand âge de radoter, de ratiociner, de passer mon temps sur Twitter à étriper mes adversaires ou à lire les leçons de certains naturistes sur Face de Bouc.
J’ai mieux à faire : AIMER !
PUER
Exhaler une odeur nauséabonde, très désagréable.
Synonymes : empester, empuantir; sentir* mauvais; populaire ou argotique : cocotter, schlinguer.
Puer de la bouche. Pue-du-bec.
[Lange] avait cet âge où l'on appelle « pue-du-bec », le camarade qui a l'haleine forte
Mauriac, Trois récits, 1929, p. 113
Pue-la-sueur. Travailleur manuel pauvre.
« Messieurs, si nous prêtions des ridicules aux hommes vertueux de la droite? Si nous disions que Monsieur de Bonald pue des pieds? »
Balzac, Illusions perdues, 1839, p. 395.
Imparfait du subjonctif
- que je puasse
- que tu puasses
- qu'il puât
- que nous puassions
- que vous puassiez
- qu'ils puassent
Quelques citations SGDG
« L'odeur, c'est la vie. Ne puer qu'une fois mort est un manque de personnalité. »
Frédéric Dard J'ai essayé, on peut (1973)
« Il ne faut pas qu’il y ait trop d’imagination dans nos conversations ni dans nos écrits ; elle ne produit souvent que des idées vaines et puériles, qui ne servent point à perfectionner le goût et à nous rendre meilleurs : nos pensées doivent être prises dans le bon sens et la droite raison, et doivent être un effet de notre jugement. »
La Bruyère - Les Caractères - Jean de La Bruyère
« Sortant de certaines bouches, la vérité elle-même a mauvaise odeur. »
Jean Rostand Les inquiétudes d'un biologiste (1967)
« Tu pues, mais il n'y a plus rien à tenter pour atténuer l'odeur. On aurait beau te briquer la carcasse à la lessive Saint Marc, tu puerais encore. »
Frédéric Dard Les soupers du prince (1992)
« L'éloge qu'on se donne sent mauvais, dit-on : Cela peut être vrai ; mais, pour juger quelle odeur a le blâme injuste d'autrui, le public n'a point de nez. »
Goethe Les maximes et réflexions (1749-1832)