Nelly Kaplan DR - T.C.D
Nelly Kaplan, est décédée du Covid-19 ce jeudi dans une maison de repos à Genève. «Emportée par la vague», dit le beau titre de La Libre Belgique.
On dit Nelly Kaplan et un film remonte immédiatement: La Fiancée du pirate, flambeau féministe, rageur et joyeux incarné par Bernadette Lafont, dans le rôle de la femme libre, qualifiée de sorcière parce qu’elle tourne la tête des hommes et qu’elle y prend plaisir, dans un village en 1969 – une sorcière qui brûle les inquisiteurs plutôt que de se faire brûler, et qui chante à qui mieux mieux: «Moi, je m’en balance, mon lit est assez grand pour des milliers d’amants» de Barbara. On répète Nelly Kaplan et l’on entend sa voix rocailleuse et persuasive, son accent argentin qu’elle avait gardé de sa jeunesse, jusqu’à 18 ans à Buenos Aires. De son pays natal, elle avait gardé la croyance en la force des rêves dont nous sommes faits, un goût aigu pour le fantastique et la conviction que rien ne résistait à l’impérieux besoin d’une rencontre.
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Nelly Kaplan, une amie de Langlois et de la Cinémathèque qui nous quitte aujourd'hui. C'est surtout une immense actrice, scénariste, auteure, essayiste, historienne. Et réalisatrice, qui, avec le génial "La Fiancée du Pirate", remua durablement le cinéma français des années 60.
REVUE DE PRESSE
«Lady N» s’est envolée. Elle laisse derrière elle une œuvre cinématographique de révoltée et un beau scandale, sa mythique «Fiancée du pirate» (1969). Une sorcière moderne, pour les médias
Le cinéaste Abel Gance (au centre) fête ses 90 ans à la Maison de la radio, le 20 octobre 1979, en présence de Nelly Kaplan (en pull léopard), Denise Fabre, Yves Mourousi, Mireille Mathieu et Michou: toute une époque! — © Marcel Binh/AFP)
«Un règlement de comptes avec les institutions. L’ordre établi pris à son propre piège. Une bouffée d’oxygène contestataire dans notre atmosphère sociale polluée.» A cette époque, l’année 1968 était encore dans tous les souvenirs. Nelly Kaplan, dont Laurent Bonnard évoquait dans la Gazette de Lausanne du 25 avril 1970 la sortie de son premier film de fiction, le mythique La Fiancée du pirate, est décédée du Covid-19 ce jeudi dans une maison de repos à Genève. «Emportée par la vague», dit le beau titre de La Libre Belgique.
Buenos Aires, 1940, raconte Télérama. «Quand je serai grande, je ferai du cinéma, déclare la jeune Nelly Kaplan, 9 ans, au petit-déjeuner, après avoir été éblouie par le J’accuse d’Abel Gance (1919). «On ne parle pas la bouche pleine», lui rétorque son père, bourgeois argentin, habitué aux frasques de son impétueuse fille. Scène de la vie familiale ordinaire chez les Kaplan où la cadette, «née rebelle comme d’autres naissent coiffées», a toujours entendu sa mère dire que le jour où elle a été conçue les diables avaient pris la place de son père! «Ça m’a beaucoup plu, racontait-elle. Belzébuth comme père, pourquoi pas?»
Souvenez-vous. En porte-flambeau du féminisme, l’«insolente et sensuelle» Bernadette Lafont paradant en «fiancée» dans une danse avec les bourgeois, en un «éclat» composé «sur le mode surréaliste». Marie transitant du rôle de «victime misérable» à celui de «bourreau impitoyable» dans une «fable corrosive sur une société en voie de décomposition»… «Séduisant tous les notables du petit village de campagne où elle a trouvé refuge» après la mort de sa mère.
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