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6 novembre 2020 5 06 /11 /novembre /2020 08:00

 

Je me souviens du 10 mai 1981, j’habitais rue Vergniaud dans le 13e et j’étais terrassé par une hernie discale qui me fit manquer la fête de la victoire socialiste, place de la Bastille.

 

Celle-ci, avait tourné court, noyée sous les trombes d'eau d'un orage ! C’est sans doute l’une des raisons qui découragea les chars russes de déferler sur Paris, place de la Concorde, l’autre étant la déculottée des communistes français, le début de la fin.

 

Malgré la colère du ciel marquant selon notre Jack Lang que « le peuple de France était enfin passé des ténèbres à la lumière » 200.000 personnes avaient déferlé, ce soir- là. Paul Quilès fut le grand ordonnateur de la fête animée par Claude Villers le célèbre animateur de Radio France qui s’illustrera avec son Tribunal des Flagrants Délires avec Pierre Desproges et Luis Rego. Ce fut un vrai happening,  Anna Prucnal entonnait  l'Internationale en polonais. Premiers arrivés sur les lieux, avec Michel Rocard, le rival malheureux de Mitterrand, et le lamentable Pierre Juquin, communiste « hétérodoxe ».

 

 

Paul Quilès, directeur de campagne en 1981

 

Que faisiez-vous le 10 mai 1981 à 20h00 ?

 

A 18h30, le directeur de la Sofres m'a téléphoné pour me donner la fourchette de sondage de sortie des urnes. Il m’a dit : "Tu peux annoncer à Mitterrand qu'il est élu". Je l’ai donc appelé. Il était à Château-Chinon. Il nous a dit : "Enfin les ennuis commencent". J'ai appelé le préfet de police, qui m’a donné son accord pour la fête place de la Bastille.

 

Une anecdote, un souvenir marquant ?

 

J'ai fait chanter l'Internationale à toute la foule, avec Gaston Deferre (maire PS de Marseille, ndlr). C’était un grand moment, les gens pleuraient. Ils disaient des phrases définitives comme "la vie commence", "enfin une nouvelle vie".

 

Rocard fit du Rocard, sincère et militant alors que ce pauvre Juquin ressemblait à un ouvrier de la vingt-cinquième heure accroché à une bouée de sauvetage. Vers 23 heures, Huguette Bouchardeau, dans un grésillement de larsen fut interrompue par une énorme cataracte...

 

La fête continua, improvisée et bon enfant sous la haute surveillance du service d'ordre de l'UNEF ID, tenu par les trotskistes de l'Organisation communiste internationaliste, sous la direction de Jean-Christophe Cambadélis. Son obsession ? Juguler les militants de la Ligue communiste révolutionnaire qui prétendaient marcher sur l'Elysée...

 

Paul Quilès, mitterrandien fut élu député du 13e Ouest de PARIS, le 13e Est revenant à une chevènementiste : Nicole Questiaux, j’ai donc voté pour lui puisque j’habitais rue Vergniaud.

 

Cinq mois après l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, le Parti socialiste tient congrès à Valence du 23 au 25 octobre 1981. Une banderole est déployée dans la salle des orateurs

 

« Avec les socialistes, réussir le changement ». C’est en effet la première fois que la gauche accède au pouvoir sous la Ve République.

 

 Ce congrès restera pour l’opinion publique comme celui des « coupeurs de têtes ».

 

 Le premier jour, le jeune député Paul Quilès  prononce un discours enflammé : « Personne ne nous saurait gré de laisser en place tous les hauts responsables de l’économie ou de l’administration, qui sont nos adversaires. Souvenons-nous qu’en politique, faire un cadeau de ce genre, c’est se condamner soi-même. Mais il ne faut pas non plus se contenter de dire de façon évasive, comme Robespierre à la Convention le 17 thermidor 1794 : Des têtes vont tomber… Il faut dire lesquelles et le dire rapidement !»

 

Paul Quilès, tout occupé à réclamer des têtes, a cité la date erronée du 17 Thermidor. Robespierre a en fait prononcé son discours le 8 Thermidor. Le député de Paris rappelle ainsi que l’incorruptible avait fait ce jour-là un discours menaçant contre les « traîtres » et les «fripons» de l’assemblée. Mais Robespierre n’avait dénoncé personne en particulier, laissant planer la menace sur l’ensemble des députés. Cette erreur avait été exploitée dès le lendemain par ses ennemis, qui l’avaient arrêté puis envoyé à l’échafaud le surlendemain.

 

L’exhortation de Quilès suscite l’indignation à droite, j'étais en séance de nuit à l'Assemblée Nationale Toubon, Séguin et Cie poussèrent les hauts cris et le gouvernement fut un peu mal à l'aise. Le ministre de l’intérieur Gaston Defferre précisa aussitôt : « Notre juge à tous, c’est le peuple. Nous sommes condamnés à être solidaires, camarades.»

 

Paul Quilès gagne pour longtemps le surnom de «Robespaul». Mais celui qui voulait couper des têtes se révélera plus tard un ministre assez modéré.

 

Membre du cabinet du mitterrandien pur sucre Louis Mermaz, je n’étais pas encarté au PS, me contentant d’être ce qu’au PCF on nommait un « compagnon de route » participant à la Commission Nationale Agricole du PS. Un beau jour je me suis dit « tu devrais aller pointer le bout de ton nez à la section du 13e Ouest, celle de Paul et Josèphe-Marie Quilès. Ce que je fis. J’adorais le fait de coller des timbres sur ma carte mais les réunions de section n’étaient pas ma tasse de thé. De plus, les rocardiens du 13e se considéraient comme les seuls détenteurs des mannes du défunt PSU, alors très vite, avec un de mes voisins, artisan à la Butte aux Cailles, nous nous spécialisâmes dans le collage des affiches. Telle fut ma petite  et courte contribution militante au sein du PS.

 

Je repris mes habits de compagnon de route qui me laissait plus d’aise pour ramener ma fraise.

 

Depuis qu’un jour j’ai un peu vanné ce cher Paul Quilès, qui avait un peu pris la mouche, je reçois ses publications.

 

Si vous souhaitez écouter cette superbe Traviata allez sur son blog ICI  

Mai 1981 Une victoire douce-amère…

 

Lundi 29 Août 2016

Mai 1981, François Mitterrand est élu président de la République. C’est l’aboutissement de la stratégie de programme commun. C’est aussi la traduction d’une forte attente de changement.

 

En une de l’Humanité, ce 21 mai 1981, deux présidents. Le battu s’apprête à quitter le cadre de l’image en même temps que le pouvoir : c’est Valéry Giscard d’Estaing. Le vainqueur, François Mitterrand, avance droit, face au lecteur. Le suffrage universel a tranché. « Que le changement commence. »

Paul Quilès : "Les leçons du 10 mai 1981 sont toujours d'actualité" ICI

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commentaires

P
A la suite de Mai 68 circulaient des formules du genre " Elections, pièges à cons ! " ou encore, " S'il les élections servaient à quelque chose, on les aurait supprimées depuis longtemps ! "<br /> 1981 en est un très bel exemple. Autrement dit, CQFD !<br /> Cependant, l'annonce des résultats de la soirée électorale avec la victoire de Mitterrand reste un des grands moments de mon existence. Rien que pour voir la tronche de J.P. Elkabach * annonçant ce résultat, ça valait le coup.<br /> Au fait, j'attends toujours les chars russes redoutés mais annoncés sur les Champs Elysée par les boubours **de l'époque <br /> <br /> * El cabot pour beaucoup tant sa lèchecultrie, en chagrinait plus d'un.<br /> ** Bourgeois-bourins selon Nicolas Chemla repris par Frédéric Schiffter " Philosophe sans qualité "
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