Comparaison n’est jamais raison, ce que je mets ici en parallèle ce n’est ni le fond, ni la forme, c’est que le moment, était pour Rocard, est pour Mélenchon, mal choisi, avec pour conséquence le naufrage de la candidature de l’un, et le futur plantage de l’autre.
Dans une chronique du 10 novembre Françoise Fressoz, « Victime de son tempérament et de ses impasses stratégiques, Jean-Luc Mélenchon est devenu son pire ennemi » ICI conclut :
Aujourd’hui, la somme de ses handicaps est telle qu’une hypothèse ne peut être exclue : s’il se présente, ce n’est pas pour gagner mais pour terminer le travail auquel il s’est attelé en 2008 lorsqu’il a claqué la porte du PS. Il veut fermer la boutique en achevant le dernier carré des « éléphants ». Tant que lui sera dans le paysage, aucun d’entre eux ne pourra prétendre rassembler la gauche.
Rocard, bon militant, a sauvé la candidature de son Premier Secrétaire, permis à « son pire ennemi » de devenir Président de la République pour deux septennats, de tenter de le « tuer » en le nommant 1ier Ministre, l’humiliant en le congédiant sans raison, en le « tuant » définitivement en soutenant la candidature Tapie aux européennes.
Mélenchon, qui se croyait le chouchou de Tonton, honnissait Rocard, devra se contenter d’un strapontin sous Jospin, fait le chemin inverse, il achève son entreprise de démolition des ex union de la gauche : le PC d’abord, le PS ensuite. Grand Timonier, à la barre de son rafiot FI, il se saborde pour, dans un dernier sursaut d’orgueil, couler en vouant aux gémonies ceux qui ne se sont pas rallié à lui l’incompris. La FI c’est la France Incomprise.
Dernière pantalonnade, il conditionne sa troisième candidature à la signature, par au moins 150 000 personnes de la plateforme «nous sommes pour». C’est ouvert à tous les vents, aucun contrôle, ça sent le bourrage d’urne cher aux élus de la ceinture rouge.
La plate-forme "Nous sommes pour" est permissive. Pour les besoins de cet article, nous avons ainsi parrainé Jean-Luc Mélenchon avec les noms de Jean Jaurès et Maximilien Robespierre, qui contribueront donc à l'"investiture populaire" du leader de la FI.
Michel Rocard, pour accentuer sa pression, décide de faire une déclaration télévisée depuis sa mairie de Conflans-Sainte-Honorine le 19 octobre 1980. Il a toutefois tenu à contacter François Mitterrand par téléphone qui lui a confié lui aussi vouloir se présenter.
C’est donc un Michel Rocard moins sûr de lui et hésitant qui se présente devant les caméras de télévision. Le maire de Conflans bafouille et le décor fait d’un rideau marron paraît lugubre. En outre, il regarde la mauvaise caméra et ne peut donc toucher directement les téléspectateurs. Sa déclaration paraît ambiguë, il présente sa candidature, mais la conditionne à une validation par le Parti socialiste, et rend un hommage appuyé à François Mitterrand. Les critiques sont cinglantes le lendemain dans les journaux. Cette candidature tient encore deux semaines, avant que François Mitterrand se déclare lui-même candidat. Michel Rocard n’hésite pas, il s’en tient à sa promesse de 1979 et renonce à sa candidature. Il soutiendra loyalement la candidature de François Mitterrand à l’élection présidentielle de 1981.
Détournement