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21 octobre 2020 3 21 /10 /octobre /2020 06:00
Samuel Paty Conflans-Sainte-Honorine « Parfois on est sans voix. Ce n’est pas pour autant qu’on doit parler sans discontinuer pour essayer de démontrer qu’on existe.  Se taire fait moins de bruit. Se taire est un hommage. » Régis Jauffret

Conflans-Sainte-Honorine, ça résonne en moi !

 

Longtemps nous y sommes allés nous réunir, en séminaire de cabinet, dans une grande bâtisse, la MJC des Terrasses je crois, notre Ministre en était le maire. Michel Rocard fut maire de Conflans de 1977 à 1994, puis conseiller municipal de 1994 à 2001.

 

C’était le dernier cours de la journée, le dernier avant les vacances scolaires de la Toussaint aussi. Il était 14 heures, vendredi 16 octobre, lorsque Samia (le prénom a été modifié), 12 ans, a dit au revoir à son professeur d’histoire-géographie. « Bonnes vacances, monsieur ! », lui a-t-elle lancé avant de quitter l’enceinte du collège du Bois-d’Aulne, dans le quartier tranquille de Chennevières, à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines. Trois heures plus tard, l’enseignant de 47 ans, Samuel Paty, était retrouvé décapité en pleine rue, à trois cents mètres seulement de l’établissement scolaire, « sauvagement attaqué alors qu’il rentrait probablement chez lui à pied », commente un policier posté aux abords de la scène de crime.

 

C’est ici, au cœur d’un dédale de ruelles bordées de pavillons proprets aux haies bien taillées, au coin des rues du Buisson-Moineau et de la Haute-Borne, qui marque la frontière entre les communes de Conflans et Eragny, entre les Yvelines et le Val-d’Oise, que le drame s’est déroulé. Le témoin qui a prévenu les forces de l’ordre a d’abord cru que « la victime était un mannequin tellement la scène était surréaliste de violence », témoigne un policier.

 

L’horreur, la sidération, le chagrin qui serre le cœur, brouille les yeux, fait surgir l’instinct de vengeance, face à cette sauvagerie, cette barbarie, loin de celles et ceux qui, sur ces foutus réseaux sociaux, s’épandaient, se répandaient, comme Régis Jauffret je suis resté sans voix, me suis tu, oui « se taire est un hommage », le début du deuil.

 

J’ai exercé, et aimé, le métier de professeur tout au long de ma vie professionnelle, en 6e, 5e, 4e au CEG de Pouzauges comme prof à mi-temps pour payer mes études, puis en 2e, 1er, Terminales, BTS à l’école d’agriculture des Établières pendant l’écriture de ma thèse de doctorat, enfin pendant 3 ans à l’Université de Nantes comme prof associé auprès des 3e cycle.

 

Transmettre, expliquer, intéresser, quel beau métier ! Ce fut mon oxygène, et le souvenir de mes gamines, gamins de 6e m’offrant pour mon départ les très vieilles chansons de France, 33 tours de Guy Béart, reste l’un des meilleurs (dans mon portefeuille, outre l’histoire-géographie, j’assurais le cours de musique et de dessin)

 

Guy Béart - Vive La Rose - Les Très Vieilles Chansons De France (1966,  Vinyl) | Discogs

 

Je ne suis pas allé brandir une pancarte place de la République, certains sans honte n’y avaient pas leur place, l’immense majorité partageait mon profond chagrin.

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commentaires

P
" C'est une honte de se taire, etde laisser parler les barbares"<br /> Euripide, Philoctète selon Diogène Laêrce
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P
Souvent la foule trahit le peuple » Victor Hugo<br /> <br /> Mais qu’est ce que c’est que ces habitudes ? C’est quoi ce rite ? Quel est ce besoin de « marche blanche » (de la même couleur que l’arme dont s’est servi l’assassin ?)<br /> Besoin d’évacuer je ne sais quel sentiment désagréable. Je devrai dire sensation.<br /> Catharsis commune ? Comme à Woodstock comme le chantait Gilbert Becaud ou se rassemblaient des milliers « pour avoir moins peur »<br /> Façons de se rassurer ? Moi au moins je ne suis pas comme ça !<br /> Combien dans cette foule qui, d’habitude quand on parle de prof, évoquent ces paresseux qui ont, en plus trois mois de vacances ! Personne dans la rue pour réclamer pour eux des rémunérations décentes (actuellement parmi les plus basses d’Europe)<br /> Non, on a marché, à présent on peut aller se coucher, la conscience en paix.<br /> Je ne vais pas énumérer toutes ces manifestation où tant de gens se presse et qui permettent de, un temps, mieux respirer. Mais de « Touche pas à mon pote ! » (1985) à « Je suis Charlie » qu’est ce qui a vraiment changé ?<br /> La manifestation la plus récente est celle des « casseroles qui applaudissent aux fenêtres » *. Tous les soirs juste après la publication des décès du jour, hop tous aux fenêtres pour une belle simagrée car le matin on a appelé son syndic pour demander l’exclusion de cette infirmière en réanimation qui habite l’immeuble.<br /> Rien de mieux à faire bon sang ?<br /> Comme j’aimerai vous voir, aussi nombreux dans les bureaux de votes !<br /> Comprendrons nous un jour ce que nous dit Dostoïevski “Nous sommes tous coupables de tout et de tous devant tous, et moi plus que les autres“ Et vivre comme nous l’enseigne l’évangile dans la parabole de la poutre et la paille (Mathieu 7, 3-5)<br /> Sans être un spécialiste des religions**, mais pour le peu que j’en connaisse ce qui précède est une morale quasi universelle.<br /> Mais il est temps de faire silence comme il est dit dans la chronique<br /> Aller, cependant, pour prolonger la méditation, une dernière citation. Encore et toujours Hugo<br /> « L'homme c'est l'impuissant fécondant l'inutile. »<br /> <br /> <br /> * Lire le drolatique opuscule de Iegor Grau chez P.O.L éditeur<br /> ** Tient v’la la mouche du coche qui cultive l’art de ultracrepidarianisme !***<br /> *** Tient le cuistre t’es de retour aussi ?
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