Conflans-Sainte-Honorine, ça résonne en moi !
Longtemps nous y sommes allés nous réunir, en séminaire de cabinet, dans une grande bâtisse, la MJC des Terrasses je crois, notre Ministre en était le maire. Michel Rocard fut maire de Conflans de 1977 à 1994, puis conseiller municipal de 1994 à 2001.
C’était le dernier cours de la journée, le dernier avant les vacances scolaires de la Toussaint aussi. Il était 14 heures, vendredi 16 octobre, lorsque Samia (le prénom a été modifié), 12 ans, a dit au revoir à son professeur d’histoire-géographie. « Bonnes vacances, monsieur ! », lui a-t-elle lancé avant de quitter l’enceinte du collège du Bois-d’Aulne, dans le quartier tranquille de Chennevières, à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines. Trois heures plus tard, l’enseignant de 47 ans, Samuel Paty, était retrouvé décapité en pleine rue, à trois cents mètres seulement de l’établissement scolaire, « sauvagement attaqué alors qu’il rentrait probablement chez lui à pied », commente un policier posté aux abords de la scène de crime.
C’est ici, au cœur d’un dédale de ruelles bordées de pavillons proprets aux haies bien taillées, au coin des rues du Buisson-Moineau et de la Haute-Borne, qui marque la frontière entre les communes de Conflans et Eragny, entre les Yvelines et le Val-d’Oise, que le drame s’est déroulé. Le témoin qui a prévenu les forces de l’ordre a d’abord cru que « la victime était un mannequin tellement la scène était surréaliste de violence », témoigne un policier.
L’horreur, la sidération, le chagrin qui serre le cœur, brouille les yeux, fait surgir l’instinct de vengeance, face à cette sauvagerie, cette barbarie, loin de celles et ceux qui, sur ces foutus réseaux sociaux, s’épandaient, se répandaient, comme Régis Jauffret je suis resté sans voix, me suis tu, oui « se taire est un hommage », le début du deuil.
J’ai exercé, et aimé, le métier de professeur tout au long de ma vie professionnelle, en 6e, 5e, 4e au CEG de Pouzauges comme prof à mi-temps pour payer mes études, puis en 2e, 1er, Terminales, BTS à l’école d’agriculture des Établières pendant l’écriture de ma thèse de doctorat, enfin pendant 3 ans à l’Université de Nantes comme prof associé auprès des 3e cycle.
Transmettre, expliquer, intéresser, quel beau métier ! Ce fut mon oxygène, et le souvenir de mes gamines, gamins de 6e m’offrant pour mon départ les très vieilles chansons de France, 33 tours de Guy Béart, reste l’un des meilleurs (dans mon portefeuille, outre l’histoire-géographie, j’assurais le cours de musique et de dessin)
Je ne suis pas allé brandir une pancarte place de la République, certains sans honte n’y avaient pas leur place, l’immense majorité partageait mon profond chagrin.