Les questions des tout petits qui ont tout à découvrir tout autour d’eux, pour y associer des mots nouveaux après avoir ingurgité l’alphabet, assemblé des mots pour en faire des phrases, d’abord parlé : des questions, plein de questions, puis calligraphié, même si l’écriture scripturale est en forte régression au profit du clavier français (AZERTY) vers le clavier américain (QWERTY).
La question qui m’a toujours ravie, autour du Grand Bassin du jardin du Luxembourg, « Maman les bateaux ont-ils des jambes ? »
Ce matin, au lieu de m’intéresser, comme les zozos des réseaux sociaux, aux queues de cerise, j’ai décidé de me pencher sur les queues des tasses.
La tasse à café ou à thé, cette dernière plus rare dans ma Vendée crottée, fait partie de mon patrimoine génétique. En effet, le mariage, institution hautement sanctifiée car officiellement, en vertu des lois de l’Eglise romaine, c’était l’autorisation de pécher entre femme et homme, avec l’autorisation du clergé, sans trop de plaisir toutefois, juste pour perpétuer l’espèce.
Les agapes de mes parent, pour leur mariage, durèrent 3 jours à la Célinière, on avait tué le veau gras, tapissée la grange de draps blancs, fabriqué des fleurs en papier, engagé un joueur d’accordéon… Dans la grande salle de la métairie, sur une grande table, s’étalaient les cadeaux de mariage.
La star des cadeaux de mariage étant la ménagère, dans un écrin tapissé de soie blanche, soit la batterie des fourchettes, des cuillères, des petites cuillères, des couteaux, de la louche… etc. venait ensuite l’imposant service de vaisselle complet dans lequel on trouvait le service à café.
La qualité de l’argenterie au poids et au poinçon, ou plus simplement en métal argenté, porcelaine ou faïence, étaient tout comme le cristal du service de verre, la marque de l’importance des auteurs du cadeau.
Au Bourg-Pailler, nous avons lors des fêtes de famille, mangé et bu dans de la belle vaisselle et de beaux verres. Maman en prenait un soin extrême.
Les tasses à café en porcelaine étaient fines et translucides, et bien sûr dotées d’une queue.
Je n’ai jamais posé la question à mes parents du pourquoi de cette queue, ça allait de soi.
Offrir un « service » remonte au XVIIIe siècle, avec la création des faïenceries, puis des porcelaineries. La pratique se généralise au siècle suivant lorsque la pratique du moulage permit de passer de la fabrique à l’industrie, en particulier à Limoges.
C’est au Siècle des Lumières, en Europe, que les petits gobelets munis d’une anse ont été codifiés. Ils représentent les contenants d’une nouvelle pratique : la consommation de boissons chaudes d’origine exotique, le thé, le café et le chocolat. Ils dérivent des récipients utilisés par les sociétés inventrices de ces boissons, mais avec de notables modifications pour les adapter aux manières de tables européennes, dont l’anse, ce petit crochet qui permet de saisir une tasse à thé, à café ou à chocolat. La tasse ainsi appareillée est né lorsque l’Europe se convertissait à la consommation de boissons chaudes d’origine exotique. Thé, café, ou chocolat, issus des cultures tropicales, sont au début du siècle des produits encore rares, donc chers. Nourritures stimulantes, surtout que la pratique européenne les associe au sucre, voire au lait, à la différence de leurs sociétés d’origine…
Je saute sur l’occasion de la référence au sucre pour évoquer un objet-culte des cadeaux de mariage : la pince à sucre.
Pour en savoir plus lire Cabinet des curiosités de l’histoire du monde : Un demi-cercle banal et original : l’anse de la tasse.
Et dans l’Histoire du sucre histoire du monde le chapitre : Thé ou café ? l’accord parfait