Le débat fait rage autour de la dérogation gouvernementale d’accorder aux betteraviers une dérogation pour l’utilisation des insecticides néonicotinoïdes interdits.
Dans la nomenclature du Ministère de l’Agriculture la culture de la betterave à sucre est une culture industrielle.
La betterave sucrière est une culture importante en France : en 2019, la production était de plus de 36 millions de tonnes (il faut y ajouter la canne à sucre des départements d’Outre-Mer), soit l’équivalent de plus de 5 millions de tonnes de sucre blanc équivalent. La zone de culture se concentre dans les Hauts-de-France.
La fin des quotas sucriers en 2017 avait généré une surproduction, que la demande croissante en sucre au niveau mondial n’avait pourtant pas pu absorber. Les betteraves servent en effet à produire du sucre blanc, en majorité expédié dans des pays de l’UE (Espagne, Italie, Royaume-Uni, Allemagne, et en Afrique de l’Ouest, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient).
Les néonicotinoïdes sont une catégorie d’insecticides utilisés en granulés, traitements de semence ou pulvérisation, mais principalement en traitement de semence: ils sont dits systémiques, car ils sont déjà présents dans les semences, ils vont attaquer la plante tout au long de sa croissance, mais une grande partie de la substance contaminerait les sols alentours. Ils sont neurotoxiques, et agissent sur le système nerveux central. Dès le début des années 90, lors de leurs premières autorisations, des inquiétudes fortes sur leur impact indésirable sur la santé des abeilles, du fait de la contamination des pollens que les pollinisateurs butinent. Ils représentent 25% des insecticides vendus dans le monde, la première catégorie de produits, et sont commercialisés par des géants de l’agrochimie, tels que Bayer ou Syngenta.
En 2013, suite à des évaluations, la Commission européenne décide un moratoire sur 3 substances (clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame) jusqu’en décembre 2015: sont concernées les traintements de semence et des sols, à l’exception des cultures sous serre, céréales d’hiver ou après floraison.
En 2016, en France, la loi dite pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages – mais ne s’agissait-il pas plutôt de cesser justement cette “conquête”? – interdit à partir de septembre 2018 l’usage des néonicotinoïdes et des semences traitées pour toutes les cultures extérieures, autorisant des dérogations jusqu’au 1er juillet 2020.
En avril 2018, suite aux réévaluations des données disponibles par l’EFSA (Agence européenne de sécurité des aliments), la Commission européenne et les Etats membres votent l’interdiction de l’usage en plein champ des 3 insecticides mentionnés précédemment.
Le Ministère de l’agriculture prévoit d’utiliser l’article 53 du règlement européen portant sur les produits phytopharmaceutiques, qui autorise des dérogations en cas de “situation d’urgence”, et la mise sur le marché pour une période de 120 jours maximum de produits interdits, pour un usage “contrôlé et limité”, et en absence d’ “autres moyens raisonnables” permettant de maîtriser le danger.
Le ministère présente la seule autorisation des semences enrobées par les insecticides comme un gage de sécurité, contrairement à une autorisation des pulvérisations de néonicotinoïdes, qui entraînerait une dispersion des produits alentours, et potentiellement sur des plantes à pollen: or, on sait que l’enrobage des semences provoque quoi qu’il en soit une contamination persistante des sols, et que les substances ne connaissent pas de limites géographiques.
Le gouvernement a annoncé jeudi qu'il vise une modification législative à l'automne pour autoriser les agriculteurs à utiliser dès 2021 et jusqu'en 2023 maximum, sous "conditions strictes", des semences de betteraves enrobées d'un insecticide interdit depuis 2018, afin de "pérenniser" la filière sucrière française, malgré l'opposition des apiculteurs et défenseurs de l'environnement.
Betterave et néonicotinoïdes: faute de solution « plus d'industrie sucrière », plaide Pompili
« Malheureusement, aujourd'hui on ne peut pas, si on veut garder une filière sucrière en France, agir de manière durable en si peu de temps. Des semis vont être faits dans six mois, si on n'a pas trouvé de solution, ils ne se feront pas et donc il n'y aura pas de betteraves et il n'y aura plus de filière sucrière en France ».
« Les solutions pour qu'on n'ait plus à utiliser de néonicotinoïdes commencent à apparaître, mais ce sont des solutions qui prennent du temps », selon Mme Pompili. Elle a dit "regretter amèrement » qu' « il n'y ait pas eu assez de mesures claires" pour appliquer la loi bioversité de 2016 interdisant les néonicotinoïdes, qui s'attaquent au système nerveux des insectes, dont les abeilles.
« Comme il n'y a pas eu assez de recherches, assez d'alternatives, aujourd'hui on est dans le mur », a-t-elle expliqué. « Moi je veux bien qu'on dise: +on ferme les sucreries de France, pourquoi pas+ ? Le choix qui a été fait, c'est de les garder ces sucreries. Pour qu'on ait des betteraves, il faut qu'on en plante ».
Selon le ministère de l'Agriculture, il y avait urgence à agir sur la jaunisse de la betterave pour sauver le secteur qui en France, premier producteur de sucre européen, concerne 46.000 emplois.
Rendements les plus bas en 15 ans -
Derrière ce revirement s'inscrivent la survie et la pérennité de la filière agro-industrielle de la betterave à sucre, l'une des plus anciennes et des mieux organisées de l'agriculture française avec plus de 46.000 planteurs, et salariés dans les usines à sucre.
Lancée sous Napoléon 1er, la culture des betteraves a permis de garantir l'autonomie de la France en sucre depuis le XIXe siècle et ainsi d'échapper aux guerres commerciales de l'époque, notamment au blocus du sucre de canne importé des Antilles imposé par l'Angleterre.
Avec la relance du débat sur l'autonomie alimentaire du pays pendant le confinement, le nouveau ministre de l'Agriculture Julien Denormandie avait indiqué fin juillet que « jamais, jamais, jamais », il n'abandonnerait cette filière. Les planteurs touchés par la maladie devraient d'ailleurs être indemnisés, a indiqué le gouvernement.
La CGB anticipe cette année les rendements les plus bas depuis 15 ans: une catastrophe pour les usines françaises de sucre et d'éthanol, souvent situées dans le nord du pays, qui sont menacées de fermeture ou contraintes d'importer leurs betteraves.
Car de l'autre côté de la frontière, les planteurs belges, néerlandais ou allemands continuent d'utiliser les néonicotinoïdes, douze pays de l'UE ayant demandé et obtenu des dérogations.
Être tout miel (et tout sucre) :
Cette expression signifie séduire en étant d’une grande douceur. Elle caractérise une personne dont l’apparence est douce et gentille mais qu’on soupçonne d’être hypocrite.
Être mielleux
Cette expression a une signification similaire à “être tout miel”. Effectivement, une personne mielleuse, des paroles mielleuses, sont d’une douceur exagérée et hypocrite.
Faire son miel de :
L'expression signifie tirer profit d’une situation, se servir des matériaux, des documents que l'on a amassé. En effet, comme les abeilles qui profitent des fleurs pour fabriquer leur miel, une personne peut profiter d’une situation pour en tirer un bénéfice.
Ce « plan de prévention » comporte une série d’engagements qui doivent permettre d’« accélérer la transition » et de « protéger les pollinisateurs ».
Cette semaine je vous propose quelques graphiques et cartes sur un produit symbole du petit déjeuner : le miel. Vous découvrirez ainsi quels sont les principaux pays producteurs et quelle est l’évolution de leur production, quelle est le niveau de la consommation dans les différents pays du monde, quels sont les principaux flux d’import/export.
NDLR : les cartes et les graphiques sont interactifs et il est donc par exemple possible de cliquer sur les pays et d’effectuer des recherches pays par pays, d’isoler un produit en particulier ou encore de choisir une année bien précise pour les graphiques…