PÉTRONILLE était la reine des mers…
CAMOMILLE, sa fille, adorait les méduses, elle les élevait avec grands soins dans un vaste jardin où poussaient toutes sortes de planctons.
Son petit frère, AMBROISILLE, était un galopin qui aimait faire des grimaces, des farces et des bêtises.
Très souvent, alors que CAMOMILLE dormait, couchée sur un parterre d’algues, il invitait ses copains les poissons à venir manger du plancton dans le jardin de sa sœur.
Des goinfres, des pageots, des maquereaux, des mulets, des barracudas, des sars, des sardines, des anchois, ils se gavaient et, lorsqu’ils repartaient du jardin il ne restait presque plus rien.
CAMOMILLE était alors très très en colère contre son petit frère, elle le grondait, le menaçait : « Tu es un affreux Jojo ! Si tu continues je demande à maman d’appeler ADÈLE… »
Il se jetait à ses genoux.
- Non, je t’en supplie, pas elle, pas ADÈLE !
AMBROISILLE ce coquin n’en pensait pas moins, il récitait dans sa petite tête, les réparties de cette petite harpie :
Joyeux Noël Adèle
- Si j'ai bien compris, vous voudriez que j'ouvre des paquets déposés en pleine nuit par un inconnu qui s'est introduit chez nous par effraction ?
Et vous estimez être des parents responsables ? Eh bah dis donc…
ADÈLE, surnommée dans toutes les mers du globe : MORTADELLE, semait la terreur auprès de toutes les mères.
Si vous ne la connaissez pas, vous verrez, elle est vraiment terrible, horrible, cette Adèle, c’est un sacré phénomène !
Pendant ce temps-là RAPHAËLLE était en vacances, avec sa jolie maman, dans un charmant cabanon du RACCOU. Elle apprenait à nager pour pouvoir affronter les vagues qui roulaient avec fracas sur la plage.
Elle buvait du CACOLAC.
Une nuit, alors qu’elle venait juste de s’endormir après avoir englouti une belle assiette de spaghetti, elle entendit une voix qui lui murmurait à l’oreille : « Viens avec moi, suis-moi, nous allons faire un tour tout au fond de la mer… »
Étonnée Raphaëlle répondit « Mais je ne suis pas un poisson… »
- Ne t’en fait pas je suis le fils de PÉTRONILLE la reine des mers, avec son trident magique elle te transformera en un joli poisson.
- Quel poisson ?
- Celui que tu voudras RAPHA !
- Comment connais-tu mon prénom ?
- Parce que j’ai entendu ta jolie maman t’appeler sur la plage.
- Et toi, quel est ton prénom ?
- AMBROISILLE
- Ça me rappelle quelqu’un !
- Je sais…
- Mais dis-donc mon Loulou tu es un monsieur je sais tout…
- C’est ce que dis ma grande sœur.
- Tu as une grande sœur ?
- Oui, CAMOMILLE.
- Maman préfère la verveine.
- Comprends pas ?
- Ha, ha, monsieur je sais tout ne sait pas tout…
- Assez de bla-bla-bla, il est temps de partir.
- Tu es bien pressé jeune Loulou !
- Oui, les bêtises ça n’attend pas…
- Tu es comme ADÈLE toi !
AMBROISILLE vira au vert, ses yeux s’écarquillèrent, il balbutia : « tu connais ADÈLE, tu en penses quoi ? »
- Elle me fait bien marrer, tu en fais une drôle de tête, aurais-tu peur d’elle ?
- Bien sûr que non !
- Menteur, ton nez bouge comme celui de Pinocchio.
- Dis-donc, tu as la langue bien pendue aurais-tu peur d’aller faire des bêtises au fond de la mer ?
- Moi, je n’ai peur de rien. Allons-y !
Sans bruits, ils quittèrent le cabanon, marchèrent sur la plage et, là où la pleine lune projetait un halo de lumière, ils s’enfoncèrent dans la mer.
- Je t’emmène dans le jardin de ma sœur.
- C’est loin ?
- On arrive.
Face à eux, un immense jardin tout vert.
- Elle cultive des salades ?
- Non, du plancton…
- Pour qui ?
- Pour ses méduses…
Là ce fut au tour de Raphaëlle de frémir mais elle sut faire bonne figure. Prenant son courage à deux mains elle demanda d’une petite voix à AMBROISILLE : « Elles dorment où les méduses de ta sœur ? »
- Dans une immense grotte taillée dans les rochers près du château de ma mère.
- Ta mère a un château au fond de la mer ?
- Bien sûr puisqu’elle est la reine des mers.
- Tu me racontes des histoires, montre-le-moi !
AMBROISILLE, tout heureux que Raphaëlle ne lui rappella pas qu’ils étaient là pour faire des bêtises mais rien que de penser à ADÈLE, il en avait la chair de poule, lui fit faire le tour du propriétaire du château de sa mère PÉTRONILLE.
Il y avait des portraits d’elle partout, Raphaëlle ne put s’empêcher de dire « mon Dieu qu’elle est laide mais rigolote ! » Ce qui fit beaucoup rire AMBROISILLE
- C’est pour ça qu’elle déteste ma sœur
- Pourquoi ?
Regarde !
Raphaëlle s’exclama : « Elle est canon ta sœur ! »
- Ouais, ouais, tous les princes des mers veulent l’épouser…
- Mais elle préfère les méduses !
- Comment tu sais ça, toi !
- Mon petit doigt me l’a dit.
- Allez, suis-moi, je t’emmène les voir !
- Les méduses ?
- Ben oui, petite patate !
- Je ne suis pas une petite patate monsieur qui a peur d’ADÈLE.
- Que tu dis !
AMBROISILLE bougonna et fonça. Raphaëlle galopa. Ils arrivèrent en face d’une grande anfractuosité. « C’est le PALAIS des MÉDUSES lui chuchota son guide qui n’en menait pas large.
D’une voix fluette il prononça la formule magique « mais où est donc ornicar… » et l’imposante porte s’ouvrit.
Raphaëlle, face au spectacle incroyable de toutes ces méduses allongées sur des lits d’algues, fut estomaquée, chamboulée, émerveillée. Elle emplit sa tête de toutes ces images et tirant AMBROISILLE par le bras, elle lui dit « Il est temps pour moi de rentrer maman va s’inquiéter. »
- Tu as raison rentrons !
- Je suis grande, je saurai rentrer seule. Embrasse ta sœur et dis-lui que j’ai beaucoup aimé ses belles méduses.
- Je ne lui dirai rien c’est notre secret Raphaëlle.
- Comme tu veux AMBROISILLE
Elle lui claqua deux bises sur ses joues. Il rougit.
Revenue au cabanon elle s’endormit en suçant son pouce. Le matin, alors qu’elle buvait son Cacolac, elle dit à sa jolie maman « J’ai un peu peur des méduses… »
Elle ajouta d’une toute petite voix : « Tu ne le dis pas à Ambroise il se moquerait de moi… »
Signé : JACQUES