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12 octobre 2020 1 12 /10 /octobre /2020 07:00

Le domaine de Casabianca (469 hectares, dont 228 de vignes) sur la Plaine orientale de la Corse.

Je ne m’explique pas comment ce livre, les INVISIBLES d’Antoine ALBERTINI, publié en mars 2018, a pu échapper à ma veille corse. Sans vous tartiner de nouveau mes souvenirs de « monsieur agriculture Corse » sous l’égide de Michel Rocard, vous reporter ICI, je me souviens de la journée passée, comme témoin dans l’affaire du détournement des crédits agriculteurs en difficulté, dans le cabinet du juge Duchaine. « Comment expliquez-vous que l'Etat ait pu consacrer plus de 440 millions de francs à la mesure [Nallet], alors que l'enveloppe prévue était de 185 millions ? » m’avait demandé le magistrat.

 

© Photographies Yann Rabanier

 

J’avais expliqué au juge Duchaine, une pointure ICI , la mécanique infernale qui présidait à l’attribution de ces aides, tout comme des prêts (faux) du Crédit Agricole ICI : les représentants officiels de la profession agricole, dont tout le monde savait qu’ils étaient « pourris » jusqu’à l’os, le président du plus puissant Office Corse par exemple, tenaient le haut du pavé, faisaient financer des boîtes de nuit ou l’achat de terre en Amérique du Sud, et les pouvoirs publics fermaient les yeux. L’heure était au combat contre les nationalistes, nettoyer les écuries d’Augias n’était pas à l’ordre du jour. Simple remarque, toutes ces procédures n’ont débouchées sur aucune condamnation.

 

« Se revoit-il quinze ans plus tôt, alors magistrat à Bastia, perquisitionner ce même ministère de l’Économie et des Finances dans l’affaire des faux prêts du Crédit agricole en Corse ? »

 

Les invisibles, du Maroc à la Corse

 

Les invisibles, du Maroc à la Corse | Le Club de Mediapart

15 MARS 2018 par D. CODANI BLOG : DIDIER CODANI blog de Médiapart

 

Pour les lecteurs du continent, le tableau clair et net que peint Antoine ALBERTINI à coups de clavier et de stylo est surprenant. Ils découvrent que le gros des immigrés dans la plaine orientale de Corse (Marocains pour la plupart) ne sont pas des « parasites de la société » vivant d’allocations, mais de vrais ouvriers agricoles discrets, efficaces, exploités autant sinon plus par leurs « compatriotes » qui les font payer à l’avance depuis le Maroc pour les « présenter » à un éventuel « employeur » Français et ensuite pour les « loger » dans des taudis immondes, que par quelques patrons « négriers ».

 

Ce livre est spécial, d’abord parce qu’il nous trompe, et ensuite parce qu’il a raison de tenter de nous tromper.

 

Précisons tout de suite que je l’ai lu entièrement.

 

Vivant en province, j’ai cru cette formalité indispensable.

 

Disons aussi un mot de l’auteur, que je connais en personne un peu plus que juste de réputation. Correspondant du journal « Le Monde » c’est pour certains la bénédiction des bien – pensants. Donc forcément il va nous décrire, sur du papier de soie, dans une novlangue de qualité, des clichés bien cadrés à gauche.

 

Essayer de classer Antoine ALBERTINI à gauche ou à droite en commentant  son bouquin… c’est un peu comme prendre un peigne et se demander si on va lui faire la raie à gauche, à droite ou au milieu. Ceux qui connaissent l’artiste de visu comprendront tout de suite que c’est impossible !!!

 

La suite ICI 

 

« Ce n’est pas un Cluedo. On ne cherche pas à savoir si c’est le colonel Moutarde avec un chandelier dans la bibliothèque. C’est moins cette enquête criminelle-là qui prend le dessus que le besoin de comprendre comment fonctionne ce système clos sur lui-même des invisibles sur la Plaine orientale. Et c’est là que je me dis que le sujet d’enquête est là », indique Antoine Albertini.

 

« La violence quand elle s’exprime sur des heures de travail, sur des travails mal payés, sous-payés, des conditions de vie déplorables, c’est déjà une grosse violence. Mais là en plus quand on s’aperçoit que ça peut aller jusqu’au crime, on se dit que l’on franchit un pas », explique Grégoire Bézie qui a travaillé sur l'enquête avec Antoine Albertini.

 

Avec Les Invisibles, l'auteur n'espère pas résoudre la situation en Plaine orientale mais peut-être plus simplement une prise de conscience de tout un chacun. « J’ai voulu exposer un problème, une situation et dire aux gens : ‘À côté de vous, à 6, 10, 30 kilomètres de là où vous habitez, parfois à deux pas il y a des gens qui vivent dans des taudis. Ils sont exploités, parfois battus et qui sont humiliés », continue Antoine Albertini.

 

Selon le journaliste, les autorités seraient réticentes à agir puisque ce système soutiendrait des pans entiers de l'économie corse. Les invisibles ne sont pas prêts de disparaître

 

La côte orientale

 

LA PLAINE ORIENTALE

 

« Il existe deux manières de considérer la Plaine orientale de la Corse, une bande de terre de dix kilomètres de large sur près d’une centaine de long, qui s’étire depuis le sud de Bastia jusqu’aux plages de sable blanc de Porto-Vecchio et Bonifacio, le long de la route territoriale numéro 1O, que tout le monde continue d’appeler la « nationale » ou la « quatre-voies ».

 

La première consiste à quitter cet axe routier très fréquenté pour emprunter les routes secondaires. À l’ouest, vers l’intérieur des terres, on découvre de magnifiques villages aux placettes veillées par d’antiques chapelles et de vieilles maisons de pierre qui refusent obstinément de n’être plus rien. De la Casinca au Fium’Orbu, ce côté-ci du paysage offre d’immenses châtaigneraies, des fleuves et des rivières – le Fium’Altu, l’Alesani, la Bravona – où fraient parfois les saumons de fontaine dans l’ombre des forêts et de bouquets de chênes verts, de frênes, d’ifs et d’arbousiers. On y cueille l’asphodèle et la digitale pourpre, l’hellébore, l’immortelle, c’est une région de parfums et de saisons encore respectées, de légendes et de clochers centenaires, une terre riche et accueillante où l’on a longtemps pratiqué le partage des cultures, où vibre encore un peu de l’âme corse.

 

Dans la direction inverse, c’est-à-dire en se rapprochant de la côte, on quitte la RT 10 pour approcher les endroits du littoral encore préservés. Au bord des étangs de Diana, de Palu ou d’Urbinu, d’où les patriciens de la Rome antique faisaient venir leurs huîtres, il est encore possible d’apercevoir des colverts et des sarcelles, des foulques, des compagnies de grands cormorans et les silhouettes précieuses des flamants roses, quelques tortues d’Hermann, des busards des roseaux et des hérons pourprés qui s’attardent au crépuscule sous le ciel embrasé.

 

Mais la plupart des visiteurs qui traversent la région ignorent tout de ces merveilles. Ils se contentent de filer à 110km/h le long de la nationale pour faire halte dans n’importe quel Canaan pour touristes décavés semés au bord de la mer. À l’intérieur de la berline familiale aux vitres remontées, la climatisation poussée à fond, le soleil des congés payés laisse entrevoir les percées urbaines et des dizaines de campings, une enfilade de centres commerciaux et de stations-services ponctués de panneaux criards annonçant des opérations immobilières en cours et leurs infinies déclinaisons de « dispositifs fiscaux avantageux », les lotissements aux murs jaunâtres et rose tendre, un fort contingent de résidences hôtelières défraîchies et de centres de vacances à la mode des années 70, tout ce que l’industrie des loisirs peut offrir de médiocrité urbanistique et esthétique.

 

C’est ici que l’île a entamé son agonie et, paradoxalement, c’est ici que se dessine son futur, un avenir proche et désincarné où les métastases périurbaines coloniseront définitivement le territoire en lançant leurs « ensembles résidentiels » à l’assaut des piémonts encore vierges, où le littoral se prostituer à la spéculation effrénée des marchands de loisirs – un cauchemar pavillonnaire jalonné de snacks pour vacanciers fauchés, de grandes surfaces et de désillusions. »

 

MAIS

 

« La plaine orientale est aussi la première région agricole de l’île, particulièrement à proximité immédiate de Ghisonaccia et d’Aleria, ses deux « capitales historiques ».

 

[…]

 

« … en 2010 (…) la production brute standard, indicateur qui imite le PIB en matière d’agriculture, s’y établit à 67,28 millions d’euros : c’est la moitié des sommes générées par l’agriculture dans toute la Corse Au nombre de 162, les grandes exploitations y sont majoritaires, quand presque partout ailleurs prédomine le modèle d’une agriculture familiale et montagnarde.

 

On y compte plus de cinq cents exploitations viticoles et arboricoles, plus de six mille hectares cultivés (et deux mille de plus si l’on inclut les terres du nord de la Plaine, en Casinca) : c’est davantage que toutes les surfaces cultivées de tous les terroirs de l’île et, note l’Atlas agricole de la Corse, « un tiers des surfaces agricoles dédiées à l’arboriculture et près des deux tiers de celles dédiées à la viticulture ». À quoi il convient d’ajouter plus de mille hectares de cultures céréalières, quatre cent cinquante de maraîchage, un cheptel de 45 000 vaches, chèvres, brebis. 

 

Ce petit miracle économique a été rendu possible par le développement de l’irrigation et de l’assèchement des marais insalubres, entamé puis abandonné par l’État en 1935 avant que l’armée américaine ne règle définitivement la question à coups de DDT lord de la Seconde Guerre mondiale… »

 

C’est une autre histoire, importante pour l’émergence du nationalisme en Corse : « En 1975, le point de rupture est atteint lorsqu’une maigre troupe de l’Action régionaliste corse emmenée par Edmond Simeoni, un jeune et charismatique médecin bastiais, investit la cave d’un rapatrié impliqué dans un énième scandale financier, à Aleria. Les guérilléros de circonstance sont treize, pas un de plus, armés de pétoires de chasse et d’un drapeau à la tête de Maure. Leurs intentions sont claires : lassés de prêcher dans le désert, ils souhaitent attirer des médias jusque-là peu sensibles à leur cause et plier bagage après une conférence de presse.

 

Mais en guise de réponse, le prince et ministre de l’Intérieur, Michel Poniatowski dépêche sur place un corps expéditionnaire de deux mille gardes mobiles et CRS appuyés par des hélicoptères et des blindés légers. L’assaut est donné dans l’après-midi d’une journée d’août 1975. Deux membres de l’ordre y perdent la vie. Le docteur Simeoni est emprisonné après avoir exigé la liberté pour ses camarades.



22 août 1975 - La Corse ensanglantée - Herodote.net

22 août 1975

La Corse ensanglantée

ICI

Le nationalisme corse vient de naître.

 

Dans la Plaine orientale. »

 

Amazon.fr - Aleria 1975, tome 1 : Escrocs fora ! - Frédéric Bertocchini,  Michel Espinosa - Livres

La France organise un pont aérien pour faire venir plus de 900 saisonniers marocains en Corse ICI

Pour sauver les récoltes de clémentines, les agriculteurs corses ont financé cinq vols devant acheminer ces travailleurs agricoles. Un protocole exceptionnel a été mis en place.

Chiffres clés édition 2019

XI ème édition de l’annuaire agricole corse réalisé en collaboration avec l’ODARC et la Chambre régionale d’agriculture de Corse. Bilan de campagne 2018 des principales productions végétales et animales, l’ouvrage propose une présentation synthétique des données et de leur évolution sur cinq années aiLe « Panorama de l'agriculture en Corse » un document essentielnsi qu’un résumé des faits marquants de la campagne n-1.
Corse - Le domaine viticole de Casabianca vendu à la Safer ICI

Le domaine de Casabianca, présenté comme l'un des plus grands domaines viticoles de Corse, placé en liquidation judiciaire depuis janvier 2017, a été vendu sur décision de justice à la Société d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer).

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commentaires

P
Chronique urticante comme tout ce qui nous rappel les escroqueries dont les finances publiques sont régulièrement victimes ( TVA, CO2 etc.)<br /> Chroniques aussi aux allures de Corsicaleaks ou Corsicapapers. En espérant que le Taulier ne va pas faire l’objet de poursuite et d’avis de recherche de la part de la CIA ( Corsica Intelligenstia Agency)
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