Le frère de l’autre…
15 janvier 2012
PHILIPPE LEOTARD notre Tom Waits fut ministre de la défonce et comme Nougaro je l’aimais bien…
« J'aime les grands brûlés, j'aime les grands acteurs avec un seul rôle, celui de leur vie à tenir à claquer à brandir : J'aime certains hommes, ceux qui savent que la seule liberté que nous possédons, c'est de choisir ses barreaux. J'aime les poètes qui claudiquent sur les marelles du mystère d'être, et qui chantent des mots de moelle et de sang à travers tous les baillons du monde. Je t'aime Philippe Léotard. »
L’ivresse, c’est l’art d’être plein, comme la plénitude est l’art d’être ivre.
Loup, qui es-tu ? « le roi des moutons! »
Loup, que fais-tu ? « Eh bien! Je les tonds! »
Loup, qu'entends-tu ? « La leçon des cons! »
Loup, que vois-tu ? « Payer les cochons! »
Loup, que sens-tu ? « L'odeur du pognon! »
Loup, où vas-tu? « Au Palais Bourbon! »
À un âge qui n'est plus pour moi la jeunesse, dans une ville qui n'est plus Paris, je n'espère de l'amitié des autres qu'une chose: la prochaine fois qu'un homme pleurera seul et nu dans une cave, que ce ne soit pas moi.
Est-ce qu’on commence par ne plus vivre, avant de mourir ? C’est-à-dire, est-ce qu’on meurt parce qu’on a fini de vivre ?
C’est de la folie de se prétendre fou, mais il est sage de l’être. La folie la plus meurtrière, c’est l’ivresse d’être sage. Mieux vaut être saoul de sa connerie.
On ne saurait dire qu'il avait économisé sa vie, ni son souffle. De sa voix devenue rauque au fil des ans et des nuits blanches, il avait dit: « Et si mes trente- deux ans de comédie n'auront jamais servi qu'à faire redécouvrir Ferré à quelques uns, et bien, je serai fier de leur usage. »
La générosité n'était point absente de ce personnage excessif, qui mettait une singulière application à se détruire et qui s'est éteint, hier, à Paris à quelques jours de son 61e anniversaire, d'une insuffisance respiratoire.
Une mère corse, une enfance choyée, un petit frère François, ministre, qui jouait de la guitare quand, lui, Philippe était à Normale Sup. Tout était arrivé très vite et très tôt dans la vie de ce surdoué qui fut professeur agrégé de lettres et de philosophie.
Mais la vie rêvée des planches avait d'autres pouvoirs sur cet esprit avide de se brûler aux phalènes de la poésie. Le voilà donc qui entre dans l'aventure du Théâtre du Soleil d'Ariane Mnouchkine en 1964. Des années qui comptent double, des années d'une sacrée expérience, dont comme d'autres, il ne ressortira pas tout à fait indemne. Mais non sans avoir joué « Les Petits bourgeois » de Gorki, « Le Capitaine Fracasse » de Théophile Gautier et adapté « Le Songe d'une nuit d'été » de Shakespeare, et traduit Arnold Wesker.
Il ne quittera pas définitivement la scène théâtrale à laquelle il doit ses premiers triomphes et ses premières émotions sans avoir interprété à Nanterre: « Combat de nègres et de chiens » de Jean-Marie Koltès. Une épreuve de longue haleine
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