Mon père était un sage, lorsque nous nous promenions le dimanche dans sa deuche pour aller rendre visite aux paysans ses clients de battages, il me montrait les tas de graviers sur le bord des routes en me disant « ça va bientôt être le temps de leur déplacement », sous-entendu nos chers ingénieurs des P&C rémunérés grassement par des RIP (Rémunérations d’Ingénierie Publique) ICI faisaient monter la mayonnaise. Je précise que mon père était adjoint aux travaux à la mairie de la Mothe-Achard, il ne parlait pas en l’air mais en toute connaissance de cause.
Depuis ce temps lointain les tas de graviers ont été remplacés par les giratoires qui ne sont pas des ronds-points à la française où celui qui y rentre a la priorité, mais à l’anglaise ce sont ceux qui tournent autour qui l’ont.
Sans être mauvaise langue l’inflation de giratoires a comme une odeur de pots de vin pour certains élus.
Répartition des ronds-points en France : édition 2018
Pour poursuivre la série d’articles sur les ronds-points (qu’il faudrait plutôt qualifier de giratoires), voici l’édition 2018 de l’étude de la répartition de ce type d’intersection en France.
La méthodologie reste la même que pour l’édition précédente, à un petit changement près concernant le compte de la population que j’évoquerai dans la suite de l’article. Voici donc sans plus attendre les résultats, en date du 5 août 2018
La suite ICI
« Le rond-point ou sens giratoire est une maladie incurable, une épidémie. Comme son nom l’indique, cet espace circulaire apparaît à l’endroit où convergent au moins deux routes suffisamment fréquentées pour justifier sn existence. Favorisé par une nouvelle politique européenne de l’urbanisme qui, ces dernières années, a fortement subventionné la suppression des feux tricolores, le rond-point est une particularité des lointaines banlieues et des zones limitrophes (…)
Le rond-point est constitué d’un parterre central – presque toujours circulaire, parfois polygonal – autour duquel tourne une route où débouchent d’autres. Dans le parterre inaccessible à pied, nappé d’un brouillard de gaz d’échappement et aussi bruyant qu’une tranchée de la Première Guerre mondiale, personne ne s’arrêtera jamais. Personne ne s’assiéra jamais. Personne ne dormira, ne lira, ne fera l’amour. C’est un parterre d’ « apparat ». Encouragés par le architectes et les paysagistes qui sont de mèche avec des pépiniéristes en mal de publicité prêts à distribuer de généreux pots-de-vin, maires et adjoints ont décidé d’y concentrer le plus grand nombre possible de bizarreries afin de montrer à tous les automobilistes combien la ville annoncée et saluée par le rond-point est à la page, moderne, audacieuse et « culturelle » » (…)
Ce qui importe avant tout aujourd’hui, dans notre époque de vitesse qui nous bombarde constamment de mille stimulations, c’est d’ »impressionner », de « choquer ». À la vue de la sphère métallique trônant sur le rond-point, toute personne de bon sens pensera « c’est absurde » ou « c’est horrible », et donc se sentira en devoir de déclarer que c’est « intéressant comme travail », « une œuvre réussie », « une trouvaille » sans se demander si cette boule annonce un stade de foot, représente une orange ou symbolise le mensonge ou l’exaspération. Seul l’automobiliste qui se garera et, au péril de sa vie, traversera rond-point et parterre pour lire l’écriteau pourra découvrir qu’il s’agit d’un monument à la mémoire des victimes de la Mafia. »
Umberto Pasti Pierre Le-Tan Jardins les vrais et les autres Flammarion
Le rond-point de la chaînette à Auxerre a coûté 500 000 euros. © Radio France - Delphine Martin