De mon temps, comme aimait à le dire mon pépé Louis qui déplorait la mise au rebut de ses bœufs blancs tachés de roux au profit des foutus tracteurs – écologiste avant l’heure – l’INRAE n’avait pas de E.
C’était l’INRA de Raymond Février le socialiste qui propulsa le sémillant, et alors gauchiste, il appela à voter Coluche, Henri Nallet à l’Elysée pour conseiller le Tonton de 81 sur les questions agricoles. Il y fut surnommé le sphinx, ses silences lui permettant de ne pas se mêler des débats éternels des socialistes sur les réformes promises dans les 110 propositions : offices fonciers, pluralité syndicale…
Puis ce fut l’INRA de Jacques Poly avec son accent rocailleux qu’aimait tant Michel Rocard « Et puis, j’ai eu des relations amicales. Je me suis trouvé lié d’une amitié qui existe toujours, avec le très puissant directeur général de l’INRA, Jacques Poly, en retraite aujourd’hui et dont la complicité, par des entretiens officieux, m’aida beaucoup. Ajoutons que l’INRA réfléchit non seulement sur les techniques du monde agricole, mais aussi sur sa macroéconomie. Tout cela était très précieux. J’ai donc été un ministre puissant, encombrant, jalousé. »
Et puis il y eut l’INRA de Guy Paillotin, un drôle d’oiseau :
« Polytechnicien, ancien élève de Mines Paris-Tech, ingénieur au corps des mines et docteur en sciences physiques de Paris XI-Orsay (1974).
Guy Paillotin a commencé sa carrière au CEA comme chercheur en biophysique (1966-1975), puis devient chef du service de biophysique au CEA (1975-1981).
Il passe au ministère de la recherche et de la technologie (1982-1983) où il organise sous la direction de Maurice Allègre un secrétariat général des programmes mobilisateurs.
De retour au CEA, il y est adjoint au chef du département biologie (1983-1984).
Il est alors nommé directeur général adjoint de l'INRA (1984-1989).
De 1991 à 1999, il préside l'INRA. Il préside en outre le CIRAD de 1992 à 1999. ICI
Et puis il y eut une femme Marion Guillou-Charpin ancienne élève de l'école Polytechnique, docteur en physico-chimie, Marion Guillou est ingénieure générale du génie rural des eaux et des forêts.
Après avoir exercé les fonctions de directrice générale puis de présidente-directrice générale de l'INRA, Marion Guillou travaille désormais au niveau international en matière de recherche agronomique et d'expertise sur la sécurité alimentaire et la nutrition. Au sein d'Agreenium, elle s'efforce de faire coopérer enseignement supérieur et recherche agronomique et vétérinaire sur des projets nationaux et internationaux. Sa publication la plus récente est le Rapport sur sécurité des aliments, publié en juin 2014.
Je m’arrête là dans cette énumération… Après une longue période d’entre soi nos chercheurs et leur direction semblent commencer à se préoccuper de la demande de recherche émanant de ceux font l’agriculture, l’élevage, la viticulture, même celles et ceux qui ne suivent pas les routes ordinaires.
Depuis le 1er janvier 2020, l'INRA et l'IRSTEA ont fusionné pour devenir INRAE
INRAE, l’institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, est né le 1er janvier 2020 de la fusion de l’Inra et d’Irstea. INRAE devient par sa taille et l’étendue de ses domaines de recherche le premier organisme de recherche spécialisé au monde en agriculture, alimentation et environnement.
De nouvelles attentes vis-à-vis de la recherche
L’humanité et la planète font face à un changement global qui crée de nouvelles attentes vis-à-vis de la recherche : atténuation et adaptation au changement climatique, sécurité alimentaire et nutritionnelle, transition des agricultures, préservation des ressources naturelles, restauration de la biodiversité, anticipation et gestion des risques… C’est dans l’objectif de mieux appréhender ces défis et de construire une recherche d’excellence au service de la production de connaissances, de l’enseignement, de l’innovation, en appui aux politiques publiques, que l’Inra – institut national de la recherche agronomique et Irstea – institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture, ont fusionné le 1er janvier pour laisser place à l’Institut national de recherche pour l’agriculture l’alimentation et l’environnement (INRAE).
INRAE s’engage à construire de nouvelles solutions
Aboutissement d’un processus de fusion engagé en février 2018, la création de ce nouvel Etablissement Public à Caractère Scientifique et Technologique est le résultat d’une forte collaboration avec les différentes communautés de travail des deux instituts pendant près de deux ans.
«A un moment où il est plus que jamais indispensable d’accélérer les transitions pour transformer durablement l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, INRAE s’engage à construire de nouvelles solutions par la recherche, l’innovation et l’appui aux politiques publiques, au plus près des attentes de la société et avec elle» a déclaré Philippe Mauguin, Président Directeur Général d’INRAE.
Fort d’une communauté de 12 000 personnes et dotée de plus d’un milliard d’euros, INRAE est composé d’un peu plus de 200 unités de recherche et une quarantaine d’unités expérimentales au sein de 14 départements scientifiques et implantées dans 18 centres de recherche sur toute la France, dispositif complété par un siège bi-implanté à Paris et Antony (92). Mêlant recherche fondamentale et finalisée, tourné vers ses partenaires académiques, socio-économiques et vers les acteurs publics territoriaux, INRAE est le 1er EPST à se doter d’une Direction Générale Déléguée à l’Expertise et à l’Appui aux Politiques publiques.
Présent au sein de 33 sites universitaires en France, l’institut participe au dynamisme de l’écosystème de recherche et d’enseignement supérieur national, en contribuant aux politiques de site et aux Alliances de recherche. Son réseau international lui permet de collaborer avec les meilleures équipes en Europe et dans le monde.
Phylloxéra : la génomique éclaire l’histoire de l’invasion du vignoble français et révèle une nouvelle famille de gènes
COMMUNIQUE DE PRESSE - Le phylloxéra de la vigne, insecte cousin des pucerons, a dévasté le vignoble français au 19ème siècle suite à une introduction accidentelle. Le risque grave qu'il représentait est aujourd’hui maîtrisé grâce à des porte-greffes tolérants, mais l’insecte est toujours présent et peu connu. Les chercheurs d’INRAE ont coordonné un consortium international pour le séquençage et l’annotation du génome du phylloxéra. Les résultats sont publiés le 23 juillet 2020 dans BMC Biology. Ils révèlent que l’origine de l’invasion se situe en Amérique du Nord, probablement le long du cours supérieur du Mississipi. Les analyses génomiques démontrent aussi l’existence de la plus grande famille de gènes jamais identifiée dans un génome à ce jour, probablement impliquée dans l’interaction entre l’insecte et sa plante hôte. Ces connaissances nouvelles ouvrent des perspectives scientifiques pour l’amélioration de la viticulture, et plus largement sur les risques liés à l’introduction d’espèces exotiques sur un territoire.
Publié le 23 juillet 2020 ICI